Lors du 3e match contre les Blues de Saint Louis, Erik Karlsson a finalement marqué son premier but en 2019. Le défenseur étoile n’avait pas trouvé le fond du filet depuis le 29 décembre 2018 et a terminé la saison avec seulement 3 buts, son plus bas total en carrière, incluant la saison 2012-2013 lors de laquelle il n’avait disputé que 17 matchs (6 buts). Ses 45 points sont également son plus bas total depuis cette saison écourtée, mais il ne faut pas oublier que Karlsson a manqué près de 30 matchs à cause de blessures.

Il est facile de voir ces statistiques et penser que Karlsson a commencé son déclin, mais ça ne pourrait pas être plus loin de la vérité. L’ancien capitaine des Sénateurs reste toujours l’un des défenseurs offensifs les plus dangereux de la LNH et mérite toujours de faire partie de l’élite à sa position.

Sa moyenne de 0,85 point par match en saison régulière n’est pas sa meilleure performance en carrière, mais il est facile d’oublier que Karlsson a été échangé au milieu du mois de septembre et non en juillet ou en août et n’a donc pas eu beaucoup de temps pour s’habituer à de nouveaux coéquipiers et au système de son nouvel entraîneur-chef. Cette période d’adaptation a mené à un début de saison lent pour ses standards élevés avec « seulement » 15 points en date du 30 novembre, ce qui l’a tout de même placé au 15e rang des défenseurs du circuit Bettman.

Puis, Karlsson s’est finalement adapté à son nouvel environnement et a retrouvé sa touche offensive. Bien qu’il avait toujours de la difficulté à trouver le fond du filet, l’arrière de 28 ans a récolté au moins une mention d’aide lors de 14 matchs consécutifs entre le 7 décembre et le 8 janvier, pour un total de 25 points en seulement 14 matchs.

Ses 25 points ne sont pas seulement le plus haut total durant cette période parmi les défenseurs, mais le placent également au 4e rang de la ligue toutes positions confondues, derrière Nikita Kucherov (28 points), Johnny Gaudreau (27), et Connor McDavid (27).

Malgré toutes ces mentions d’aides, il est impossible d’ignorer qu’il n’a marqué qu’un seul but au cours de cette période, mais un regard plus approfondi sur sa performance laisse croire qu’il s’agit d’une anomalie plutôt que d’une nouvelle norme pour Karlsson.

Performance offensive d'Erik KarlssonMême en incluant son début de saison difficile, Karlsson se situe toujours parmi l’élite dans plusieurs catégories importantes. Plus précisément sa moyenne de buts attendus est toujours parmi les meilleures chez les défenseurs.

Cette statistique prend en compte la quantité et la qualité des tirs qu’un joueur prend et compare avec la moyenne de la ligue pour déterminer combien de buts un joueur aurait dû marquer. La location des tirs est prise en considération et les tirs voilés le sont également. Karlsson est toujours parmi les défenseurs les plus agressifs et obtient beaucoup plus de tirs que la moyenne.

Selon cette statistique, vu le nombre et la qualité des tirs qu’il a pris cette saison, Karlsson aurait dû marquer environ neuf buts. Lorsqu’un joueur marque moins que sa moyenne de buts attendus, il y a habituellement deux explications possibles. Soit le joueur n’est pas un bon tireur, soit il a simplement été malchanceux. Vu sa carrière jusqu’à présent, je crois qu’il est raisonnable de choisir la deuxième option pour Karlsson.

En séries, l’histoire reste la même; Karlsson continue d’être un défenseur offensif hors pair. Ses 13 mentions d’aides le placent au premier rang des séries, toutes positions confondues. Il a finalement trouvé le fond du filet avec 2 buts lors du 3e match contre les Blues, dont un but controversé en prolongation, ce qui le place au 3e rang des séries avec 15 points, à égalité avec ses coéquipiers Brent Burns et Timo Meier.

Une autre critique commune du jeu de Karlsson est son jeu défensif. Plusieurs lui reprochent de n’être qu’un défenseur offensif qui nuit à son équipe dans la zone défensive. On lui reproche aussi souvent d’être victime de trop de revirements. Il est vrai que Karlsson n’est pas aussi dominant défensivement qu’en attaque, mais il est loin de nuire à son équipe lorsqu’il est sur la glace.

Performance défensive d'Erik KarlssonMême s’il a la rondelle pour plus de 2 minutes par match, un plateau atteint par seulement 21 joueurs cette saison, son taux de revirement reste tout de même assez bas. Cette impression que Karlsson perd la rondelle si souvent est simplement due au fait qu’il la contrôle si régulièrement. Relativement à son temps de possession énorme et à son jeu habituellement plus agressif et risqué, il est très sur avec la rondelle, se trouvant tout près du top-30 parmi les 154 défenseurs qualifiés. Il se situe devant des joueurs comme Chris Tanev, qui prennent beaucoup moins de risques que lui.

Il est aussi actif défensivement, capable de bloquer des passes ou de harponner des rondelles régulièrement. Lorsqu’il est sur la glace, les Sharks obtiennent 59,4 % des tirs de l’enclave intérieure, le 8e meilleur différentiel parmi les défenseurs du circuit, ce qui veut dire que les Sharks obtiennent beaucoup plus de chances de qualité que leurs adversaires lorsqu’il est sur la glace.

Karlsson a reçu beaucoup de critiques cette saison, mais pour moi il n’y a aucun doute qu’il est toujours l’un des meilleurs joueurs de la ligue. Peu de joueurs sont capables de générer autant d’opportunités offensives sans sacrifier leur performance défensive. Il continue d’être une pièce maîtresse pour les Sharks en séries et je m’attends pleinement à voir sa production retourner au niveau habituel l’an prochain. S’il demeure à San Jose, bien sûr.