BUFFALO – « Il ne savait quasiment pas jouer dans sa zone quand il est arrivé à Chicoutimi ! C’est fou comment il a progressé. » Ces paroles viennent d’un recruteur respecté qui a constaté l’évolution d’Artemi Kniazev en l’espace d’une saison avec les Saguenéens.

 

Encore aujourd’hui, les équipes de la LHJMQ doivent accepter une part de risque lorsqu’elles accueillent un joueur européen au sein de leur organisation. Dans le cas de Kniazev, le talent ne faisait aucun doute, mais il fallait lui enseigner le jeu défensif et découvrir s’il détenait l’attitude souhaitée pour y parvenir.

 

À ce sujet, les dirigeants des Sags ont rapidement constaté qu’ils avaient déniché une perle. Non seulement Kniazev était réceptif aux enseignements du groupe de Yanick Jean, le directeur général et entraîneur-chef, mais il s’est aussi empressé d’apprendre l’anglais et de s’initier au français.

 

« On l’a vu peu de temps après son arrivée, aussitôt qu’il ne comprenait pas un mot ou une expression en anglais, ça le frustrait. Ça nous démontrait qu’il voulait vraiment apprendre cette langue le plus vite pour ne pas avoir cette barrière. Personnellement, je n’ai jamais vu un jeune assimiler l’anglais aussi vite. Après deux ou trois mois, il disait qu’il voulait apprendre le français. C’est simple, c’est une éponge », a vanté Jean au RDS.ca, sans se faire tordre un bras.

 

« C’est vrai, c’était la pire partie de mon jeu, j’ai travaillé fort avec mes entraîneurs pour progresser. Je suis content et c’est une bonne chose pour mon développement. Je sentais que j’étais devenu meilleur et c’est le fun de savoir que les recruteurs l’ont remarqué », a confié Kniazev, qui était enchanté qu’on lui témoigne les propos de ce dépisteur d’une équipe de l’Ouest dans la LNH.

 

Kniazev est talentueux, mais il ne possède pas suffisamment d’aptitudes pour se fier uniquement sur ses habiletés. Dans un circuit comme la LHJMQ, il devait être assez futé pour appliquer les enseignements.

 

« C’est un jeune très intelligent ! À sa pension, après quelques semaines, ils  m’ont dit que si ce jeune ne joue pas dans la LNH, il va devenir médecin. Il est brillant à ce point et il a été élevé par de bons parents qui sont très reconnaissants. Ce n’est pas un jeune qui pense que tout lui est dû », a exposé Jean.

 

Cette évolution lui a permis d’être classé au 41e rang sur la dernière liste de la Centrale de recrutement de la LNH. Il s’avère le 13e défenseur répertorié parmi les joueurs évoluant en Amérique du Nord.  

 

« Il y en a certains qui sont un peu bornés donc c’est plus long avant de leur faire comprendre des choses. C’est grâce à son ouverture d’esprit, c’est la principale qualité qui a fait en sorte qu’il ait amélioré cet aspect si rapidement. Il a un désir d’apprendre absolument hors du commun. Il veut faire de la vidéo tout le temps, il en redemande. En l’espace de quelques mois, c’était une différence mer et monde », a précisé son entraîneur.

 

Outre la carte défensive de son jeu, Kniazev sort du moule de la nouvelle génération de défenseurs. Pas très imposant (cinq pieds onze pouces et 178 livres), il patine aisément avec la rondelle et parvient à générer de l’attaque comme en font foi ses 34 points (13 buts et 21 aides) en 55 parties. Ce qui le favorise, c’est la dimension physique de son répertoire. Loin de craindre le jeu physique, il en impose dans les coins.

 

« Je l’appellerais un guerrier, un compétiteur! J’aime tout simplement sa façon d’approcher le hockey. Il ne veut pas que personne ait le dessus sur lui. S’il commet une erreur et se fait battre par un joueur, ça n’arrivera pas de nouveau. Les attaquants qui se dirigent dans le coin doivent avoir la tête haute quand il les pourchasse », a indiqué Dan Marr, le directeur de la Centrale de recrutement.

 

Il a appuyé le tout avec des résultats convaincants aux tests physiques à Buffalo. Sur 103 espoirs, il a terminé au tout premier rang, à égalité avec trois autres athlètes, à l’épreuve des pull-ups avec 16 répétitions ! Tentez l'expérience pour le plaisir et vous verrez que ça mérite un point d'exclamation. De plus, il s’est classé dans le top-20 pour deux tests de mobilité et un test de saut.

 

Mais quel rôle pourra-t-il jouer dans la LNH?

 

Là où ça se corse à son sujet, c’est de prévoir la suite de sa progression pour déterminer la « chaise » qu’il s’appropriera dans le circuit Bettman. Les avis sont partagés quand on doit trancher sur cette question.

 

« Il est vraiment dans la bonne ère du hockey. Il n’est pas grand, mais ce n’est pas dramatique parce qu’il bouge tellement bien qu’il va trouver le moyen de jouer dans la Ligue nationale. Je ne le vois pas nécessairement dans le rôle d’un quart-arrière naturel, mais il devrait pouvoir jouer sur un deuxième ou troisième duo comme joueur de transition », a évalué un premier recruteur.

 

« Je ne suis pas convaincu par Kniazev. Il y a de la place pour les défenseurs de sa grandeur, mais il n’est pas Samuel Girard non plus. Il conserve la rondelle un peu trop longtemps ce qui te fait questionner sur son sens du hockey. Ce n’est pas un gars sur lequel j’accroche tant parce que j’ai de la misère à déterminer quel sera son rôle dans la LNH. Ces gars-là, je reste un peu plus froid sur eux. S’il ne produit pas offensivement, il ne jouera pas. Pour moi, à sa grandeur, tu dois pouvoir diriger un jeu de puissance dans la LNH. Sinon, tu vas prendre préférer un défenseur de six pieds deux pouces. Je le vois plus sortir au milieu du repêchage », a confié un autre dépisteur.

 

Des similitudes avec le dossier de Nikita Alexandrov

 

Tout comme Kniazev, un autre espoir aux origines russes s’est distingué sans trop attirer l’attention dans la LHJMQ.  Efficace de plusieurs manières, Nikita Alexandrov, le centre des Islanders de Charlottetown, a obtenu le 29e rang sur le dernier rapport de la Centrale de la LNH.Nikita Alexandrov

 

Des doutes persistent à son sujet puisqu’il est l’un des plus vieux de la cuvée. De l’autre côté de la médaille, ils sont nombreux à penser qu’il va beaucoup se développer dans les prochaines années puisqu’il évoluait dans un calibre inférieur en Allemagne avant d’arriver au Canada la saison dernière.

 

« C’est justement mon opinion, je devrai démontrer que je peux produire davantage la saison prochaine », a noté Alexandrov qui s’est lié d’amitié avec Kniazev cette année.

 

« Ce n’est pas un jeune avec une qualité prépondérante. Souvent, dans le junior, on cherche à en identifier une. Je le vois, au mieux, comme un gars de troisième trio, mais je l’aime après le 100e rang », a conclu un dépisteur d’un club de l’Est.