L’exceptionnelle saison des Mooseheads de Halifax ne laisse pas présager que les joueurs de Dominique Ducharme ont dû épauler leur coéquipier Stephen MacAulay dans une douloureuse épreuve personnelle.

Le jeune homme de 20 ans a eu le malheur de perdre sa mère tôt au mois de mars à la suite d’une bataille menée en vain contre la maladie.

Originaire de Cole Harbour, tout près de Halifax, MacAulay tenait à revenir auprès de sa mère et les Mooseheads ont exaucé son vœu en faisant son acquisition des Sea Dogs de Saint John au début janvier.

Sans connaître les circonstances derrière cette transaction, l’ajout de MacAulay comme joueur de 20 ans pouvait sembler ordinaire, mais le motif était drôlement plus important que sa contribution en termes de buts et de passes.

Dans le temps de le dire, les joueurs des Mooseheads se sont rangés derrière le champion de la coupe Memorial pour le soutenir et l’accompagner dans cet injuste obstacle.

« On a tous vécu cela ensemble, Stephen c’est l’un de nos frères. Toute l’organisation et les partisans sont là pour le supporter lui et sa famille », a confié le gardien Zachary Fucale avec compassion.

Ce groupe tissé serré ne peut qu’apprendre de ce parcours malheureux imposé par la vie, surtout à un âge où la mort paraît lointaine.

« C’est certain. Notre entraîneur nous disait l’autre jour dans le vestiaire à quel point nous sommes chanceux de pratiquer notre sport. On mène une belle vie et des histoires comme celle-ci te le rappelle. On le supporte et c’est le plus important », a dévoilé Fucale.

Étant de retour au domicile familial, MacAulay a évidemment obtenu la permission de rater quelques matchs pour passer plus de temps avec sa mère et l’équipe veut lui accorder tout le temps nécessaire.

Au niveau sportif, le contraste ne pourrait être plus imposant puisque tout fonctionne à merveille sur la patinoire grâce au bassin phénoménal de talent mené par Nathan MacKinnon, Jonathan Drouin et Fucale.

Jonathan DrouinLes Mooseheads ont d’ailleurs égalé le record de 58 victoires en une saison et ils ont conclu le calendrier régulier avec 120 points - égalant un record de victoires - et une avance de 27 points sur leurs plus proches poursuivants, le Drakkar de Baie-Comeau.

Sans surprise, le principal défi consistait à garder la motivation au sein des troupes car le championnat était dans la poche une éternité avant la dernière partie régulière. Ducharme et ses joueurs ont trouvé une solution en imaginant un créatif système de points.

« Dominic a établi avec eux des aspects importants pour nous comme les chances de marquer pour et contre, les punitions, les mises au jeu pour déterminer ce qui était notre match parfait à nos yeux », a dévoilé l’adjoint Steve Hartley.

Ce processus culminera avec le rythme intense des séries éliminatoires qui prendront leur envol cette semaine pour Halifax contre l'ancienne formation de MacAulay.

En toute honnêteté, les Sea Dogs de Saint John auront besoin d’un miracle pour venir à bout de la puissante machine des Mooseheads. Ceci dit, le niveau de compétition grimpera d’un cran en séries et le clan de la Nouvelle-Écosse se prépare en conséquence.

« Toute l’année, on avait une cible dans le dos, mais les équipes seront encore plus préparées pour nous. Ce sera à nous de s’ajuster en conséquence », a avoué l’inépuisable gardien qui a disputé 130 parties depuis l’an dernier.

Les résultats prouvent que la chasse à l’orignal s’avère une tâche colossale et même les entraîneurs sont épatés par le rendement de l’équipe.

« Dès le premier match, notre but était d’exceller, mais je n’aurais jamais pu dire que nous allions être aussi bons. Tout part du jour 1 de cette année et ça remonte même à l’an dernier quand nous sommes arrivés », a déclaré Hartley.

Un trio repêché en première ronde?

Zachary Fucale, Jonathan Drouin, Cam Russell et Nathan MacKinnonLe repêchage du 30 juin prochain au New Jersey s’annonce inoubliable pour les Mooseheads puisque le nom de l’organisation pourrait être prononcé trois fois en première ronde et même deux fois dans le top-5.

Les sélections de MacKinnon et Drouin sont déjà assurées au premier tour alors que Fucale devrait être choisi sans trop patienter dans les gradins.

De son poste derrière le banc, Hartley admet qu’il ne cesse d’être impressionné par leurs prouesses sur la patinoire et il retient surtout un aspect chez Drouin, qui a terminé la campagne au deuxième rang des pointeurs de la LHJMQ avec 105 points en seulement 49 parties.

« À mon avis, la chose qui l’aide le plus, c’est sa capacité d’adaptation. Il a démontré cela avec nous et Équipe Canada Junior même si tout le monde disait qu’il était trop petit ou trop jeune. Il trouve toujours une façon d’élever son jeu d’un cran même quand il vit une nouvelle situation. »

Si le spectacle est agréable à regarder à partir de son filet, la tâche se corse parfois pour Fucale quand il doit tenter d’arrêter Drouin et MacKinnon à l’entraînement.

« On me demander toujours d’identifier le plus difficile à stopper, mais je ne saurais pas trancher. Ça dépend des situations parce que leur talent est tellement incroyable », a jugé Fucale qui apprécie beaucoup les personnalités agréables de ces deux grands compétiteurs.

Le cerbère de 17 ans, né à Rosemère, est lui-même décrit comme un athlète jovial qui ne se fâche pratiquement jamais. Ceci dit, il avoue qu’il reste un gardien dans l’âme, ce qui vient avec ses quelques particularités. Zachary Fucale

« Je tiens quand même à quelques bizarreries desquelles les gars s’amusent à rire. Mais ce n’est pas grave, j’arrête les rondelles pour eux donc ils sont contents », a évoqué avec le sourire celui qui aime s’inspirer de Henrik Lundqvist et Carey Price et qui adore la relation développée avec son entraîneur des gardiens Éric Raymond.

En raison de cette domination outrageuse, les attentes atteignent leur paroxysme à Halifax. Les amateurs rêvent même que les Mooseheads puissent soulever la coupe Memorial à Saskatoon. D’ailleurs, ce serait la première fois que la LHJMQ serait championne de ce tournoi trois années d’affilée depuis l’instauration de la formule modifiée en 1972.

L’organisation réalise que la marge d’erreur est mince sauf qu’elle n’a pas besoin de fouiller dans les archives pour rappeler à ses joueurs les pièges de regarder trop loin. L’exemple des Cataractes de Shawinigan, éliminés en deuxième ronde éliminatoire l’an dernier, devrait suffire pour garder le groupe à l’affût.

* Avec la collaboration de Francis Paquin