MONTRÉAL - À l’aube de sa troisième saison à la barre des Flyers de Philadelphie, Alain Vigneault a maintenant sous la main une équipe à son image.

Après une saison décevante qui s’est soldée par une récolte de 58 points, 13 de moins que les Islanders de New York qui ont terminé au quatrième rang dans la division Est, la dernière place permettant d’accéder aux séries, son directeur général Chuck Fletcher a multiplié transactions et embauches pour lui offrir des joueurs qui cadrent davantage avec sa philosophie et les systèmes de jeu qu’il préconise pour mousser les chances de victoire de son équipe.

 

Fort de ces cadeaux offerts au cours des derniers mois, Alain Vigneault est très conscient qu’il doit maintenant livrer la marchandise. Le défi est de taille considérant la parité qui prévaut dans la division Métropolitaine. Mais ce défi, Vigneault entend le relever.

 

« Cliff a fait un travail exceptionnel au cours de la saison morte et c’est maintenant à moi de faire ma job », que l’entraîneur-chef m’a répondu lors d’une récente entrevue.

 

Talent, expérience, leadership

 

C’est à la ligne bleue que les Flyers ont apporté les plus gros changements :

 

Le vétéran Ryan Ellis et son contrat — valeur annuelle de 6,25 millions sous le plafond jusqu’en 2027 — ont été acquis, le 17 juillet dernier, des Predators de Nashville en retour du défenseur Philippe Myers et de Nolan Patrick qui est passé, quelques heures plus tard aux Golden Knights de Las Vegas.

 

Six jours plus tard, les Flyers ont acquis le gros défenseur finlandais Rasmus Ristolainen des Sabres de Buffalo à qui ils ont donné l’arrière Robert Hägg, un choix de première ronde au dernier repêchage – les Sabres ont sélectionné l’ailier droit suédois Isak Rosén au 14e rang – et un choix de deuxième ronde en 2023.

 

Cliff Fletcher a ensuite profité de l’ouverture du marché des joueurs autonomes pour embaucher Keith Yandle malgré ses 35 ans et ses lacunes défensives reconnues.

 

À l’attaque, les Flyers ont conclu une transaction importante qui a chassé Jakub Voracek de Philadelphie où il évoluait depuis 2011. Voracek est retourné à Columbus où il a amorcé sa carrière dans la LNH en retour de Cam Atkinson.

 

Les vétérans Derick Brassard et Nate Thompson – de retour avec les Flyers après une saison avec les Jets à Winnipeg – ont aussi été embauchés à titre de joueurs autonomes afin de donner plus de profondeur à l’attaque.

 

Devant le filet, Cliff Fletcher a décidé de remplacer Brian Elliott – il est maintenant à Tampa Bay – par Martin Jones à titre de « parrain » du jeune gardien Carter Hart qui a connu une saison très difficile l’an dernier devant la cage des Flyers.

 

S’il se garde bien de défiler quelque critique que ce soit à l’égard des joueurs qui ont été liquidés par son directeur général, Alain Vigneault multiplie les commentaires positifs à l’endroit des nouveaux venus.

 

« Une fois la saison terminée le printemps dernier, on s’est donné quelques jours pour encaisser le coup. Nous nous sommes ensuite réunis et avons dressé une liste de changements que nous voulions apporter. On a mis plusieurs noms sur la liste de joueurs visés. Si Cliff avait pu aller en chercher deux ou trois, j’aurais été très heureux, mais il a réussi à faire l’acquisition de tous les gars que nous avions dans la mire », lance Vigneault avec enthousiasme.

 

« Ryan Ellis a prouvé au fil des ans à quel point il était un défenseur important à Nashville. Nous avions besoin de son expérience et de son leadership pour appuyer nos jeunes défenseurs. À 30 ans, il est encore jeune et sera un atout important dans le développement et l’encadrement d’Ivan Provorov », assure Vigneault avec confiance.

 

Rasmus Ristolainen amorce la dernière année de son contrat. À 26 ans, le Finlandais repêché en première ronde par les Sabres de Buffalo en 2013 (8e sélection) n’a pas encore établi sa vraie nature dans la LNH. Après quatre saisons consécutives de 40 points, il a connu des baisses de régime lors des deux dernières années. Il faut dire qu’il était devenu – et ce sera encore le cas cette saison – pénible d’évoluer à Buffalo pour des Sabres qui semblent inventer des moyens pour s’enfoncer au classement au lieu de se hisser vers les séries. Un changement d’air et la motivation normale de vouloir bien faire à l’aube d’une dernière année de contrat pour permettre aux Flyers de maximiser les conséquences positives de cette acquisition.

 

Dans le cas de Keith Yandle, c’est différent. Si Alain Vigneault et l’état-major des Flyers s’arrachaient souvent les cheveux en raison des lacunes défensives de Shayne Gosthisbere, ils doivent s’attendre à ce le vétéran leur donne de l’urticaire par moment. Car bien qu’il soit reconnu pour ses talents offensifs, Yandle est loin d’être une valeur sûre en défensive.

 

« On savait exactement qui on allait chercher en embauchant Yandle. À 36 ans, il a accepté un contrat d’une saison et il vient nous donner de la profondeur à la ligne bleue. Keith est reconnu pour ses qualités offensives, mais ce que les amateurs savent moins c’est qu’il est un excellent gars d’équipe. Un des meilleurs que j’ai eu la chance de diriger dans la LNH» , a précisé Vigneault qui a eu Yandle sous ses ordres pendant son séjour à la barre des Rangers de New York.

 

En prime, l’acquisition de Yandle à 900 000 $ permet aux Flyers d’économiser 3,6 millions $ puisqu’ils avaient échangé Shayne Gostisbehere et son salaire moyen de 4,5 millions $ pour les deux prochaines saisons aux Coyotes de l’Arizona.

 

Mieux encadrer Claude Giroux

 

Bien qu’il soit maintenant âgé de 33 ans et que ses meilleures années soient derrière lui, Claude Giroux est encore un rouage important chez les Flyers.

 

Alain Vigneault est d’ailleurs convaincu que les changements apportés par son directeur général aideront son capitaine à maintenir, voire à mousser sa production offensive même s’il a perdu son principal ailier avec le départ de Jakub Voracek.

 

« Nos nouveaux défenseurs vont contribuer à mieux relancer notre attaque. L’acquisition de Cam Atkinson apportera aussi du dynamisme à notre attaque. Une attaque plus diversifiée aidera Claude qui a encore du très bon hockey à donner j’en suis convaincu. La pandémie a eu des impacts sur l’entraînement personnel des joueurs entre les deux saisons écourtées. Cette année, Claude est revenu en grande forme parce qu’il a été plus en mesure de s’entraîner pendant la saison morte. C’est la même chose pour Derick Brassard et Nate Thompson. On les connaît tous les deux. On sait ce qu’on peut obtenir d’eux. Je connais Derick depuis longtemps. On vient tous les deux de Gatineau. C’est un gars qui donne son meilleur hockey quand ça compte pour vrai. Je suis convaincu qu’il aura une influence positive sur notre groupe. Et il ne faut pas oublier non plus nos autres leaders qui appuient Claude depuis des années. Ils ont plus d’expérience maintenant. Ça nous donnera plus de profondeur à l’attaque comme à la ligne bleue. Et la profondeur est maintenant indispensable pour toutes les équipes de la LNH en raison du calendrier serré et des blessures qui surviennent en cours de saison. »

 

Relancer Carter Hart

 

S’il est convaincu que Ryan Ellis, Keith Yandle, Derick Brassard et les autres vétérans qui viendront solidifier l’attaque et la défensive de ses Flyers auront une influence positive sur son équipe, Alain Vigneault mise également sur le vétéran Martin Jones pour épauler le jeune gardien Carter Hart.

 

Après deux saisons plus que prometteuses – fiche de 16-13-1, 91,7 % d’efficacité, 2,83 buts alloués par match en 2018-2019, fiche de 24-13-3, 91,4 % d’efficacité, 2,42 buts alloués par match en 2019-2020 – le gardien d’avenir des Flyers a frappé un mur l’an dernier.

 

Ses neuf victoires en 25 matchs (9-11-5), une efficacité qui a plongé à 87,7 % et une moyenne de 3,67 buts alloués par match ont miné les chances des Flyers d’atteindre les séries.

 

« Dans la LNH d’aujourd’hui, tu as beau avoir les meilleurs joueurs, les meilleures unités spéciales, les meilleurs plans de match, tu ne peux pas gagner si ton gardien ne te donne pas de solides performances. Ce n’est pas juste vrai à Philly, c’est vrai partout. À mes yeux, les succès d’une équipe reposent à 75 % sur la tenue de son gardien. C’est énorme ! C’est pour cette raison qu’il faut aider nos gardiens de toutes les façons possibles. Avec Martin Jones, on a mis la main sur un vétéran qui sera en mesure d’aider Carter à jouer comme il est capable de le faire », affirme Alain Vigneault.

 

Prédictions impossibles à faire

 

Après deux saisons minées par la COVID-19, Alain Vigneault souhaite que sa troisième saison à la barre des Flyers se déroule non seulement dans des cadres normaux, mais qu’elle permette aux Flyers d’obtenir les résultats attendus par leurs partisans.

 

À la troisième année d’un contrat de cinq ans qui lui rapporte 5 millions $ par année, l’entraîneur-chef qui a fait ses débuts comme entraîneur-chef dans la LNH avec le Canadien en 1998 et qui a atteint la finale de la coupe Stanley à deux reprises avec les Canucks – défaite aux mains des Bruins de Boston en 2011, et avec les Rangers – défaite aux mains des Kings de Los Angeles en 2014 – sait que la pression de gagner sera plus vive cette année.

 

Bien qu’il vise les plus hauts sommets, Vigneault admet qu’il est rendu très difficile de se lancer dans des prédictions.

 

« Est-ce que tu es capable de me dire quels clubs feront les séries dans notre division? Moi en tout cas, je ne suis pas capable. Je ne me lancerais même pas dans un classement possible en raison de la parité. Avec le plafond, tous les clubs sont bâtis de la même manière. On mise tous sur nos forces. On souhaite tous être le plus possible capables de composer avec nos lacunes. Il est primordial de rester en santé, d’avoir un gardien qui fait le travail et d’avoir de la profondeur pour traverser les moments difficiles qui frappent toutes les équipes au cours de l’année. Je sais que les partisans attendent beaucoup de leur club. Ici à Philadelphie, comme à Montréal et dans toutes les villes canadiennes et les gros marchés aux États-Unis. Mais la réalité est bien simple. Tous les clubs peuvent gagner. Je ne sais pas qui feront les séries et qui se rendra jusqu’au bout, mais on va tout faire encore cette année pour que ce soient les Flyers. »

 

Après un calendrier préparatoire au cours duquel ils ont signé deux victoires et encaissé quatre revers – une défaite en prolongation – les Flyers amorceront la 55e saison de leur histoire le vendredi 15 octobre prochain. Ils accueilleront les Canucks de Vancouver dans le cadre du premier d’une série de quatre matchs consécutifs à domicile. Le Kraken de Seattle, les Bruins de Boston et les Panthers de la Floride feront ensuite escale au Wells Fargo Center.

 

Les Flyers et le Canadien se croiseront à trois reprises cette année : les 16 décembre et 21 avril au Centre Bell et le 13 mars à Philadelphie.