DENVER, Colorado - Pour riposter à la défaite encaissée lundi aux mains de l’Avalanche et surtout pour éviter de se retrouver avec une égalité de 2-2 dans une série qui devait être beaucoup plus facile, les Predators de Nashville devaient trouver une façon de bien amorcer la rencontre.

Ils n’ont pas eu à chercher bien longtemps.

Trente-huit secondes après la mise en jeu initiale, le défenseur Patrick Nemeth s’est retrouvé au cachot pour avoir fermé la main sur la rondelle. Pendant qu’il combinait ses efforts à ceux de ses trois coéquipiers envoyés en mission pour écouler cette première pénalité, Carl Soderberg s’est rendu coupable d’une infraction pour bâton élevé.

Les Predators n’ont pas marqué pendant les 79 secondes au cours desquelles ils ont attaqué à cinq contre trois. Mais contrairement à la théorie qui soutient qu’un club qui écoule avec succès un désavantage numérique de deux hommes renverse le momentum en sa faveur, ce sont les Predators et non l’Avalanche qui ont conservé le contrôle du match.

Et comment!

Non seulement les Preds ont menacé la cage défendue par Jonathan Bernier pendant l’attaque massive, mais ils ont maintenu, voire accentué, la pression longtemps après que les deux clubs soient revenus à forces égales.

Ça bourdonnait autour du filet de l’Avalanche. Mais avec des arrêts initiaux solides et d’autres franchement spectaculaires, à la suite de deuxièmes chances obtenues après des retours pourtant pas très généreux, Jonathan Bernier a privé les Preds d’un, de deux peut-être même de trois buts.

Malgré un barrage de huit tirs cadrés avant même que l’Avalanche n’obtienne son premier, les Predators n’arrivaient pas à prendre l’avance.

Lorsque le Colorado s’est réveillé et est enfin sorti de sa torpeur, il était clair que Pekka Rinne ne pouvait gâcher pareil début en accordant le premier but de la rencontre dans un quatrième match de suite.

Solide même s’il n’avait pas été testé depuis la fin de l’échauffement d’avant-match, Rinne a vu Filip Forsberg lui faire cadeau du premier but de la partie. C’était non seulement la première fois en quatre matchs que les Predators marquaient les premiers, mais c’était aussi le tout premier but de Nashville en première période depuis le début de la série.

Ce but marquera les faits saillants des séries 2018.

ContentId(3.1273898):LNH : Forsberg se prend pour Peter au Colorado!
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Comme s’il s’était transformé en Peter Forsberg, Filip Forsberg a démontré sa vitesse et sa force sur patins alors qu’il a contourné Duncan Siemens comme s’il avait les lames ancrées dans le ciment sous la glace avant de mystifier le gardien Jonathan Bernier qui n’y pouvait rien.

«Je suis arrivé avec de la vitesse et quand j’ai la chance de profiter de cette vitesse de bonnes choses arrivent», a indiqué Forsberg dans le vestiaire après la rencontre.

Ce but a permis aux Predators de profiter d’une avance de 1-0 après 20 minutes. Une avance qui aurait pu, et aurait dû, être bien plus considérable, mais une avance quand même…

En deuxième, l’Avalanche a finalement donné signe de vie. Ses quelques poussées n’ont rien donné parce que Pekka Rinne rachetait sa sortie ordinaire de lundi avec une bien meilleure. Mais pis encore, les rares occasions des Preds ont donné des buts.

Si l’excellent début de match des Predators ne les avait récompensés qu’avec une avance de 1-0, le fait de maximiser ses chances avec un beau but de Colton Sissons et un autre plus chanceux de Craig Smith en période médiane a miné les chances de remontée victorieuse de l’Avalanche.

Même que le troisième but, un but marqué sur un tir des poignets d’assez loin, décoché par Smith quelques secondes après être sorti du banc des pénalités a fait très mal. Mal parce qu’il donnait une priorité de trois buts à la meilleure équipe sur la patinoire. Mal aussi parce que ce but a été le fruit de la grande générosité de Jonathan Bernier.

ContentId(3.1273906):LNH : Les Preds prennent le large!
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Ce dernier n’est d’ailleurs pas revenu sur la patinoire en début de troisième période. L’Avalanche a prétexté une blessure au bas du corps. Pour être franc, personne sur la galerie de presse n’a pu relever un jeu au cours duquel Bernier se serait blessé au bas du corps.

Il y a toutefois eu ce tir qui l’a atteint au masque en tout début de rencontre. Victime de commotions cérébrales qui l’ont gardé à l’écart du jeu cette année, Bernier aurait certainement pu être secoué par cette rondelle qui a d’ailleurs brisé son masque. Sauf qu’il a été sensationnel à plusieurs occasions… Jusqu’à ce damné troisième but.

Est-ce que ce pourrait être ce troisième but qui a fait si mal?

C’est possible.

Quoi qu’il en soit, c’est Andrew Hammond qui a terminé le match. Il n’a pas été mauvais. Mais si les espoirs de victoire samedi reposent sur les jambières du «Hamburglar» on pourra dire que les Predators, grâce à leur excellent début de match qui les a propulsés vers une victoire de 3-2, ont pris une sérieuse option sur la série. Qu’ils ont amorcé le commencement de la fin.

Je sais, Andrew Hammond a pris la LNH au grand complet par surprise il y a trois ans alors qu’il a sauvé les Sens. Mais une surprise du genre, ça n’arrive qu’une fois. Rarement deux.

«Je n’ai pas parlé aux médecins ni à Bernier. Je ne sais pas ce qui nous guette, mais Hammond a bien fait en relève et même s’il n’a pas beaucoup joué pour nous cette année, on s’attendra à ce qu’il fasse bien lors du prochain match s’il doit être devant le filet», a indiqué l’entraîneur-chef Jared Bednar qui est conscient de l’immense montagne qui se dresse devant lui et son équipe.

«Battre Nashville représente un gros défi dans le cadre d’un match. Nous devons les battre trois fois de suite maintenant. Il faut absolument que nos joueurs se concentrent sur la prochaine partie et seulement sur la prochaine partie au lieu de penser au défi de gagner trois fois de suite. J’ai adoré notre troisième période, mais nous devions afficher le même genre de désespoir dans notre jeu dès le début du match», a ajouté Bednar.

ContentId(3.1273914):LNH : Le Colorado est de retour dans le coup!
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L’Avalanche n’a pas abandonné. Loin de là. Les deux buts marqués en troisième période en sont la preuve. Et bien que Peter Laviolette a aimé la façon de son équipe a composé avec l’adversité en fin de rencontre, l’Avalanche est passée à un cheveu de niveler les chances alors que le dernier tir a été légèrement dévié par la mitaine de Rinne pour ensuite aller frapper le poteau à sa gauche.

Au-delà de cette remontée de deux buts, les efforts de Nathan MacKinnon, les élans et le caractère affichés par le capitaine Gabriel Landeskog qui a marqué le premier but de son équipe, mais surtout assuré la «protection» de ses coéquipiers en répliquant coup pour coup aux mises en échec des Predators dans le cadre d’une série qui devient de plus en plus physique, le retour en force et en grande forme de Pekka Rinne, la performance sensationnelle du défenseur Mark Barberio, la qualité d’ensemble de cette jeune équipe et le fait que Ryan Hartman devrait être suspendu pour une mise en échec sournoise aux dépens Carl Soderberg – le même genre de mise en échec qui a valu une suspension d’un match à Drew Doughty des Kings et dont Nikita Kucherov du Lightning pourrait écoper également à la suite d’un geste similaire dans la victoire de 3-1 aux dépens des Devils – ça sent le commencement de la fin pour l’Avalanche.

PK dans tout ça?

Hué copieusement à chacune de ses présences, il a abattu du gros boulot sans attirer les projecteurs. Il a passé près de 26 minutes sur la patinoire, a été crédité de quatre des 30 mises en échec des Preds, a été solide en zone défensive, solide tout court, et a terminé sa soirée de travail avec un différentiel de plus-2 malgré le fait qu’il n’ait pas récolté un seul point.

Parce que Subban a décidé de demeurer loin des journalistes après la rencontre, je ne peux vous faire part de ses commentaires. Cela dit, PK est dans un mode «cassette» depuis le début des séries en matière de commentaire. Peut-être a-t-il été avisé par ses coéquipiers qu’ils tenaient à le voir plus actif devant les adversaires que devant les micros.

Si tel est le cas, Subban mérite une note de 100%. Car sur la glace, encore hier, il a bien sûr parlé aux adversaires, aux arbitres, à un peu tout le monde, mais il a surtout disputé un très gros match de hockey.