MONTRÉAL – Avant la saison, ça semblait un peu fou de croire que le Wild du Minnesota terminerait dans le top-10 de la LNH et à quelques petits points de l’Avalanche du Colorado et des Golden Knights de Las Vegas. Ainsi, s’il y a une équipe qui croit en ses chances de causer une surprise en séries, c’est bien celle-ci. 

De l’extérieur, l’ambition de vaincre les Golden Knights en première ronde apparaît démesurée. Pourtant, il faut savoir que le Wild a excellé face à Vegas, cette saison, avec un dossier de 5-1-2. 

Même si le défi demeure hasardeux, le Wild se rabat sur sa campagne épatante pour entamer cette confrontation avec confiance. 

« Il n'y a pas grand monde qui nous voyait dans la position qu’on se retrouve », a admis d’emblée Frédéric Chabot, l’entraîneur des gardiens du Wild.  

« Mais notre directeur général (Bill Guerin) a fait de bons changements dans les derniers mois ce qui a provoqué un bel effet sur l'équipe », a-t-il enchaîné comme explication initiale. 

Au fil des ans, le Wild s’est souvent rabattu sur sa brigade défensive – et son travail défensif collectif – pour embêter ses adversaires. Cette année, le portrait a changé alors que la troupe de Dean Evason est devenue plus menaçante.  

« Offensivement, on a marqué plus de buts que les gens pensaient. On est capable de marquer des buts avec de la finesse et de la vitesse ou bien en jouant de manière robuste. Nos défenseurs sont aussi bons que par le passé et nos deux gardiens ont connu de bons moments », a décrit Chabot. 

Le Québécois de 53 ans contribue donc directement à la belle tenue du Wild en chapeautant l’adaptation de Cam Talbot à sa nouvelle équipe et celle de Kaapo Kahkonen à la LNH. On s’y attaquera plus tard, mais il fallait d’abord rassasier notre curiosité à propos de l’explosive recrue de 24 ans, Kirill Kaprizov. Kirill Kaprizov

« Il a procuré un autre élément à notre équipe offensivement, il est capable de la mettre dedans tous les soirs », a souligné Chabot avec un vocabulaire nous rappelant d’envoyer une pensée à Jacques Demers. 

« Il peut compter n'importe quand et contre n'importe qui donc il peut vraiment changer l'allure d'un match. C'est sûr qu'il ne peut pas tout faire seul, mais il a un talent inné pour marquer. Il a une bonne vitesse, il n’a pas peur du jeu physique même s’il n’est pas très grand. [...] Est-ce que tout le monde s'attendait à ce qu'il marque autant de buts? Peut-être pas, mais quelques pièces sont tombées en place au bon moment et ça l'a aidé à générer de l’attaque soir après soir », a-t-il vanté en entrevue avec RDS.ca. 

La formule des « pièces qui sont tombées en place au bon moment » cadre à merveille avec l’année du Wild. Elle s’applique à plusieurs égards pour ce club qui n’a pas cessé d’étonner durant cette saison rocambolesque. 

En plus de Kaprizov, elle résume bien l’effet d’entraînement qui s’est créé dans ce groupe. En démarrant la saison avec quatre victoires en cinq sorties, c’est un peu comme si une pousse très prometteuse avait émergé d’un sol aride.

« Notre départ a donné le ton et on a tous eu le sentiment qu'on pouvait battre tout le monde On est presque toujours dans le coup, on est revenus de l’arrière plusieurs fois et on ne sent jamais qu'on est sortis d'un match », a noté Chabot alors qu’une recherche nous confirme l’impressionnante fiche de 12-11-3 quand l’adversaire marque le premier but. 

N’empêche que ça prend un entraîneur-chef solide pour mener cette expédition, avec succès, vers les hauteurs du classement. À l’image de son équipe, Evason semble avoir abouti au bon endroit au bon moment. À sa première année complète aux commandes du Wild, les résultats sont éloquents. 

« C’est un entraîneur d'expérience dans la LNH (9 saisons comme adjoint avec les Capitals et le Wild). Un peu comme les Guy Carbonneau de ce monde, c'est un joueur de centre qui a récolté beaucoup de points dans le junior, mais il a dû changer son style pour s’établir dans la LNH. C'est un gars qui était tough aussi, il n’avait pas froid aux yeux donc, quand vient le temps de diriger un groupe, il est très intense et il est exigeant pour que tout le monde fasse son travail sans avoir des demandes démesurées. C'est aussi un rassembleur, il a le bien-être de tout le monde à cœur tout en étant direct et sans zone grise », a exposé Chabot. 

Sous l’influence d’Evason, le Wild est parvenu à maximiser les points contre les clubs moins puissants de sa division (les Ducks, les Coyotes, les Kings et les Sharks) avec un dossier de 25-6-1. 

« L’équilibre de notre formation nous a aidé à avoir plus de constance contre ces équipes. Mais, comme dans toutes les divisions, ça donnait souvent des matchs serrés », a décrit Chabot qui a évoqué les noms de Kevin Fiala, Mats Zuccarello, Jordan Greenway, Joel Eriksson Ek et Marcus Foligno. 

Un contexte plus plaisant que les Oilers

Chabot est revenu dans la LNH, cette saison, après avoir consacré cinq années au développement des gardiens de l’organisation. Tout en le disant poliment, il reconnaît que ça lui a fait du bien d’arriver dans un contexte plus positif que celui qu’il a vécu de la saison 2009-2010 à la saison 2014-2015 chez les Oilers d’Edmonton. 

« Au début, avec les Oilers, je m'occupais des gardiens LNH, LAH et ECHL en plus du développement et du dépistage donc c'était beaucoup pour une personne. Ici, je peux plus me concentrer sur ce que je fais avec le Wild. Je me retrouve aussi dans un environnement différent, on a une meilleure équipe et une meilleure brigade défensive. Bref, on peut gagner tous les soirs. Edmonton, c'était une belle expérience, mais le contexte était difficile si bien qu’il y avait un nouvel entraîneur pratiquement chaque année et beaucoup de changements de joueurs. Chaque match, ça prenait une sortie extraordinaire de ton gardien de but pour pouvoir gagner. Mais ç’a été un bon développement pour moi et ça m'a aidé à être meilleur », a témoigné Chabot avec franchise. 

Au sein du Wild, il est emballé par la chimie qui règne. Cela dit, les conséquences de la COVID-19 ont posé de grands défis dans son quotidien. 

Cam Talbot et Kaapo Kahkonen« On a très peu pratiqué, il fallait trouver des moments pour enseigner et parfois faire des ajustements avec nos gardiens. On a travaillé plus souvent sur vidéo et, quand un gardien ne jouait pas, on utilisait ce temps pour corriger le tir. Ça exigeait d’être très organisé tout en trouvant des moments pour les reposer, c'est vraiment effréné comme rythme. [...] C’était assez débile », a confié l’ancien gardien du Canadien, des Flyers et des Kings notamment.
 
L’unique bonne nouvelle de ce calendrier sans répit, c’est que les équipes se connaissent en vue de la première ronde. 

Face à de tels enjeux, Chabot était heureux de pouvoir se rabattre sur Talbot, un vétéran qui « donne vraiment le bon exemple » par sa préparation et sa volonté de s’imposer. En ce qui concerne Kahkonen, il n’avait que cinq parties d’expérience dans la LNH avant cette année. 

En plus des ajustements dans les parties, Chabot a dû l’aider à gérer le calendrier, le voyagement et l’apprentissage des opposants. 

« Mais, depuis trois saisons, il ne cesse de surprendre l'organisation. C’est un bon athlète, un bon joueur de hockey donc il lit bien jeu il est capable de faire les ajustements par rapport à ce qu'il voit et ce qui arrive devant lui. Il est ouvert d'esprit pour faire des ajustements tout en restant lui-même comme je lui ai demandé », a résumé Chabot qui a pris quelques secondes pour saluer les gens du Québec. 

Ça se sent que Chabot aime son nouveau mandat et ça se reflète sur la glace. Comme ils l’ont fait quelques fois cette saison, peut-être que ses gardiens viendront voler un match afin de poursuivre l’année surprise du Wild.