MONTRÉAL - La compagnie Bauer lancera dès lundi sa production de visières de sécurité conçues pour aider le personnel de la santé et les médecins à se protéger contre la Covid-19.

«Nous avons reçu le feu vert du Gouvernement à 2 h cette nuit», a confirmé au RDS.CA Dan Bourgeois vice-président en innovation de produit à l’usine de Bauer à Blainville.

Cette confirmation a permis à la compagnie d’accélérer le processus de préparation de la chaine de montage amorcé au cours des derniers jours.

«Tout va très vite depuis hier (mercredi) et ça ira encore plus vite au cours des prochaines heures et des prochains jours. Nous avons obtenu toutes les certifications dont nous avions besoin et on se lance dans un sprint de préparatifs. Tout sera prêt pour que nous puissions lancer les opérations dès lundi», a ajouté

L’objectif initial de produire 10 000 visières pour répondre aux besoins immédiats dans le système de santé a toutefois fluctué de façon exponentielle au cours des dernières heures alors qu’on parle déjà d’une production potentielle de 500 000 visières.

 

Joint par RDS.CA en fin d’après-midi mercredi, M. Bourgeois avouait que l’engouement suscité par l’annonce de la volonté de sa compagnie de prendre une part active dans la lutte contre la pandémie dépassait ses projections initiales.

 

« On savait que les besoins étaient importants, mais ils sont plus criants encore qu’on l’imaginait. Nous recevons des appels de partout : ça va des centres hospitaliers, aux résidences de personnes âgées en passant par les services de police et d’incendie. On a même reçu des demandes de grandes pharmacies. Non seulement tous ces organismes indiquent avoir besoin de visières, mais ils veulent tout ce que nous sommes en mesure de produire et ils les veulent le plus vite possible », a indiqué M. Bourgeois.

 

Après le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) qui se disait prêt, mardi, à passer une commande de 50 000 visières, la direction de l’hôpital Sainte-Justine s’est dite intéressée mercredi à passer une commande de 100 000 unités.

 

Les demandes fluctuent tellement d’heure en heure que Dan Bourgeois a revu à la hausse ses commandes de matériaux nécessaires pour la confection des visières.

 

« J’avais commandé du matériel pour produire 10 000 visières. J’ai modifié ma commande à 50 000 dès mardi soir et elle est passée à 100 000 ce matin. La demande est tellement forte que nous croyons être en mesure de commander notre matériel pour en produire 500 000», a convenu le vice-président en innovation de produit de l’usine Bauer de Blainville sur la Rive-Nord de Montréal.

 

Chaine de montage adaptée

 

Pendant que des membres de son équipe travaillaient à peaufiner le produit, que d’autres s’assuraient d’obtenir les matériaux nécessaires pour amorcer la production le plus vite possible, des machinistes modifiaient la chaîne de montage afin qu’elle réponde aux nouveaux besoins et qu’elle respecte également les mesures de sécurité en matière de santé publique.

 

« Nous devons prévoir plus d’espace le long de la chaîne de montage afin de respecter les directives quant à l’espace à laisser entre nos employés. On doit aussi revoir tout le protocole pour s’assurer que tout soit désinfecté afin de ne pas mettre en péril la santé et la sécurité de nos employés. Tout va très vite. Mais on espère être prêt à mettre tout ça en action dès lundi. Nos employés sont très impliqués dans le projet et si la demande demeure aussi soutenue qu’elle l’est présentement, nous pourrons faire appel à plus d’employés que prévu tout en nous assurant bien sûr de respecter les normes de sécurité et de santé publique. »

La bénédiction du Gouvernement a confirmé les prétentions initiales de Bauer quant à la qualité et à la nécessité de la visière conçue la semaine dernière dans le cadre de séances de remue-méninges auxquels ont pris part tous les membres de l’équipe en recherche et développement de la compagnie.

Bien que les demandes des hôpitaux, du SPVM et des autres organismes témoignent des besoins en matière de visières de protection, Bauer attend toujours la bénédiction du gouvernement du Québec.

 

« Nous avons développé un produit de qualité et nous entendons démontrer qu’il est non seulement efficace, mais qu’il répond aux normes établies. Nous prenons tous les moyens nécessaires pour partir sur des bases solides afin de maintenir le niveau de qualité tout en répondant le plus vite possibles aux demandes que nous avons reçues jusqu’ici et que nous continuons à recevoir », a indiqué M. Bourgeois.

 

Usine américaine convertie

 

L’engouement soulevé par l’annonce de la création de la visière de sécurité à son usine de Blainville a poussé Bauer à orchestrer une stratégie de production au sud de la frontière également. L’usine de Liverpool – ville située près de Syracuse dans le Nord de l’État de New York – se prépare elle aussi à modifier sa production habituelle pour se lancer dans celle de visières de sécurité.

 

« Notre usine de Liverpool est surtout spécialisée dans la confection d’équipements de protection pour les adeptes de crosse. Nous avons travaillé en collaboration avec nos ingénieurs de là-bas pour mettre le projet de l’avant. Si les besoins sont criants ici au Québec, ils le sont encore davantage dans l’État de New York qui est l’un des plus touchés par la Covid-19. Sans compter ce que représente le marché américain. L’usine de Blainville s’occupera de répondre aux besoins immédiats au Québec et nos associés de Liverpool s’occuperont le volet américain. Les demandes sont tellement grandes que je suis toutefois incapable incapable d’établir des projections qui dépassent celles que je vous ai données et qui sont à très court terme », a poursuivi M. Bourgeois.

 

Bauer a établi à 6 $ le coût de production de chaque visière de sécurité. Et c’est toujours l’intention de la compagnie de les vendre au prix coûtant.

 

« Nous avons décidé de nous impliquer pour prendre part à la lutte contre la pandémie. L’objection n’est pas de faire de l’argent avec ça. Il est de nous impliquer et d’impliquer nos employés en nous assurant que cette idée permet aussi de maintenir leurs emplois », a conclu le vice-président en innovation de produit de l’usine de Blainville.