À Denver, lundi, Mark Barberio a offert près de 23 minutes de gros hockey à l’Avalanche du Colorado. Solide pour aider la cause de son gardien, vif en relance et en appui de l’attaque, le défenseur québécois a récolté une passe et conclu le match que l’Avalanche a gagné 5-3 aux dépens des Predators de Nashville avec un différentiel de plus-1.

À Denver, mercredi, Barberio a été meilleur encore. Avec son partenaire Patrik Nemeth, le défenseur de Pointe-Claire a amorcé le match à la ligne bleue de l’Avalanche contre Ryan Johansen et les membres du premier trio des Predators.

Lorsque l’Avalanche s’est retrouvée en désavantage numérique, Barberio est demeuré sur la patinoire. Lorsque Carl Soderberg est allé rejoindre Patrik Nemeth au cachot, Barberio est encore demeuré sur la patinoire pour tenter de résister à l’avantage numérique de deux hommes des Preds. Barberio a été brillant. Il a bloqué trois tirs. Il a volé une rondelle. Il a été un acteur de premier plan de cette première période au cours de laquelle l’Avalanche a évité le pire. Un premier tiers au cours duquel seul Ryan Ellis (8:57) a joué plus que Barberio (8:07).

Malgré la défaite et le fait qu’il n’ait pas récolté de point, Barberio a terminé sa soirée de travail avec près de 25 minutes de jeu, sept tirs dirigés sur la cage des Preds dont quatre, ont été bloqués par Pekka Rinne, quatre mises en échec et cinq tirs bloqués.

Rien que ça!

À Nashville, ce soir, Barberio devra être encore meilleur s’il veut aider la cause d’Andrew Hammond qui viendra en relève à Jonathan Bernier dans le cadre d’un match que l’Avalanche doit gagner pour éviter l’élimination.

Il est impossible de prévoir avec certitude si Barberio sera aussi solide ce soir qu’il ne l’a été lors des deux derniers matchs à Denver. Ce qui est clair toutefois, c’est que Barberio sera l’un des défenseurs les plus utilisés par Jared Bednar qui affiche une grande confiance à l’endroit de l’ancien défenseur du Canadien.

« C’est bien plus Mark qui génère de la confiance avec ses performances solides que moi qui ai simplement confiance en lui. Il a trouvé sa place avec nous cette année. Mark est un bon patineur, effectue de bonnes premières passes, il peut appuyer l’attaque et bien défendre son territoire. Sans être exceptionnel dans l’un ou l’autre des aspects du jeu, il devait apprendre à être solide dans tous ces aspects. Et il l’est devenu », a nuancé l’entraîneur-chef de l’Avalanche avant le match de mercredi.

Mark Barberio est donc l’un des défenseurs de confiance à Denver en séries. Vrai qu’en l’absence d’Erik Johnson, Barberio est obligé de prendre les bouchées doubles. Qu’il jouerait moins si le défenseur numéro un de l’Avalanche était solidement ancré à la ligne bleue plutôt que d’occuper la liste des blessés en raison d’une fracture sous le genou qui le gardera à l’écart du jeu jusqu’à une éventuelle finale d’association.

Mais si Johnson était en uniforme, que Tyson Barrie, Nikita Zadorov, Samue Girard et Patrik Nemeth jouaient à plein régime, Barberio serait toujours un membre à part entière de la défensive de l’Avalanche. Il occuperait un poste que le Canadien a refusé de lui offrir malgré une brigade défensive bien plus perméable que celle de l’Avalanche.

Meilleur que tous ceux qui l’ont remplacé

Depuis que Mark Barberio a été bêtement perdu au ballottage le 2 février 2017, dix défenseurs venus de l’extérieur de l’organisation ont défilé à la ligne bleue du Canadien : Alzer, Benn, Davidson, Jerabek, Morrow, Nesterov, Reilly, Schlemko, Streit, Valiev. Ce chiffre grimpe à 14 si on ajoute les Noah Juulsen, Brett Lernout, Victor Mete et Mikhail Sergachev « produits » par le Tricolore. Il grimpe à 17 si on ajoute les Joel Hanley, Ryan Johnston et Zach Redmond que le Canadien a préféré garder au sein de son organisation quitte à perdre Barberio au ballottage.

À la lumière du défenseur qu’il est devenu au Colorado, il est facile de prétendre que Barberio est aujourd’hui meilleur que tous les arrières que le Canadien lui a préférés et qui sont toujours avec l’équipe.

Du groupe, Karl Alzner devrait être meilleur. Et il le deviendra peut-être s’il rachète l’an prochain l’année de misère qu’il a connue à sa première saison à Montréal.

Mais pour les autres, Barberio est meilleur à tous les points de vue.

Comme Greg Pateryn qui est passé à Dallas pas longtemps après que Barberio soit réclamé par l’Avalanche. Mais au moins, le Canadien a acquis Benn en retour de Pateryn. Et bien qu’il ait connu une année difficile lui aussi, il faut admettre que Benn a connu une bonne fin de saison après son acquisition en retour de Pateryn. En plus, la conjointe de Pateryn n’avait rien fait pour aider sa cause en fustigeant l’état-major et les partisans du Canadien en marge d’un traitement qu’elle jugeait injuste à l’égard de son mari.

Il est normal de voir des anciens joueurs d’une équipe connaître des succès avec une autre. De les voir briller en séries alors qu’ils occupaient des rôles de réservistes hier encore.

Le Canadien n’est donc pas la seule équipe à être hantée par des joueurs comme Barberio. De fait, l’ancien du Tricolore est l’un des trois acteurs de l’Avalanche en séries à être débarqués à Denver par le biais du ballottage. Les autres sont son partenaire de jeu Patrik Nemeth (Dallas) et Matt Nieto (San Jose).

Quand expérience rime avec confiance

Revenons à Barberio.

Que s’est-il passé pour qu’il devienne à Denver le défenseur que le Canadien n’a jamais été en mesure de développer à Montréal?

« J’ai pris de l’expérience et surtout de la confiance », a indiqué l’arrière dont la confiance a toujours semblé fragile.

Cette nouvelle confiance, Barberio l’a doit à Nolan Pratt. Ancien défenseur qui a disputé 592 matchs dans la LNH avec la Caroline, Tampa Bay et Buffalo avant d’aller compléter sa carrière en Europe, Pratt était un défenseur de soutien. Comme Barberio qu’il guide aujourd’hui.

« Un de mes plus gros défauts est d’être parfois trop stressé sur la patinoire. En hâtant mes prises de décisions, non seulement je m’expose à prendre les mauvaises décisions, mais je réduis mes chances de réussir les jeux que je tente. J’ai beaucoup travaillé avec Nolan sur la glace, au tableau et devant les vidéos pour apprendre à maximiser le temps que j’ai à ma disposition sur la patinoire. On parle beaucoup. Son approche est vraiment bonne parce qu’il me dresse des listes d’observations et de suggestions sur lesquelles qu’on analyse ensemble. Si tu ne prends pas les bonnes décisions, tu te compliques la vie. Je dirais que c’est l’un des plus gros changements. Mais avec l’âge, vient l’expérience. Et quand tu sens que tu profites de la confiance de tes coachs et de tes coéquipiers, tes chances de réussir sont bien meilleures », a indiqué Barberio qui file le parfait bonheur à Denver.

Bien que sa saison ait été limitée à 46 matchs en raison d’une blessure qui lui a fait rater 33 matchs et qu’il ait été laissé de côté à trois reprises en début d’année, Barberio a enregistré sa meilleure production offensive en carrière avec ses trois buts – il a marqué le premier but gagnant de sa carrière dans le cadre de son 200e match dans la LNH le 24 octobre contre Dallas – et 13 points. Son différentiel de plus-6 lui a permis de terminer la saison au quatrième rang à Denver.

Coéquipiers et colocs

Le défenseur québécois qui vient de célébrer ses 28 ans a représenté une belle aubaine pour le directeur général Joe Sakic puisque Barberio écoulait la deuxième et dernière année d’un contrat qui l’assurait d’un salaire de 750 000 $. Barberio pourra bénéficier de l’autonomie complète le 1er juillet prochain à moins qu’il ne s’entende d’ici là sur les paramètres d’un nouveau contrat avec l’Avalanche.

Barberio a tourné la page et assure ne pas tenir rigueur au Canadien avec qui il aurait vraiment aimé s’installer pour de bon dans la LNH. Il reconnaît toutefois est très au courant des ennuis que son ancien club – et je ne parle pas ici du Lightning de Tampa Bay avec qui il a d’abord fait le saut dans la LNH – a connus cette année.Mark Barberio

« Disons que j’ai des mises à jour régulières lorsque je parle avec mes parents ou mes amis. L’année n’a pas été facile à Montréal. Un peu comme nous ici l’an dernier. Mais je suis content de voir que des gars comme Brett (Lernout) que j’ai bien connu à St. John’s ont eu la chance de prendre de l’expérience dans la LNH. »

Mark Barberio n’a pas besoin d’attendre les appels de ses parents et amis de Montréal pour parler du Canadien. Il peut le faire avec Sven Andrighetto son ancien coéquipier avec le club-école du Tricolore qui est passé du Canadien à l’Avalanche à la date limite des transactions en 2017 en retour d’Andreas Martinsen.

« C’est un bon ami et nous partageons une maison ici. On a suivi des parcours semblables pour se rendre dans la LNH et on s’encourage à faire ce qui est nécessaire de faire pour rester en haut et connaître du succès. »

Blanchi après les quatre premiers matchs de la série contre les Predators, Andrighetto a marqué huit buts et récolté 22 points en 50 matchs avec l’Avalanche cette saison. Après son acquisition l’an dernier, il s’était davantage distingué avec 5 buts et 16 points en 19 parties.

« C’est un joueur qui peut tenir son bout au sein d’un deuxième ou troisième trio dans la LNH. Sa vitesse et son talent en font un gars utile en saison régulière. Sa petite taille peut devenir un handicap en séries lorsque le jeu devient plus physique et que les couvertures sont plus serrées, mais ça demeure un gars qui a sa place dans la Ligue », a indiqué plus tôt cette semaine un membre de l’organisation de l’Avalanche qui complète la première de deux saisons d’un contrat qui l’assure d’un salaire de 1,4 million par année.