MONTRÉAL - Si Pierre Lacroix a commencé sa carrière dans l'univers du hockey à titre d'agent dans les années 70, c'est peut-être un peu grâce à la vision de Robert Sauvé.

« Je l'ai rencontré quand je jouais mon hockey junior à Laval, il a été instructeur par intérim pendant quelques matchs", a rappelé Sauvé dans une entrevue téléphonique avec La Presse canadienne.

« On avait suspendu notre instructeur et c'est lui qui a été notre instructeur pendant je ne sais pas combien de matchs, très peu. On s'est connu là, on s'est lié d'amitié après. »

Lorsqu'il a cogné à la porte de Lacroix, Sauvé était alors courtisé par deux des agents les plus en vue dans les cercles de la LNH, a-t-il confié.

Sauvé a préféré se tourner vers Lacroix et il lui a demandé de devenir son agent.

« Je voyais qu'il avait des affinités (pour ce rôle) et je ne voulais pas travailler avec une grosse boîte. Les deux autres personnes qui me courtisaient avaient peut-être 200 joueurs chacun et je ne me voyais pas là-dedans », a déclaré Sauvé, qui a admis avoir été surpris d'apprendre la nouvelle du décès de son grand ami, dimanche matin.

Lacroix est demeuré l'agent de Sauvé tout au long de la carrière professionnelle de l'ex-gardien de but, soit jusqu'en 1989. Il est rapidement devenu l'un des meilleurs de sa profession, estime Sauvé.

« Pierre est un gars qui avait beaucoup d'entregent, qui fonçait beaucoup. Il était inconditionnel à ses athlètes, il avait beaucoup de caractère, il était intense, il se liait beaucoup, beaucoup, dans la vie privée avec ses athlètes aussi », a-t-il décrit.

Sauvé a rejoint Lacroix chez Jandec, à la demande de celui-ci. Les deux hommes ont passé un an ensemble avant que Lacroix ne soit approché par les Nordiques. Quand celui-ci a accepté l'offre, Sauvé a été le dernier surpris.

« Je pense que Pierre était rendu là et je pense que c'est un défi qu'il voulait relever. Je pense que c'est arrivé juste à point. Au contraire, ça m'a surpris que ça ne soit pas arrivé avant. »

Selon Sauvé, les deux fonctions nécessitent plusieurs qualités qui se recoupent.

« Il y a des similitudes. Tu te dois de connaître ce qui se passe, à fond, dans la ligue, tu te dois de connaître des joueurs, la négociation. Ça c'est juste un aspect, mais tu te dois de connaître le hockey aussi, de bien t'entourer. En étant à l'intérieur de la sphère du hockey, Pierre avait beaucoup de contacts, il connaissait les joueurs de fond en comble. C'était un bon candidat et il avait plusieurs cordes à son arc pour devenir un bon dg. »

Au-delà de ses qualités professionnelles, Lacroix était un homme reconnu pour sa joie de vivre, a aussi fait remarquer Sauvé.

« On a fait des choses extraordinaires ensemble, des voyages incroyables, on a fait des coups, on a joué des tours. C'est un bon vivant, Pierre. C'est un gars qui aimait vivre. Il aimait ça avoir du plaisir. Un bon vivant, avec une belle joie de vivre. »