MONTRÉAL – La petite crise de colère de Nathan MacKinnon envers son entraîneur Jared Bednar s’est répandue comme une traînée de poudre sur la planète hockey et sa visite à Montréal lui a permis d’assumer le blâme dans cette histoire.

 

Bien sûr, l’organisation de l’Avalanche du Colorado aurait sans doute souhaité que le prochain arrêt du club ne survienne pas dans un marché aussi passionné de hockey que la métropole québécoise.

 

D’un autre côté, l’abcès a été crevé pour de bon devant une masse de journalistes et l’équipe – qui a obtenu une seule victoire depuis neuf matchs (1-6-2) – pourra s’attarder à retrouver son aplomb.

 

« Je prends mes responsabilités »

« C’est inacceptable de ma part. Je ne peux pas agir de cette façon. J’étais frustré, on a perdu huit de nos neuf derniers matchs. Ils venaient de marquer dans un filet désert et j’étais frustré. J’aime jouer pour Bednar, tout le monde aime jouer pour lui. C’est de ma faute et j’assume mes responsabilités », a confié MacKinnon qui était attendu dans le vestiaire des visiteurs au Centre Bell.

 

Au-delà de la déception des défaites, MacKinnon était fâché pour une raison bien précise.

 

« Je crois juste qu’on aurait dû retirer le gardien (plus vite après le 3e but de l’Avalanche) et il ne l’a pas fait. C’est tout. C’était stupide. J’ai été frustré parce qu’on a retiré le gardien », a-t-il prétendu.  

 

Sur le coup, Bednar est parvenu à rester de glace. On pourrait croire qu’il a conservé son visage de poker parce qu’il se savait filmé par les caméras, mais il l’explique plutôt ainsi.

 

« C’est juste ainsi que je suis. Je ne me laisse pas affecter par ça (thick skin). Je pense que, dans ce milieu, les confrontations et les émotions entre les joueurs et les entraîneurs ne sont pas toujours une chose négative. En autant que tu canalises le tout de la bonne façon. Je n’ai aucun problème que des joueurs démontrent des émotions.

 

« Je ne suis pas un gars sensible et c’est la même chose pour Nate. On a des échanges comme ceux-ci à l’occasion et ça survient aussi avec d’autres joueurs », a déclaré l’entraîneur qui était souriant durant l’entraînement des siens.

 

Évidemment, Bednar connaît aussi très bien le pur-sang qu’est MacKinnon.  

 

« Moi et tous les joueurs dans l’équipe sommes frustrés présentement. Le niveau d’émotions est élevé. En ce qui me concerne, ça ne m’a pas du tout dérangé. Voilà la chose que j’aime à propos de Nathan et certains joueurs du club, c’est le feu, la passion et les émotions avec lesquels ils jouent. C’est de ça dont tu as besoin dans ce sport.

 

« Voilà ce qui le rend si bon donc je ne voudrais jamais freiner ça. Mon travail, en tant qu’entraîneur, c’est de m’assurer qu’on utilise cette passion et cette énergie aux bons endroits et d’une manière positive. C’est ce qui mène à des victoires », a-t-il indiqué.

 

Cet épisode pourrait permettre à MacKinnon d’ajouter une autre couche de maturité à sa personnalité.

 

« Ça peut arriver dans la LNH, on est compétitifs. On veut gagner et on ne gagne pas. C’est dommage que les caméras l’aient capté. Après le match à Calgary, j’ai aussi été bruyant dans ma chambre d’hôtel. Je ressemblais à un idiot en criant. Ça ne doit pas se produire. Je vais devenir meilleur grâce à ça », a prononcé le redoutable patineur.

 

« Il n’y a pas de doute qu’il grandira de cet incident. Comme je l’ai entendu dire, c’est inacceptable et il n’avait pas à agir de la sorte. Mais nous sommes tous humains et nous avons des émotions. Je peux comprendre sa réaction. Quand tu traverses une période creuse, tu te fâches plus vite. Mais en même temps, tu n’envoies pas le bon message au reste de l’équipe quand tu perds patience. Je sais qu’il apprendra », a spécifié son capitaine, Gabriel Landeskog.

 

Une discussion pour assainir le tout

 

C’était inutile d’attendre au lendemain, Bednar devait s’entretenir avec son protégé sans tarder.

 

« J’avais déjà oublié ce qui s’était passé quand on marchait vers le vestiaire. Évidemment, je trouvais qu’on devait en parler et on l’a fait », a convenu Bednar.

 

« C’est quand même drôle, je passe pour un fou furieux. Je me sens mal de tout ça. C’est ma faute. C’était réglé 20 minutes après le match. Bednar est le gars le moins sensible de tous. Il est correct et moi aussi. J’adore jouer pour lui », a noté l’ancien des Mooseheads de Halifax.

 

« Tout le monde était frustré. Je n’ai pas d’excuses. Tous mes coéquipiers veulent gagner autant que moi, mais ils ont mieux géré le tout que moi. Je ne peux pas perdre mon calme et parler comme ça à l’entraîneur », a-t-il enchaîné.

 

Landeskog et Girard n’en veulent pas trop à MacKinnon

 

Posté à quelques pieds de son jeune coéquipier dans le vestiaire, Landeskog était content d’entendre MacKinnon assumer ses torts.

 

« C’est une bonne histoire pour les médias, ça vous fait des choses à parler. Mais ça se résume par la frustration, on veut gagner. On travaille tous fort, les joueurs, les entraîneurs, les gars de l’équipement. Parfois, la marmite déborde. Nathan peut devenir à fleur de peau, il a cette équipe à cœur », a résumé Landeskog.

 

Sondé sur le sujet du jour, le défenseur Samuel Girard n’a pas évité la question comme à son habitude.

 

« On va se le dire, on s’en fout un peu. Nate est un gars émotif et c’est un gagnant donc il veut gagner. Pour nous, c’est une chose normale, ce sont les émotions. C’était un peu trop fort, mais on sait tous qu’il fait ça pour le bien de l’équipe », a commenté Girard tout en vantant les qualités de meneur de MacKinnon.  

 

En essayant de calmer MacKinnon, Landeskog l’a plutôt renversé au sol et il l’a aidé à le ramener sur le banc. Cette conclusion cocasse fait bien rire les deux hommes maintenant.

 

« J’aurais dû le laisser par terre! Mais je suis un bon gars et j’ai choisi de le relever », a conclu Landeskog.​

« Tous nos joueurs sont frustrés »
ContentId(3.1304374):MacKinnon en furie contre son entraîneur
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