TORONTO – Moins spectaculaire que Dominik Hasek, moins rapide que Mike Modano, moins dynamique que Peter Forsberg, moins bouillant que Pat Burns et moins moustachu que Bill McCreary, Rob Blake représente la force tranquille de la cohorte 2014 qui fera son entrée au Temple de la renommée du hockey lundi.

Cette image de force tranquille va à merveille à ce défenseur dont les qualités sont aussi impressionnantes que sa discrétion sur la patinoire et dans le vestiaire.

Et pourtant!

En 20 ans dans la LNH, Blake s’est hissé parmi les meilleurs défenseurs de l’histoire. Solide aux deux bouts de la patinoire, Blake savait protéger avec succès ses gardiens tout en menaçant les gardiens adverses avec un tir foudroyant qui l’a aidé à marquer 240 buts et d’ajouter 537 mentions d’aide (777 points) en 1270 matchs disputés avec les Kings de Los Angeles, l’Avalanche du Colorado et les Sharks de San Jose. Blake a connu 12 saisons de 40 points et plus. Huit saisons avec des différentiels d’au moins plus-15. Autre statistique intéressante, statistique qui en dit long sur ses qualités aux deux bouts de la patinoire, Blake occupe le quatrième rang chez les défenseurs de la LNH pour le nombre de tirs décochés en séries éliminatoires (35) et le cinquième rang pour le nombre de tirs bloqués en séries (41).

L’un des derniers maîtres dans l’art d’asséner des coups de hanches qui vissaient des adversaires dans les bandes, Rob Blake a amassé 1679 minutes de pénalités sans jamais faire de grandes menaces, sans jamais faire d’esclandres. Il se contentait d’agir.

« J’ai vu ce gros derrière bien trop souvent et de bien trop près », a témoigné Mike Modano à qui on a demandé de commenter l’efficacité des coups de hanche qu’il savait distribuer.

Rob Blake a grandi avec Larry Robinson comme idole. Comme lui, il a fait régner la loi avec ses coups de hanche. Comme lui il savait se porter en attaque également. Comme lui, il savait contrôler l’allure du match quand il était sur la patinoire.

« Je suis un gars choyé. Car après avoir tenté de copier Larry Robinson pour maximiser mes chances d’atteindre la LNH, j’ai amorcé ma carrière à ses côtés avec les Kings de Los Angeles. Me voici 25 ans plus tard aux portes du Temple de la renommée où j’irai rejoindre Robinson et les plus grands défenseurs de l’histoire. C’est un honneur qui me comble au plus haut point. Je ne pourrais demander mieux », assurait Blake lors du point de presse des futurs intronisés vendredi dernier.

Peter Forsberg, qui s’était souvent frotté à Rob Blake alors qu’il défendait les couleurs des Kings de Los Angeles, croyait que son arrivée au Colorado représentait une bonne nouvelle. Mais l’arrivée du défenseur a failli lui coûter cher. « Vous me demandez si j’aimais Rob? Pas au début. Pas du tout. Dès sa première pratique, on travaillait l’attaque massive. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis rendu devant le filet, là où j’allais rarement, et son premier tir a dévié sur un défenseur avant de m’atteindre à la tête. Disons que notre premier contact a été particulier. Mais il s’est très bien repris ensuite », a raconté Peter Forsberg lors du forum avec les partisans samedi au Temple de la renommée.

En plus de soulever une coupe Stanley (2001) et un trophée Norris (1998), Blake s’est retrouvé trois fois au sein de la brigade défensive du Canada aux Jeux olympiques de 1998, 2002 et 2006 et cinq fois à la ligne bleue du Canada dans le cadre de Championnats du monde. Blake est d’ailleurs l’un des 25 joueurs seulement décorés de la triple couronne du hockey : une coupe Stanley, une médaille d’or olympique et un titre de champion du monde.

Aujourd’hui directeur général adjoint des Kings de Los Angeles, Rob Blake travaille comme il jouait. D’une façon adéquate et discrète. « Nous avons les mains pleines avec les blessures – sans oublier la suspension de Slava Voynov – et les difficultés à respecter le plafond salarial. Mais nous y arriverons. »