ST.LOUIS - La mâchoire serrée, la lèvre inférieure encore tailladée par l’impact de la rondelle qu’il a reçue à la bouche après avoir fait dévier un tir de Brayden Schenn lors du quatrième match de la finale opposant ses Bruins aux Blues, Zdeno Chara a marmonné quelques phrases en guise de réponses aux questions posées par les journalistes samedi après-midi.

Les Blues devront contrôler leurs émotions

«Je me sens bien. Tout s’est déroulé rapidement au cours des derniers jours, mais je suis en mesure de jouer», a répondu le capitaine des Bruins en esquivant la deuxième portion de la question quant à savoir si sa mâchoire était belle et bien fracturée.

Cette confirmation est toutefois venue du vestiaire où Noël Acciari, après l’entraînement des Bruins, a candidement admis que son capitaine jouait en dépit d’une fracture à la mâchoire.

«C’est le joueur le plus dur que je connaisse. Je n’arrive pas à comprendre comment il arrive à jouer avec une mâchoire fracturée. Et je sais de quoi je parle, car j’ai subi une telle fracture quand j’évoluais dans la Ligue américaine et j’avais été à l’écart du jeu pendant trois semaines», a témoigné Acciari.

Alors : comment Chara compose-t-il avec la douleur? Est-ce que la blessure limite ses mouvements? Est-ce qu’elle l’empêche de manger normalement?

«Je suis en mesure de jouer sans contrainte. Je tente de m’alimenter et de m’hydrater le plus et le mieux possible.»

Déjà que Chara est un homme de peu de mots, sa mâchoire serrée, presque complètement fermée, compliquait de beaucoup la compréhension des quelques mots qu’il échappait à voix basse.

Le regard vif que le géant capitaine jetait en direction des journalistes entassés devant lui servait toutefois de puissant porte-voix au message très clair qu’il tenait à la lancer : à l’aube d’un match que lui et ses coéquipiers doivent gagner pour éviter de voir la coupe Stanley leur filer entre les doigts, Chara laissera la qualité du hockey joué par son équipe parler pour lui.

Pas besoin de message particulier. Pas besoin de séance de motivation. Pas besoin de cris de ralliement. L’importance de la situation sera suffisante.

«C’est un très gros match qui nous attend. Mais nous devrons nous assurer de prendre les moyens pour être prêts. Les entraîneurs et les joueurs devront partager la responsabilité de s’assurer que la préparation sera à point et que notre niveau de concentration sera optimal. Ce n’est pas un discours du coach ou l’implication d’un joueur qui nous placera là où nous devrons être demain (dimanche) soir. Ce sera la qualité de notre préparation collective habituelle. Une préparation qui a été solide tout au long de la saison», a conclu Chara.

Une défaite et c’est fini

À l’image de ses coéquipiers, le capitaine des Bruins s’est soumis à un entraînement soutenu de plus d’une heure sur la patinoire de l’Enterprise Center samedi. Un entraînement long et très structuré à ce stade-ci de la saison alors que les joueurs et même les entraîneurs parlent souvent de l’importance de concentrer les énergies sur les matchs.

Surtout que celui de dimanche pourrait être le dernier de la saison.

«Si nous perdons demain, on rentre bredouille à la maison. Notre but est de gagner la coupe Stanley et pour y arriver, on doit gagner demain. Je considère cette source de motivation déjà bien suffisante», a répondu l’entraîneur-chef Bruce Cassidy lorsqu’on lui a demandé s’il entendait utiliser l’erreur commise par les arbitres en troisième période jeudi – le croc-en-jambe non puni de Tyler Bozak aux dépens de Noël Acciari qui a mené au but gagnant de David Perron – comme outil de motivation.

Pour mousser ses chances de victoire et prolonger la grande finale à la limite des sept matchs – la partie ultime serait disputée mercredi à Boston – Bruce Cassidy a apporté des changements à sa première unité d’attaque massive. Une unité qui a fait des ravages depuis le début de séries, mais qui a été blanchie en cinq occasions lors des deux derniers matchs.

Marcus Johansson a pris la place de Jake DeBrusk en compagnie de Patrice Bergeron, David Pastrnak, Brad Marchand et Torey Krug.

«Les Blues font de l’excellent travail contre nous et ils nous ont empêchés d’entrer en contrôle dans leur territoire et de nous y installer. Marcus a de meilleures habiletés en contrôle de rondelle que Jake qui est solide autour du filet adverse. Nous croyons que ce changement nous aidera à compliquer le travail des Blues et permettra de mieux utiliser notre talent une fois installé dans leur territoire», a indiqué Bruce Cassidy.

Le fait que Johansson soit promu au sein de la première unité d’attaque massive confirme qu’il a évité toute conséquence négative associée à la mise en échec à la tête que lui a servie Ivan Barbashev lors du dernier geste. Un geste qui a coûté un match de suspension au dynamique joueur de quatrième trio des Blues.

Émotions à contenir

Dans le camp des Blues, tout était au beau fixe samedi. Avec raison. L’équipe est à un gain de la première conquête de la coupe Stanley de l’histoire des Blues. Une conquête qui pourrait être célébrée avec leurs partisans dans quelques heures à peine…

Une source de motivation important s’il en est une. En même temps, cela peut représenter une cascade d’émotions sous laquelle les joueurs peuvent se noyer ou à tout le moins se laisser déconcentrer.

Lorsque j’ai demandé à Craig Berube s’il était plus facile de tempérer les émotions négatives comme ce fut le cas après le troisième match de la finale de l’Ouest – victoire des Sharks en prolongation sur un but d’Erik Karlsson marqué après une passe avec la main de Timo Meier – que de contenir les débordements d’émotions positives à la veille d’un match de la coupe Stanley, le coach des Blues a répondu ceci : «Nos gars ont été très bons pour oublier ce qui s’est passé dans le troisième match de la finale. Remarque que c’était plus facile parce que tout était fini et qu’on ne pouvait rien changer à la situation. On sait ce qui nous attend demain. Et on a vu lors du premier match de la finale ici que nos gars ont été emportés par les émotions associées à cette rencontre. Ce sera le même genre de situation demain et il sera important pour nous de bien faire comprendre aux gars de ne pas laisser les émotions prendre le dessus trop vite et de rester discipliné. C’est facile à dire. Ce ne sera pas facile à faire, mais nous devrons trouver une façon d’y arriver.»

Si les Blues gagnent demain, ils auront une longue nuit, de longues journées et un très long été pour nager dans le champagne et les débordements d’émotions positives…

En bref

  •     Vladimir Tarasenko a raté l’entraînement des Blues samedi pour passer du temps avec sa famille quelques heures après avoir célébré la naissance de son troisième enfant vendredi. Tarasenko est un rouage important des Blues comme l’indiquent ses 11 buts et 16 points récoltés en 24 matchs…
  •    Marcus Johannson, Zdeno Chara et Noël Acciari – qui a quitté le match après avoir été sonné par l’impact résultant de la jambette de Tyler Bozak – seront tous à leur poste dimanche…
  •    À l’écart de la formation depuis le deuxième match de la grande finale, Robert Thomas pourrait être disponible dimanche…
  •     Parce que Zdeno Chara semble vraiment en mesure de remplir tous les défis qui se dresseront devant lui, les Bruins pourraient revenir avec six défenseurs seulement dimanche. Laissé de côté lors du dernier match, le vétéran David Backes ne rouspètera pas s’il doit une fois encore céder son poste dans l’éventualité qu’on fasse appel à un septième arrière. «Nous voulons gagner et nous devons prendre tous les moyens pour y arriver. Si on me demande de céder ma place et qu’on me donne comme mandat d’agiter les pompons pour encourager l’équipe, je les agiterai jusqu’à ce qu’il se désagrège dans mes mains si cela peut nous aider à gagner», a indiqué le vétéran qui dispute la première finale de la coupe Stanley de sa carrière…
  •      Matt Grzelcyk s’entraînait toujours avec un chandail rouge – aucun contact permis – et il représente un cas plus qu’incertain en vue du match de dimanche. Tout comme Chris Wagner qui a été blessé lors du troisième match de la finale de l’Est. Wagner devrait rater une septième partie de suite, mais il pourrait être disponible si la finale devait se prolonger jusqu’à la limite des sept rencontres…