MISE EN GARDE : Évidemment, l’imposition d’un couvre-feu au Québec est une mesure très sérieuse. L’idée derrière cet article est simplement de divertir les gens durant cette période éprouvante. 

Quelques anecdotes de couvre-feu sportif

MONTRÉAL – Martin Biron a toujours été un élève modèle par rapport au couvre-feu, ses entraîneurs n’avaient pas besoin de jouer à la police avec lui. Voilà pourquoi ses coéquipiers se sont gâtés à ses dépens quand il a été pris à tricher.

« L’histoire remonte à la saison 2006-2007 et Daniel Brière était mon cochambreur avec les Sabres. Durant un voyage, on a affronté les Panthers à Sunrise et on logeait à Fort Lauderdale. Après le match, je crois qu’on a perdu (3-1) et Lindy Ruff a dit ‘Tout le monde, 1h du matin, au plus tard, à l’hôtel’. Je me suis informé des plans auprès des autres et j’ai choisi d’aller avec Adam Mair et Andrew Peters. Ils ne voulaient pas aller au même restaurant que les autres, ils avaient mangé là la veille. Mais il était déjà 0 h 45 et on savait que ça allait nous prendre environ 20-25 minutes pour se rendre à l’hôtel. On avait conclu que tant qu’à manquer le couvre-feu de cinq minutes, aussi bien le manquer de 30 minutes alors on a commandé une autre tournée. On allait donc arriver à 1 h 45, ce n’est pas comme briser un couvre-feu à 5 h du matin, bien amoché! Mais c’était la première fois dans ma carrière que je n’étais pas à l’heure ou en avance », s’est souvenu Biron.  

« Ce que je ne savais pas, c’est que Daniel, Chris Drury, Jason Pominville et les autres étaient arrivés à 0 h 45. Ils avaient eu l’idée d’aller me réveiller puisque je dors tout le temps avant les autres. Daniel a ouvert la porte en faisant bien du bruit et ils ont découvert que je n’étais pas là. ‘Quoi, Martin saute le couvre-feu, ça n’arrive jamais! On va lui jouer un tour’. Ils ont eu l’idée de sortir tout le mobilier de ma chambre dans le corridor. Le matelas, les tables de chevet, la lampe... Quand je suis arrivé, ils venaient juste de finir de tout sortir dans le corridor. En sortant de l’ascenseur, je les ai vus rire et finaliser tout ça. Je suis parti sur un sprint de 50 mètres et j’ai plaqué tous les gars dans le lit. On a commencé à se battre et c’est devenu une gigantesque bataille d’oreillers dans le corridor de l’hôtel », a-t-il raconté. 

« Mais on était uniquement au deuxième étage et le monde dans le lobby a tout entendu. Quand la sécurité est venue voir ce qui se passait, on a eu le temps de se sauver dans nos chambres. On regardait dans le petit trou si quelqu’un approchait. Mais moi, mon lit était encore dans le corridor pendant que Daniel était bien confortable! Je n’ai pas eu le choix de sortir pour ramener mes choses, mais les gars n’ont pas tardé à sortir de nouveau et c’était reparti de plus belle! On a tellement ri, mais on ne savait pas si Lindy Ruff nous avait entendus. Le lendemain, on a fait comme si de rien n’était en embarquant dans l’autobus vers l’aéroport. Lindy avait bien reçu un appel de la réception de l’hôtel disant que ses gars étaient bruyants dans le corridor à 2 h. Il avait choisi de nous laisser faire parce qu’on s’amusait et qu’il n’était pas trop tard. Bref, c’est l’histoire de mon seul couvre-feu manqué, les gars m’ont vraiment bien eu. » 

Une soirée qui relance l’équipe 

Marc Griffin était également du style discipliné, mais parfois, c’est payant d’enfreindre ce règlement. 

Anecdotes de couvre-feu : Marc Griffin

« Ça se passait dans les filiales de l’organisation des Dodgers. À ce moment, ça ne va pas. Pas juste moi, l’équipe au complet. On se cherche, l’entraîneur essaie de trouver des solutions, mais on ne gagne pas, tout simplement. On se retrouve dans une petite ville et le bar à côté de l’hôtel est le fameux Hooters que bien des gens connaissent. On a un seul joueur marié dans l’équipe, on a tous entre 20-24 ans et on l’appelle notre père. Il prend les devants en sortant de l’autobus après une autre défaite. ‘Venez me voir, tout le monde sort ce soir, sans exception! On s’en va prendre une bière en équipe et on règle le problème’. Mais il n’en parle pas nécessairement au coach et il y a un couvre-feu automatique sur la route. On se retrouve plus de 20 gars et le party pogne, on a beaucoup de plaisir et on défonce tous le couvre-feu. Disons que ce n’était pas trop subtil, on était dans le bar juste à côté. Le coach arrive donc au Hooters et on est un peu éméchés. Il n’est pas très content et il passe nous voir, une chambre à la fois, pour nous dire à quel point on a manqué de discipline, qu’on représente l’organisation des Dodgers et que ça n’a pas de sens de faire ça... Son intention était de nous punir après le match, qu’on fasse des sprints jusqu’à vomir notre sortie de la veille. Mais on gagne le match le lendemain et on sort un peu de notre léthargie et ça nous propulse vers une certaine lancée. Après le match, on a plutôt eu une bonne discussion et des coéquipiers ont remercié Dane qui avait initié cette idée. On a eu du plaisir pour la première fois depuis longtemps. Bien sûr, on ne veut pas inciter les gens à faire la même chose, mais ce fut une belle expérience parce que tout le monde a embarqué », a précisé Griffin. 

Dans le monde du baseball, les histoires impossibles à raconter sont nombreuses. L’auteur de ces lignes s’est amusé à raconter à Griffin qu’il avait déjà payé un shooter à Chipper Jones qui était, à une heure tardive, avec quelques coéquipiers des Braves dans un bar de la rue Crescent. Griffin a rigolé en rappelant que la vie nocturne montréalaise a rapporté plusieurs fois aux Expos!  

Si André Roy avait su qu'il jouerait le lendemain...

Anecdotes de couvre-feu : André Roy

Justement, André Roy connaissait bien les pièges de Montréal. Il avoue que ça lui est arrivé quelques fois de rentrer tard à l’hôtel en ayant fini sa soirée avec un arrêt au restaurant La Belle Province. Il aurait dû penser que c’était dangereux de suivre un joueur qui est de passage dans sa région natale. 

« Avec le Lightning, ça faisait une douzaine de parties de suite que (John) Tortorella ne me faisait pas jouer. C’était tough sur le moral. On arrive à Denver et John Grahame, le réserviste de Nikolai Khabibulin, était un peu mon partner. Il vient de là, il m’invite puisque ses chums et son frère seront présents. Je me dis ‘Fuck it, je ne joue pas de toute façon’. Mais Grahame, ça pouvait escalader assez vite avec lui. On avait trouvé un endroit bien plaisant et je crois qu’on est revenus à l’hôtel un peu avant 4 h, la soirée avait été bien arrosée », a confié Roy.  

André Roy« Dan Boyle était mon cochambreur et il voyait que j’étais croche. Je me suis même levé dans la nuit pour aller vomir. J’ai dit à Dan, ‘Je vais aller à l’entraînement matinal et je vais retourner me coucher toute la journée. J’arriverai au match juste en troisième période’. De toute manière, Torts ne voulait pas qu’on soit dans l’autobus ou dans le vestiaire quand on ne jouait pas. Finalement, j’arrive à l’aréna le matin, je n’avais presque pas dormi et je vois mon nom dans la formation... Ben non, pas sérieux. Boyle part à rire et il me taquine. Je me suis demandé si Tortorella avait su. Il ne me parlait même pas depuis 12 matchs. Grahame n’en revenait pas, il m’a dit ‘Prends deux tylenols et va dormir cet après-midi’. J’ai réussi à faire une sieste de trois heures avant le match, mais je n’avais tellement pas de jambes, je n’avançais pas comme si j’avais deux pianos sur le dos! Je faisais des présences de 20 secondes sur la glace. Les gars ne comprenaient pas trop. Ils ont su après ce qui est arrivé », a conclu Roy en souriant. 

Inutile de se cacher dans la douche 

Vous aurez compris que peu d’anecdotes de couvre-feu impliquant la gent féminine peuvent être racontées dans un tel contexte. Mais Gaston Therrien se souvient d’une histoire qui n’est pas trop déplacée.  

« J’étais l’entraîneur du Rocket de Montréal et on avait perdu quelques matchs consécutifs. On était à Halifax et j’avais dit aux joueurs d’aller dans leur chambre pour se reposer. Je demandais toujours la chambre proche de l’ascenseur pour voir les joueurs qui avaient le goût de tricher. J’ai dit à Gilbert Delorme, mon adjoint, que j’allais aller cogner à la porte des chambres. Un joueur m’ouvre, mais avec la chaîne à la porte. Je demande d’ouvrir et il insiste que ce n’est pas nécessaire parce que tout le monde est couché. ‘Ouvre la porte, sinon je la défonce’. Il finit par ouvrir la porte, mais je sentais que les deux joueurs étaient nerveux.  

-Coudonc, qu’est-ce qui se passe ici? Est-ce qu’il y a quelqu’un dans la salle de bain ? 
-Non, pourquoi ? 

« J’essaie d’ouvrir et c’est barré. Je cogne et un joueur me répond qu’il est aux toilettes. Je lui dis que je vérifie quand même. J’entends la douche et il me dit qu’il est dans la douche finalement. J’entre et je pousse le rideau de douche. Une fille est là avec un gars, avec tous leurs vêtements, sous la douche! J’imagine qu’ils pensaient que ce serait un bon endroit pour se cacher, que je n’allais pas vérifier. J’étais en maudit. Le lendemain, j’ai dit aux autres que ces joueurs avaient sauté le couvre-feu. ‘Si vous avez des chums dans l’équipe, montrez-moi le. Vous êtes mieux de gagner le match. Sinon, vous allez payer la note en revenant à Montréal’. On avait gagné 4-1 ou 5-1 », a raconté Therrien. 

« On gagne ensemble et on fait des erreurs ensemble » 

À son arrivée comme entraîneur du Laser de St-Hyacinthe, l’entraîneur Norman Flynn a trouvé une manière intéressante de réagir. 

« Quand je suis arrivé à St-Hyacinthe (en 1989-1990), j’avais imposé un couvre-feu et j’avais été informé par un tenancier de bars que mes gars étaient dans son établissement après l’heure permise. J’habitais à Repentigny à ce moment et j’étais embarqué dans mon char pour me rendre sur place. Il faisait noir et je suis rentré, bien discrètement, avec une casquette enfoncée sur la tête. Je suis allé m’asseoir au coin du bar et j’ai compté mes joueurs qui étaient là. Peu de temps après, mon capitaine de 20 ans, Marc Picard, s’est avancé au bar. J’ai demandé au barman de lui envoyer une bière en disant que ça venait du gars au coin. Il s’est levé la tête et il est venu me rejoindre. 

-Merde, Norm, c’est de ma faute. 
-Je ne t’en veux pas, mais je ne suis pas content de savoir que trois gars ne sont pas là. Je ne suis pas fâché que vous soyez dans un bar, mais je suis déçu que vous n’ayez pas convaincu tous les gars de venir. 
-Des gars avaient peur, ils ne voulaient pas briser le couvre-feu.

Anecdotes de couvre-feu : Bob Hartley

« J’ai rencontré les trois autres pour leur expliquer qu’on formait une équipe, une famille. Ça veut dire une chose : on pousse tous dans la même direction. On gagne ensemble et on fait des erreurs ensemble. Voici la première leçon que vous devez apprendre », a-t-il précisé.  

« J’avais dit à mon capitaine d’aller dire aux autres que le monsieur à la casquette, c’était le coach. Le lendemain, j’ai dit ‘Je sais que trois gars n’étaient pas là, la prochaine fois, je veux vous voir tous ensemble’. J’ai plus utilisé ça comme un élément de motivation. Normalement, tu dois plus imposer des amendes ou des sanctions. J’ai tourné le tout en positif. Ça ne veut pas dire d’enfreindre le règlement chaque fois, mais vous allez le sentir quand les autres ont besoin de vous. J’avais même déniché un appartement, un grand 7 et demi, à mon capitaine. 

-Hey, c’est bien trop grand pour moi. 
-Non, quand tu vas faire un party, tu auras assez de place pour inviter toute l’équipe. Ça deviendra votre lieu de réunion.

« Ils ont du fun en masse là-bas. C’était même lui qui disait aux autres que c’était l’heure d’aller se coucher », a-t-il conclu.