PEBBLE BEACH – Brendan Shanahan, le président et gouverneur adjoint des Maple Leafs de Toronto, a été coéquipier de Johan Franzen avec les Red Wings de Detroit sous les ordres de Mike Babcock, mais il ne connaissait pas l’histoire qui a été dénoncée par le Suédois.

 

Shanahan avait raccroché ses patins quand Babcock aurait verbalement agressé Franzen lors d’un match éliminatoire en 2012. De plus, Shanahan a attiré Babcock à la barre des Maple Leafs en 2015 pour finalement le congédier cette saison.

 

Des propos éloquents de Brendan Shanahan

À la sortie de la réunion des gouverneurs à Pebble Beach, le grand patron des Leafs est revenu sur le cas de Babcock, mais son message insistait surtout sur le fait que la LNH et son organisation devaient assumer un rôle de leadership pour changer la culture qui a régné trop longtemps au hockey.

 

« Je me suis assis avec Johan il y deux ans à Detroit et on a parlé de plusieurs sujets, mais il n’a pas évoqué celui-ci. Je ne contredis pas son histoire, mais on vient d’une génération qui ne parlait pas de ces choses immédiatement. Je l’applaudis d’avoir le courage de le faire. Je n’étais pas au courant de cette situation. Je crois que c’est très important que les gens puissent maintenant se libérer d’un poids sur leurs épaules », a réagi Shanahan.

 

Pour lui, c’est toutefois très important de ne pas effectuer un amalgame malheureux entre les dossiers de Bill Peters et Babcock.

 

« C’est un peu dangereux de placer tout le monde dans le même panier. Il faut regarder chaque situation individuellement. Mais ça reflète que les joueurs d’aujourd’hui sont mieux équipés pour communiquer comment ils veulent être motivés et on doit les écouter. On doit grandir de cela », a noté Shanahan.

 

Le président des Leafs a lui-même ramené sur le tapis la controverse entourant Babcock et Mitch Marner.

 

« On a beaucoup entendu parler de cette histoire. Je sais que notre directeur général du moment (Lou Lamoriello) m’a appelé pour me le dire sans tarder. J’en ai discuté immédiatement avec Mike et il s’est excusé à Mitch. Ce n’était pas approprié comme méthode », a-t-il convenu.

 

Une génération qui a encaissé sans dénoncer

 

Shanahan a excellé dans la LNH pendant plus de 20 saisons au sein de cinq organisations différentes. Il sonne soulagé que les joueurs d’aujourd’hui soient en mesure de décrier les comportements abusifs.  

 

« On vient d’une génération qui a subi des choses en ne faisant que les accepter. On doit tous effectuer un meilleur travail pour créer un environnement plus sain sur la glace et à l’extérieur », a visé Shanahan.

 

Ainsi, le plan d’action déposé par Gary Bettman l’encourage pour la suite des choses.

 

« C’est le temps que ça se fasse et je pense que c’est un bon premier pas. On peut apprendre de ce qui est arrivé et jouer le rôle de meneur de notre sport. Je ne pense pas juste à la LNH, mais au sport mineur. La société évolue et on doit suivre le courant. »

 

« On traverse une période importante pour la société et dans le monde sportif. Au lieu de se cacher derrière la vérité ou l’éviter, on doit assumer du leadership. Les équipes veulent contribuer à ce changement. Notre sport est très compétitif et les émotions sont intenses, mais ce n’est pas une excuse. On doit créer un milieu inclusif. Ça permettra de conserver un haut niveau de compétition, mais on sera également fiers plus tard quand on repensera à nos agissements », a exposé Shanahan.

 

Le dirigeant de 50 ans a ensuite établi un parallèle avec le rôle de parent.

 

« On peut comparer le tout à la manière dont on élève nos enfants par rapport à l’approche de nos parents avec nous. Il faut être en mesure d’évoluer, de réfléchir et s’excuser si nécessaire pour des comportements du passé », a-t-il jugé.

 

Le code de conduite continue de retenir l'attention

La complexité réside dans le fait que les entraîneurs essaient constamment de repousser les limites sportives de leurs joueurs. Souvent, ça se fait en sortant l’athlète de sa zone de confort pour qu’il découvre l’ampleur de son potentiel. Cependant, la manière est devenue cruciale de nos jours.

 

« Je pense qu’on peut sortir un athlète de sa zone de confort, qu’on peut pousser un joueur plus loin que ses capacités, tout en se demandant si on a fait le tout d’une manière appropriée. C’est la même chose quand on élève nos enfants, ça peut se faire », a assuré l’ancien attaquant.

 

Comme il le rappelait, les entraîneurs détiennent des responsabilités complexes alors que les mauvaises nouvelles passent souvent par eux. La LNH s’assurera de leur fournir plus d’outils pour que leur gestion se fasse de manière plus positive.

 

Au final, c’est le processus d’embauche des entraîneurs qui deviendra encore plus rigoureux.

« Je crois qu’on devra tous être plus vigilants. On vient d’embaucher un entraîneur pour les Marlies (Greg Moore). Le processus de vérification a été plus exhaustif », a confirmé Shanahan qui ne voudrait pas revivre une autre controverse.

« Nous avons un code d'éthique »