MONTRÉAL – L’importance de se réinventer a marqué l’année 2020 et Samuel Morin s’y attelait déjà en se remettant d’une deuxième déchirure du ligament croisé antérieur. Mais il ne s’imaginait guère que le concept serait poussé aussi loin que de se transformer en attaquant. 

Une fois le choc encaissé, quand Alain Vigneault lui a proposé ce plan en octobre, Morin a décidé de foncer vers cette nouvelle aventure. Un peu à l’image des entreprises qui ont métamorphosé leur modèle d’affaires ou même leur expertise, Morin a compris que ça lui offrait un chemin plus réaliste pour s’établir dans la LNH avec les Flyers de Philadelphie. 

La profondeur à la ligne bleue ne lui laissait sensiblement aucune chance à court terme. Ça sonnait aussi plus logique de lui confier un rôle d’attaquant de soutien puisque c’est plus facile de limiter son utilisation. 

« Étant donné qu’il a manqué pratiquement trois saisons complètes, ç’aurait été très difficile de percer notre formation en tant que défenseur. Je lui ai parlé de cette option, celle d’un ailier gros format qui pourrait nous aider sur l’échec-avant. Vu que c’est un ancien défenseur, il sait le travail qui doit être accompli dans notre territoire », a réagi Vigneault, lundi, au RDS.ca. 

Lundi, après plusieurs mois d’entraînement, Morin a goûté à sa première journée du camp d’entraînement 2021 des Flyers. Jumelé à Scott Laughton et Linus Sandin, le colosse de six pieds sept pouces et 221 livres s’est bien débrouillé selon quelques journalistes présents au camp de l’organisation.

« Ce fut une première expérience et j’ai aimé ce que j’ai vu. Ce qu’on a devant nous, c’est un jeune qui est toujours plein d’ardeur. Il est toujours à son maximum. Tout le monde qui le connaît l’aime comme individu et souhaite qu’il réussisse. Avec ses blessures, c’est l’avenue qui lui procure la meilleure chance de peut-être jouer dans la LNH cette année », a ajouté Vigneault. 

Évidemment, le report du lancement de la saison de la Ligue américaine de hockey – au 5 février pour l’instant - a constitué un facteur dans le portrait. 

« On ne sait pas si la LAH va partir. Si leur calendrier avait débuté, il aurait peut-être commencé comme défenseur là-bas et il aurait pu retrouver son synchronisme. On ne le sait pas donc on commence comme attaquant et on verra », a précisé l’entraîneur-chef. 

Les Flyers ont annoncé cette nouvelle le 31 décembre prouvant que rien n’était impossible en 2020. La mission de l’organisation consiste justement à tout mettre en œuvre pour que ça fonctionne. Un plan a donc été concocté et Vigneault s’est surtout tourné vers deux ressources précieuses dont une étonnante, à première vue. 

Alain VigneaultIl n’y a rien de surprenant au fait que ce projet ait été confié à Ian Laperrière qui a franchi le plateau des 1000 matchs dans la LNH grâce à sa polyvalence, son jeu physique et son efficacité. Mais c’était intéressant d’apprendre que Daniel Brière a été ajouté à ce dossier de développement. 

« Ian a été avec lui dès le début. Je pense que j’en ai même parlé avec Ian avant d’en discuter avec Sam. On a également ajouté Daniel Brière dans l’équation. Peut-être que les gens diront que Daniel avait beaucoup plus d’habiletés que Sam, mais il a une belle façon de communiquer avec les jeunes et c’est un francophone en plus. On l’a amené sur la patinoire avec lui quelques fois. Ils ont fait du vidéo ensemble. On met toutes les chances de notre côté et le jeune est plein de bonne volonté. On va se croiser les doigts et peut-être que ce sera une belle option pour nous dans l’avenir », a raconté Vigneault alors que le profil de Matt Martin est étudié en profondeur. 

Cette vision n’est pas apparue dans les pensées de Vigneault par hasard. Bien des observateurs ont conclu, cet été, après l’élimination des Flyers en deuxième ronde face aux Islanders, que la troupe de Philadelphie manquait de robustesse en attaque. 

Au cours des trois dernières saisons, la santé de Morin ne lui a pas permis de jouer plus que 28 petites parties professionnelles. Ainsi, c’est plutôt fascinant de voir qu’il cadre dans le portrait pour un rôle avec les Flyers cette année. L’escouade volante représente, sans contredit, un débouché approprié et les risques de le perdre au ballottage, pour l’insérer dans la formation, sont moindres. À l'aile gauche, il devra lutter notamment avec James van Riemsdyk et Michael Raffl pour épauler Claude Giroux et Oskar Lindblom de ce côté. 

Les retours de Nolan Patrick et Oskar Lindblom retiennent l'attention

S’il parvient à surmonter ce grand défi, Morin écrirait une belle histoire. Ce serait un boni pour les Flyers de pouvoir relancer la carrière de ce choix de première ronde en 2013. Le club de Vigneault comporte d’ailleurs deux autres exemples de résilience en Lindblom et Nolan Patrick. 

« On se doit de performer »

Les espoirs sont grands envers ces deux talentueux attaquants qui retiennent l’attention dans ce camp d’entraînement écourté. Alors que Lindblom semble en belle santé après avoir été frappé par le cancer, Patrick a enfin obtenu le feu vert pour les contacts à la suite de migraines persistantes l’ayant tenu à l’écart du jeu depuis le 2 avril 2019. 

« J’ai trouvé que Nolan a très bien paru. Son niveau d’énergie est très élevé. Je ne lui ai pas parlé longuement aujourd’hui, mais je vois l’excitation en lui de retrouver ses coéquipiers et de s’amuser. C’est réciproque pour ses partenaires. Il était sans doute bien nerveux, mais c’était une journée très positive pour Nolan et notre club », a témoigné Vigneault à propos du deuxième choix, derrière Nico Hischier, du repêchage de 2017. 

Vigneault se trouve donc à découvrir Patrick en tant que joueur. Il l’a surtout observé à sa première saison, en 2018-2019, quand il dirigeait les Rangers de New York. 

« Ça ressemble à ça. Je ne me souviens pas de l’avoir vu avec le groupe en entier l’an dernier. J’apprends à le connaître, c’est comme ma première introduction. J’ai bien aimé ce que j’ai vu de lui sur la patinoire et à l’extérieur. Son attitude, son très beau sourire. On aborde les choses une journée à la fois », a convenu l’entraîneur. 

Par contre, peut-être que Vigneault trouvera que Patrick aurait pu avoir une meilleure attitude avec les journalistes. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu un hockeyeur de la LNH si peu intéressé à répondre à des questions des médias.

Même si le temps presse avant le lancement de la saison, le 13 janvier, Vigneault et ses adjoints ont choisi d’accorder des récompenses à quelques jeunes pour les deux premières journées du camp d’entraînement. Ensuite, les Flyers passeront davantage aux combinaisons envisagées. 

Ainsi, Vigneault a jumelé Tyson Foerster, le choix de première ronde des Flyers au dernier repêchage, à Sean Couturier et James van Riemsdyk qui ont aussi été sélectionnés au premier tour. Ce n’est pas tout, les Flyers ont démontré une autre belle intention envers Foerster qui a été privé d’un repêchage habituel par la COVID-19.  

« On a recréé le moment en le faisant monter sur la scène avec tout le monde. Il a enfilé son chandail et on a pris une photo », a décrit Vigneault. 

En terminant, Vigneault ne sonne pas trop inquiet à propos des ajustements à un calendrier réduit. Il a mentionné que tous les membres de son personnel d’entraîneurs possèdent de l’expérience dans un tel contexte. De plus, ils ont contacté des entraîneurs qui ont vécu la saison 1994-1995 alors que Vigneault s’est replongé dans ses notes de 2012-2013 tandis qu’il pilotait les Canucks de Vancouver. À défaut de disputer des matchs préparatoires, une répétition sera également au rendez-vous alors qu’il formera deux équipes avec ses joueurs pour un match simulé qui sera joué en soirée.