WASHINGTON – Si je me souviens bien de ce que m’a appris un prof de français au cégep il y a déjà bien longtemps, la formule gagnante des romans, films et séries télé à succès est la suivante : établir une quête à ton personnage principal, lui faire traverser une série d’épreuves et idéalement donner l’impression qu’il ne pourra pas s’en sortir et, vous l’aurez deviné, lui offrir la consécration par le bien d’une résurrection improbable.

 

Les Golden Knights de Las Vegas s’engloutissent dans l’épreuve. Malgré leur vaillant effort de lundi, les voilà à une défaite d’une élimination de la finale de la Coupe Stanley.

 

Afin de respecter la formule à succès des films hollywoodiens – parlant d’Hollywood n’est-ce pas le grand Hulk Hogan qui avait cette habitude aussi de faire le mort au milieu de l’arène et de renaître grâce aux appels de ses fans qui scandaient son nom? – les Golden Knights devraient être sur le bord de se réveiller. De renaître. De ressusciter.

 

Bon! Ce qui est bon dans les films et à la lutte ne l’est pas nécessairement au hockey. Du moins pas en finale de la Coupe Stanley.

 

Car contrairement à ce que plusieurs amateurs prétendent depuis des semaines sur les médias sociaux en assurant que la LNH favorise les Golden Knights depuis des mois simplement pour redorer l’image de la Ligue, la finale n’est pas truquée. Vous parlerez de ces faveurs à l’entraîneur-chef Gerard Gallant qui se demande toujours aujourd’hui – avec raison – pourquoi les Caps ont pu marquer leur cinquième but après que T.J. Oshie eut cassé le nez de Colin Miller avec un coup d’épaule au visage. Pas sûr que le bon Gerard gardera son sourire…

 

Anyway!

 

Déjà que les Golden Knights offrent un scénario tout beau et tout ficelé pour immortaliser leur première saison, il est vrai qu’une remontée de trois victoires de suite pour finalement soulever la coupe Stanley ferait sauter la banque.

 

Mais avant de penser à gagner trois matchs, les Golden Knights doivent d’abord penser à en gagner un. Ce que tentait de faire comprendre Pierre-Édouard Bellemare à tous les journalistes qui lui parlaient de l’immense défi qui se dresse devant son équipe.

 

« Vous regardez devant et vous voyez trois victoires alors que moi je n’en vois qu’une. On a connu du succès toute l’année en fixant notre regard sur demain, sur le prochain match, sur notre prochaine présence. C’est ce qu’on doit faire encore », philosophait le cousin français après la rencontre.

 

En passant, peu importe l’issue de la finale, Pierre-Édouard Bellemare sera, à bien des égards, ma révélation des séries. À titre de joueur de hockey, il a démontré une fougue, un aplomb et une efficacité exemplaire au sein du quatrième trio des Knights. Le meilleur de l’équipe depuis le début de la finale. Bellemare est meilleur encore dans le vestiaire alors que ses analyses, ses commentaires et sa façon de voir et de parler du hockey est rafraichissante et ô combien intéressante.

 

Des Capitals en mission

 

Au-delà les bons mots de Bellemare, au-delà le scénario de rêve associé à une victoire, une deuxième et une troisième des Golden Knights, la réalité demeure bien terne : ils sont acculés au pied du mur et les Capitals de Washington, à commencer par leur capitaine Alexander Ovechkin, sont en mission. Ils veulent enfin venger les insuccès des dernières années qui ont miné leur équipe et enfin soulever la coupe Stanley pour la première fois de leur histoire (44 ans).

 

« Si je pense à la coupe Stanley maintenant que nous sommes en avant 3-1? Non! Pas encore. Pas du tout », a simplement répondu Barry Trotz lorsqu’on lui a demandé après la victoire de 6-2 de son équipe s’il commençait à voir le trophée scintiller.

 

Lorsque je lui ai demandé mardi matin avant le départ de son club vers Las Vegas si ses joueurs pourraient être tentés de lever le pied jeudi afin de gagner devant leurs partisans qui ont paralysé le centre-ville de Washington lors des deux dernières parties, l’entraîneur-chef des Caps a été catégorique. « Il n’y a aucune chance que cela arrive. »

 

Pourtant, la nature humaine étant ce qu’elle est, les Capitals pourraient se sentir en parfait contrôle alors qu’ils sont en avant 3-1 dans la finale. « En finale de la Coupe Stanley, il n’y a pas de coussin. Mon message est simple, il nous reste une victoire à aller chercher et nous devons aller la chercher le plus vite possible. Il est hors de question de se dire que nous allons gagner à la maison. Tout ce qui compte c’est de gagner. Et de gagner maintenant », a martelé Barry Trotz.

Au printemps 2015, en deuxième ronde des séries, les Capitals ont échappé une avance de 3-1 pour finalement être éliminés par les Rangers de New York qui se sont ensuite retrouvés en finale de l’Est contre le Lightning de Tampa Bay.

 

L’expérience désagréable est encore en mémoire dans le vestiaire des Caps. « Avec toutes les tuiles que nous avons reçues sur la tête en séries au fil des dernières années, il n’y a pas un joueur qui va se complaire avec l’avance que nous avons en ce moment », indiquait d’ailleurs le défenseur Matt Niskanen.

 

Est-ce que le spectre de 2015 pourrait hanter les Caps?

 

« Non, a encore répliqué Barry Trotz. Nous avons traversé une série très difficile en première ronde. Nous avons battu un rival de toujours (Pittsburgh) en deuxième ronde et avons connu de l’adversité également en finale de l’Est. Notre équipe est beaucoup mieux préparée à faire face au défi qui se dresse devant nous qu’elle ne l’était lors des dernières années. »

 

« Nous sommes tous conscients de l’enjeu. Nous sommes tous conscients du fait que nous avons la chance de chasser les démons qui ont fait mal aux amateurs de sports de la capitale au fil des dernières années, et pas seulement au hockey. Mais il nous reste un match à gagner. Et cette victoire sera la plus difficile à aller chercher. Nous croisons un très bon club qui est très fort à la maison. Mais nous ne craignons pas les affronter. Nous venons de disputer notre je ne sais plus combien de parties – la 105e pour être précis – de l’année et les gars sont encore tous animés par le plaisir de jouer. Je les sens embarqués. Complètement dévoués à la cause de l’équipe. Ils ont tous les mains sur la corde et tirent ensemble dans la bonne direction. Joueur pour joueur, je compte sur un groupe sensationnel qui veut continuer à jouer et à se rendre jusqu’au bout », a lancé Barry Trotz.

 

À l’image de ses Capitals, Barry Trotz est en plein contrôle de la finale. Le ton calme et confiant qu’il affiche devant les journalistes est le même qu’il utilise lorsqu’il parle à ses joueurs. Après la victoire et le long point de presse qu’il venait de tenir, j’ai croisé Trotz à la sortie du Capital One Arena. Avec deux assiettes de bouffe ramassées dans le vestiaire, il quittait le « bureau » bien tranquillement. Il a échangé quelques mots avec des employés qu’il croisait en souhaitant une bonne fin de soirée à ceux qui passaient devant lui pendant qu’il gardait la porte ouverte. Comme quoi Trotz n’est pas seulement bon pour ouvrir les portes du banc des joueurs…

 

Messages des entraîneurs

 

Quel message Barry Trotz a livré à ses joueurs après la victoire de lundi et à l’aube d’un match qui pourrait les consacrer champions de la Coupe Stanley : « Reposez-vous. Préparez votre corps et votre concentration en vue d’un match qui sera difficile. Ils nous ont donné du trouble en début de match lundi. Nous avons été chanceux par moment et avons été en mesure de traverser la tempête et de reprendre le contrôle du match. On doit s’attendre à un scénario identique lors du prochain match. Ils sortiront en force. On devra prendre les moyens de les contenir et de maintenir le contrôle du match. Le fait que nous venons de disputer trois bons matchs, mais que je sais que nous pouvons être meilleurs encore est une source de satisfaction. »

 

ContentId(3.1278576):Coupe Stanley : les Capitals en finiront-ils dès jeudi? (LNH)
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À l’image des Capitals, les Golden Knights ont effectué l’envolée vers Las Vegas en journée mardi. Les deux clubs reprendront l’entraînement mercredi. D’ici là, le mot d’ordre sera repos.

 

Comme c’est son habitude, Gerard Gallant n’a pas parlé à ses joueurs après le revers de 6-2. Il ne leur parlera pas avant l’entraînement de mercredi.

 

« À ce moment-ci, il n’y a plus grand-chose à dire. Nos gars sont conscients de la situation. Il n’y a plus de marge d’erreur. D’une façon, c’est bien, car nous jouerons maintenant sans pression. Tout le monde nous compte pour battus. Les Capitals ont connu une très bonne saison. Ils sont sensationnels depuis le début des séries. Nous devrons jouer jeudi comme on l’a fait hier. Patiner, travailler, mettre des rondelles au filet et souhaiter que la chance tourne un peu en notre faveur. Le reste suivra », a philosophé Gallant qui entend toutefois ajuster le tir défensivement.

 

« Nous leur avons accordé beaucoup trop d’occasions de qualité. Quand vous regardez les buts marqués hier (lundi) trois sont venus en avantage numérique et à la suite de très beaux échanges est-ouest qui leur ont permis de marquer sur des tirs qui n’ont donné aucune chance à Marc-André [Fleury]. On sait que nous devons être plus serrés en défensives pour maximiser nos chances de gagner le prochain match », a conclu l’entraîneur-chef des Knights.