DENVER - Au lendemain de la victoire qui a ramené son équipe au plus fort de la série opposant l’Avalanche du Colorado aux Predators de Nashville, Gabriel Landeskog avait un message simple à livrer à ses coéquipiers : « Tout ce qu’on a fait de bien hier soir ne voudra plus rien dire si nous n’arrivons pas à répéter le même genre de performance demain. »

 

Le capitaine de l’Avalanche a bien raison. Au-delà de la victoire de 5-3 qui a fait bien mal paraître les Predators, de Pekka Rinne qui a été chassé après avoir accordé quatre buts sur 15 tirs seulement, en passant par Roman Josi, Ryan Ellis, P.K. Subban et le reste de l’équipe qui a très mal défendu son gardien en première moitié de rencontre, le meatch de demain pourrait replonger l’Avalanche dans le pétrin.

 

Peu importe que votre philosophie vous pousse à accorder plus d’importance aux matchs pairs ou impairs dans le cadre d’une série quatre de sept, c’est le quatrième match qui est la rencontre pivot à mes yeux.

 

S’ils gagnent demain, les Predators s’offriront une avance de 3-1 qui moussera de beaucoup leurs chances de passer rapidement en deuxième ronde, comme plusieurs observateurs le prévoyaient.

 

Si l’Avalanche trouve le moyen de niveler les chances, les projections initiales ne tiendront plus et il faudra certainement donner à Denver des chances de faire mentir bien du monde.

 

Parce qu’il n’avait pas de correctifs à apporter, Jared Bednar a offert à ses joueurs la possibilité d’aller sur la patinoire ou de rester au vestiaire, au gymnase où à la clinique. Une dizaine de joueurs, surtout des réservistes, ont donc chaussé les patins.

 

Du groupe, le défenseur Samuel Girard attirait le plus l’attention. Car bien qu’il portait toujours un chandail rouge l’astreignant à toute forme de contacts sur la patinoire, le défenseur québécois patinait avec vigueur. Blessé lors du premier match de la série face aux Preds, Girard représente toujours un cas douteux en vue du match de mercredi. Mais son entraîneur-chef n’exclut pas un retour au jeu. « Nos médecins l’évalueront demain et on prendra une décision après l’entraînement matinal », a souligné Jared Bednar qui aimerait bien compter sur le retour de son jeune défenseur.

 

En l’absence de Girard – il souffre d’une blessure indéterminée au haut du corps qui pourrait être le résultat d’une solide mise en échec de Mike Fisher – mais surtout d’Erik Johnson – une fracture au péroné devrait le garder à l’écart du jeu pour encore un mois – la défense de l’Avalanche repose beaucoup sur les épaules de Tyson Barrie et de Nikita Zadorov.

 

Rivalité naissante

 

Imposant physiquement avec ses 6’5’’ et plus de 230 livres, Zadorov a disputé un match solide lundi. Bien qu’il soit souvent confronté aux meilleurs attaquants des Preds, le défenseur qui a célébré ses 23 ans lundi se distingue par son implication physique – il a dominé l’Avalanche et la LNH avec 278 mises en échec cette saison – son travail en défensive, mais aussi sa contribution offensive.

 

« C’est un défi vraiment emballant de me retrouver comme ça devant les meilleurs joueurs de l’autre côté. Nous avons démontré lors des trois premiers matchs que nous sommes en mesure de relever ce genre de défi », a lancé Zadorov qui a esquissé un sourire lorsqu’on lui a fait remarquer que la série semblait s’intensifier sur le plan physique.

 

« C’est la beauté des séries éliminatoires », a-t-il ajouté pour appuyer son sourire.

 

À quelques pas de Zadorov, le capitaine Gabriel Landeskog a réagi ainsi aux assauts des joueurs des Predators à l’endroit de son compagnon de trio Nathan MacKinnon qui s’est retrouvé face à face avec P.K. Subban à plusieurs reprises lors du match de lundi.

 

« Il est clair qu’ils ont adopté cette stratégie pour tenter de ralentir Nate. C’est bien mal le connaître que de croire qu’il reculera. Au contraire, j’ai l’impression que ça le motive davantage. Il est l’objet de couvertures particulières depuis toujours en raison de son talent. Il a développé les habiletés nécessaires pour s’en échapper. Avec sa vitesse, sa force et son talent, rien ne l’arrêtera. »

 

Dans le vestiaire des Predators, P.K. Subban s’est bien gardé de confirmer qu’il se donnait comme mandat de ralentir MacKinnon à qui il a asséné un coup de poing au visage en troisième période lundi. « Nous sommes en séries. Tout devient plus physique en séries. Je m’assure d’être physique. Pour ce qui est de la rivalité naissante entre nos deux équipes, les séries moussent la rivalité. Les médias et les partisans l’amènent ensuite à un autre niveau. On verra ce que vous ferez avec tout ça », a indiqué Subban qui est maintenant ennemi numéro un à Denver alors qu’il a été hué copieusement chaque fois qu’il touchait à la rondelle lundi.

 

De plus, les cris de la foule scandant tantôt Rinne! Rinne! Rinne! tantôt PK! PK! PK! n’ont pas laissé de répit aux deux joueurs des Predators qui devaient se sentir visés en tout temps considérant la phonétique semblable associée aux deux chants.

 

« Depuis le temps que je suis hué, je n’y accorde plus aucune importance. Je ne les entends même plus », a prétendu Subban.

 

Preds : entraînement nécessaire

 

Si Jared Bednar a misé sur le repos de ses joueurs au lendemain de la victoire de lundi, son vis-à-vis Peter Laviolette a plutôt dirigé un entraînement soutenu auquel tous les joueurs ont participé.

 

« Nous sommes revenus sur le match d’hier dans le vestiaire et il était important d’aller bouger un peu ensuite. Nous avons commis beaucoup trop d’erreurs hier pour espérer l’emporter. L’entraînement a permis de repartir sur des bases nouvelles en vue du match de demain », a indiqué Laviolette qui a ajouté tenir à garder des liens étroits avec ses joueurs une fois en séries. Peu importe que son équipe soit à la maison ou à l’étranger.  «Nous n’aurions pas renvoyé les joueurs à la maison si nous étions à Nashville aujourd’hui. Je crois beaucoup à l’importance d’aller sur la glace pour travailler certains aspects de notre jeu tout en le faisant dans la bonne humeur comme cet après-midi. »

 

La bonne humeur était effectivement au rendez-vous dans le vestiaire des Predators mardi. La confiance aussi. « Il était important d’avoir l’entraînement d’aujourd’hui. Ça nous aidera à connaître un meilleur début de match demain. Hier, nous avons été incapables d’égaler leur niveau de désespoir sur la patinoire, leur vitesse, leur fougue. Nous avons été bien meilleurs en troisième. Il faudra être prêts et jouer comme nous en sommes capables dès le début de la rencontre. Il n’y a pas d’autre secret », a insisté le défenseur Ryan Ellis qui, comme son compagnon de travail Roman Jossi, a terminé la soirée de travail avec un différentiel affreux de moins-3.

 

Comme ses coéquipiers qui assumaient tous une grande part du blâme dans la défaite, Pekka Rinne a reconnu qu’il devait être bien meilleur demain. « J’ai revu mon match sur vidéo. Ce n’a pas été très long considérant qu’il a été écourté par les quatre buts que j’ai accordés. Comme tous les buts que j’accorde, je me dis que j’aurais pu les éviter en modifiant quelque chose ici et là. Hier, la rondelle semblait trouver le fond du filet beaucoup trop facilement même si nous avons tous fait notre possible pour éviter ça. Mais la beauté en séries, c’est que je pourrai me reprendre dès demain », a indiqué le gardien finlandais.

 

Questionné sur le fait que son gardien semblait prendre tout le blâme pour la défaite, Peter Laviolette a assuré que Pekka Rinne s’en mettait trop sur les épaules et qu’il n’avait aucun doute qu’il rebondirait dès mercredi.

 

« C’est peut-être le propre de la position de gardien. Au football, on met trop d’accent sur le rôle du quart-arrière. Au baseball, c’est sur le lanceur. Au hockey, les gardiens sont trop souvent visés parce qu’ils forment la dernière barrière devant le but. Mais je vous assure qu’hier, les barrières devant lui n’étaient pas assez étanches. Tous nos joueurs faisaient leur mea culpa ce matin. Avec raison. Car collectivement, nous n’avons pas été assez bons. Pekka va rebondir. Les autres aussi. S’ils avaient eu le choix, nos joueurs auraient disputé le match numéro quatre dès midi aujourd’hui. Ils seront prêts demain », a conclu Peter Laviolette.

 

Rinne sera donc de retour devant le filet des Predators alors que Jonathan Bernier défendra la cage de l’Avalanche.