VANCOUVER - Claude Julien et ses homologues de la LNH auront une raison de plus de contester les décisions des arbitres sur des buts litigieux : aux contestations pour hors-jeu et obstruction sur les gardiens déjà en place s’ajouteront les contestations pour des arrêts de jeu ratés en zone offensive suivis d’un but.

 

Il aurait été plus simple de baptiser ce troisième volet contestation Timo Meier puisqu’elle a été adoptée pour éviter de revivre la passe avec la main effectuée par l’attaquant des Sharks, passe avec la main ratée par les quatre officiels sur la patinoire, qui a mené au but marqué par Erik Karlsson en prolongation lors du troisième match de la finale de l’Ouest contre les Blues de St.Louis.

 

Le jeu impliquant Timo Meier sert de point d’ancrage à la nouvelle catégorie de contestation. Mais elle pourra être réclamée par les entraîneurs-chefs dans le cas de rondelle qui ont frappé le filet de sécurité sans avoir été vue ou toute autre forme directe d’erreurs.

 

« Les contestations doivent être associées à des décisions qui ne relèvent pas du jugement des officiels, mais bien d’une application stricte des règles. Ce doit être des cas de noir et blanc. Aucune zone grise », a indiqué le commissaire Gary Bettman au terme de la réunion des directeurs généraux au cours de laquelle les changements ont été adoptés.

 

Pénalités supplémentaires

 

Bien qu’ils auront dès l’an prochain un motif de contestation de plus à leur disposition, les entraîneurs-chefs de la LNH devront s’assurer d’avoir raison. Car la pénalité mineure imposée dans le cas de contestation erronée en matière de hors-jeu sera aussi imposée dans le cas de contestation erronée pour les obstructions sur les gardiens et les arrêts de jeu non signalés.

 

Contrairement à la règle appliquée encore l’an dernier, les entraîneurs-chefs garderont le privilège de contester des buts même après une première contestation erronée. Mais s’ils se trompent une deuxième fois – peu importe la nature de la contestation – leur équipe écopera quatre minutes de pénalités.

 

S’ils y vont d’une troisième contestation erronée dans le cadre d’un même match? D’une quatrième? Voire d’une cinquième? La pénalité sera toujours d’une durée maximale de quatre minutes.

 

Pénalités majeures automatiquement révisées

 

Si la bévue des officiels dans le cas de la passe avec la main ratée de Timo Meier a ouvert la porte à la troisième forme de contestation, celle qui a coûté quatre buts en désavantage numérique pendant une pénalité majeure imposée aux Golden Knights de Las Vegas dans le septième match de la série qui les opposait aux Sharks de San Jose en première ronde, a elle aussi entraîné une modification au livre des règlements.

 

Appelons cette nouvelle règle la clause Dallas Eakin.

 

Dès l’an prochain, les arbitres seront obligés de se rendre au banc des pénalités pour revoir toutes les pénalités majeures qu’ils décerneront. Ils devront utiliser les moyens offerts par la LNH pour revoir le jeu qui a mené à leur décision.

 

Ils pourront revoir le jeu seul ou avec l’aide de leur collègue arbitre ou juges de lignes, mais ne pourront en aucun cas demander l’aide des responsables de la salle de contrôle à Toronto.

 

Si les arbitres réalisent après révision du jeu qu’ils ont commis une erreur et qu’il n’y avait pas matière à imposer une pénalité majeure, la pénalité sera réduite à deux minutes.

 

C’est donc ce qui serait arrivé en milieu de troisième période de la série San Jose – Las Vegas en première ronde. Au lieu de chasser Cody Eakin pour cinq minutes parce qu’ils croyaient – sans avoir vu le geste – qu’il avait asséné un coup à la tête de Joe Pavelski qui gisait inconscient sur la patinoire, les arbitres auraient réalisé leur erreur et Eakin aurait eu à purger une pénalité mineure.

 

Après un but des Sharks, les deux équipes se seraient retrouvées à forces égales au lieu de prolonger l’attaque massive de San Jose à cinq longues minutes et d’ouvrir la porte à trois buts de plus.

 

Trois buts qui ont tout changé.

 

« Il n’est pas question d’annuler la pénalité au complet parce que nous voulons être certain que nos arbitres de décerneront pas davantage de pénalités majeures au cours des matchs en se disant qu’ils pourront toujours racheter leur erreur », a plaidé le commissaire Gary Bettman.

 

L’an dernier, les arbitres ont décerné 39 pénalités majeures du début à la fin de la saison.

 

Les arbitres pourront aussi décider de réviser d’eux-mêmes les pénalités pour bâtons portés au visage d’un adversaire.

 

« Ce recours permettra d’éviter que les arbitres sévissent dans le cas d’un coup de bâton au visage porté par un coéquipier et non un adversaire. Nous avons vécu seulement quatre cas du genre la saison dernière. C’est peu, mais selon le moment où ces cas surviennent, ils peuvent avoir des conséquences négatives que nous tenons à réduire au minimum », a indiqué le commissaire Bettman qui assurait à qui voulait le croire que les erreurs survenues et décriées au fil des séries n’avaient rien à voir avec l’adoption des changements annoncés hier. « Nous sommes en mode évolution et non en mode réaction », a d’ailleurs plaidé M. Bettman.

 

Libre à vous de le croire ou non.

 

S’il est clair, du moins à mes yeux, que les erreurs associées à Timo Meier et Cody Eakin ont mené aux changements annoncés jeudi, la LNH refuse catégoriquement les révisions aléatoires en matière de décisions reliées à un simple cas de jugement.

 

Exemple :

 

Bien qu’il était clair et évident que les arbitres ont raté la jambette de Tyler Bozak aux dépens de Noel Acciari sur un jeu qui a mené à un but de David Perron dans le cinquième match de la finale de la coupe Stanley, les arbitres n’auraient pu utiliser le vidéo pour racheter leur erreur.

 

La clause Bozak ne s’appliquerait donc pas de la même façon que les clauses Meier et Eakin.

 

« Nos arbitres sont les meilleurs au monde, les meilleurs de tous les sports professionnels, mais il peut survenir des erreurs de jugement avec lesquelles nous devons composer. Mais toutes les erreurs que la technologie nous permet de corriger facilement doivent l’être », a insisté le commissaire Bettman.

 

Casque perdu, retraite au banc

 

Une série d’autres changements ont été approuvés jeudi.

 

Dans plusieurs situations l’an prochain, les équipes en offensives pourront déterminer de quel côté du gardien elles tiennent à disputer les mises en jeu.

 

Un gardien qui causera un arrêt de jeu sur une rondelle tirée par l’adversaire de l’autre côté de la ligne rouge privera ses coéquipiers d’un changement potentiel après le sifflet des arbitres.

 

La même sanction sera imposée dans le cas d’un filet sorti de ses amarres – même accidentellement – par un joueur en défensive.

 

Une situation similaire à celle qui prévaut déjà sur les dégagements refusés.

 

Un gardien qui sortirait son filet des amarres alors qu’il serait confronté à une échappée entraînerait l’octroi automatique du but au lieu de l’octroi d’un tir de pénalité comme le prévoyait l’ancienne règle.

 

« Ce n’est jamais arrivé dans la LNH, mais nous prenons cette décision de manière préventive », a souligné Stephen Walkom le responsable des arbitres de la LNH.

 

En ce qui a trait au port du casque protecteur, la LNH officialise son projet d’obliger tout joueur qui perd son casque lors du déroulement du jeu à le remettre immédiatement avant de reprendre sa place dans l’action ou de retraiter directement au banc par mesure préventive.

 

« C’est une mesure qui rehaussera la sécurité des joueurs », a plaidé Walkom.

 

Un changement qui interdira dorénavant une poussée comme celle du défenseur des Bruins Torey Krug qui a traversé la patinoire du Garden d’un but à l’autre après avoir perdu son casque pour finalement asséné une solide mise en échec à Robert Thomas lors du premier match de la finale de la coupe Stanley.

 

Bien qu’elle plaide la sécurité des joueurs pour justifier ce changement, la LNH tolère toujours les bagarres au cours desquelles des joueurs se frappent à poings nus sur la tête.

 

Un non-sens?
 

« Nous avons modifié de beaucoup le travail de nos juges de lignes au cours des dernières années en matière de bagarres. Ils s’impliquent beaucoup plus rapidement lorsque l’un des joueurs, ou les deux, perdent leur casque. Les bagarres sont moins nombreuses qu’avant et les coups portés à la tête sont beaucoup moins nombreux qu’ils ne l’étaient », a plaidé Stephen Walkom.

 

La LNH n’a toutefois pas encore ouvert la porte à l’abolition pure et simple des bagarres. Ce qui serait beaucoup plus simple et efficace pour améliorer la sécurité des joueurs en matière de coups portés à la tête.

 

Mettons!

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