TORONTO – Tout ce qui manquait pour faire de l’entrée de Martin Brodeur au Temple de la renommée une entrée parfaitement réussie était la présence de son père Denis accroupi au coin de la scène, l’œil vif bien appuyé sur le viseur de son appareil, en train de mitrailler son fils avec l’une de ses caméras accrochée à son cou.

« Il ne sera pas là, mais je sentirai sa présence. Je sais qu’il serait très fier et très heureux. Je sais aussi que s’il était là, il prendrait certainement des tas de photos », a lancé Martin Brodeur lors de la rencontre de vendredi avec les intronisés.

Dernier intronisé à monter sur scène, Martin Brodeur a reçu sa plaque de ses anciens coéquipiers défenseurs et grands complices Scott Stevens et Scott Niedermayer.

« C’est ça qui est ça. C’est vraiment spécial », a lancé nerveusement Martin Brodeur en arrivant au podium, devant lequel il a d’abord échappé son discours. Tout un contraste pour un gardien qui a rarement échappé des rondelles filant autour de lui.

Dans un discours très émotif, Brodeur a remercié tous ceux qui l’ont aidé à connaître la carrière qu’il a connue.

Brodeur s’est attardé longuement, et en français, aux responsables du hockey mineur de Saint-Léonard, aux membres des états-majors des équipes de Montréal-Bourassa dans le midget AAA et du Laser de Saint-Hyacinthe son équipe dans la LHJMQ. Il a d’ailleurs souligné l’apport de ses entraîneurs avec le Laser, dont le collègue Norman Flynn.

Affaire de famille

C’est lorsqu’il a été question de ses parents, aujourd’hui décédés, de son frère Claude, décédé également, de son autre frère Denis fils, de sa sœur qui l’ont conduit aux quatre coins de la ville « parce que j’étais le plus jeune de la famille », de son épouse et leurs enfants que Brodeur a eu la voix la plus étreinte par l’émotion.

Et c’est normal.

Pendant des années, en fait non, durant toute sa carrière, on pouvait difficilement dissocier les noms de Martin et de son père Denis. Ancien gardien qui a aidé le Canada à gagner une médaille de bronze au tournoi de hockey des JO de Cortina D’Ampezzo en 1956, Denis Brodeur a eu une grande influence sur la vie sportive de son fils.

Brodeur et St-Louis parmi les immortels

Il ne l’a pas seulement incité à suivre ses traces au hockey, mais à titre de photographe professionnel qui a immortalisé tous les grands et petits moments du sport à Montréal, Denis Brodeur a plongé ses enfants, dont Martin, dans le sport dès sa naissance.

« Je ne sais pas combien de fois j’ai vu les grands joueurs du Canadien et des autres équipes de la LNH ou des Expos au Forum ou au Stade où j’ai d’ailleurs déjà été «batboy» lors des camps d’entraînement. Des fois, ces grands joueurs passaient à la maison pour venir chercher des photos que mon père avait développées pour eux. Il a été très présent dans toutes les étapes de ma vie. Il a été très proche », soulignait Brodeur avec un respect senti à l’endroit de son père.

Au-delà les coupes Stanley, les trophées Vézina et tous les honneurs qu’il a récoltés au cours de sa carrière, Brodeur fils croit que Brodeur père n’a jamais été aussi fier que lors de la conquête de la médaille d’or aux Jeux de Salt Lake City en 2002.

« Ça lui a permis de me rappeler plusieurs fois que lui aussi était un bon gardien », a ajouté Brodeur… le fils.

Éloges de tous

Martin Brodeur a reçu les éloges d’anciens coéquipiers, d’anciens adversaires, d’anciens entraîneurs-chefs croisés aux quatre coins de la planète hockey.

« Nous avions une bonne équipe et un bon corps défensif devant Martin, mais c’est toujours plus facile de performer quand tu sais qu’il y a un mur comme lui derrière toi pour réparer tes erreurs », a commenté Ken Daneyko, le troisième membre du Big Three qui épaulait Brodeur au New Jersey.

Luc Gélinas s’entretient avec Scott Niedermayer

Directeur général des Devils, qui ont repêché Brodeur au 20e rang de la première ronde en 1990, Lou Lamoriello s’est bien gardé de triompher avec cette sélection qui lui avait été brillamment suggérée par son dépisteur amateur au Québec : Claude Carrier.

« Si j’avais été convaincu de mon choix, je n’aurais jamais accepté d’échanger ma 11e sélection aux Flames de Calgary pour obtenir leur 20e de la première ronde et une autre en troisième. Il faut croire que nous avons été chanceux qu’il soit encore disponible lorsque nous avons parlé », a commenté Lamoriello avec un sourire de satisfaction accroché au visage.

En passant, les Flames avaient profité de la 11e sélection pour sélectionner le gardien… Trevor Kidd qui a disputé 387 matchs dans la LNH et signé 140 victoires.

Le témoignage le plus senti est venu de la bouche de Jacques Caron, son entraîneur des gardiens avec les Devils du New Jersey. « Quand on me demande qu’est-ce que ça prend pour être un bon coach de gardien, je réponds toujours : ça prend un bon gardien. Et il n’y a pas eu de meilleur gardien que Martin Brodeur. »

Ce à quoi le principal intéressé a répondu dans le cadre de son discours. «J’ai toujours profité des bons conseils de Jacques Caron. Grâce à lui et ses commentaires, ce n’était jamais ma faute quand on perdait et c’était grâce à moi quand on gagnait. Ça m’a toujours aidé à garder confiance», a conclu Brodeur.

Luc Gélinas en entrevue avec Jacques Caron
Lou Lamoriello est l’invité de Luc Gélinas