Des nombreux avantages dont le Lightning profitait à l’aube de la série l’opposant aux Devils du New Jersey, dont celui associé à la tenue des gardiens en présence, venait tout en haut de la liste.

Plus que la force de frappe des Kucherov, Stamkos, Point, Gourde, Palat, Johnson et autres Killorn, plus que la présence des Hedman et McDonagh à la ligne bleue du Lightning, plus que l’inexpérience en séries des principaux acteurs des Devils, la supériorité évidente d’Andrei Vasilevskiy face au gardien numéro un par défaut Keith Kinkaid empêchait même les plus optimistes partisans des Devils de leur donner une chance de sortir gagnant de ce duel.

Vasilevskiy et Kinkaid en ont fait la preuve par mille samedi.

Mal appuyé par sa défensive, malchanceux aussi par moments alors que son défenseur Sami Vatanen a marqué involontairement le deuxième but des Bolts, Keith Kinkaid a été victime de cinq buts sur 15 tirs seulement avant d’être rappelé au banc en milieu de période médiane à la faveur de Cory Schneider qui a perdu son poste de numéro en cours de saison en raison de blessures qui ont grandement contribué à une baisse marquée de ses performances.

Malgré un effort louable des Devils qui ont marqué deux buts après le changement de gardien effectué par leur entraîneur-chef John Hynes, Taylor Hall et sa bande ont été incapables de compléter une remontée gagnante. Ils se sont butés à un Andrei Vasilevskiy qui a stoppé 41 de leurs 44 tirs pour grandement contribuer à la victoire de 5-3 de son équipe. Une victoire qui lance le Lightning en avant 2-0 dans la série qui se poursuivra lundi et mercredi au New Jersey.

Schneider ou Kinkaid?

Victime de neuf buts en moins de 92 minutes de jeu – moyenne de 5,88 buts alloués par match et d’une efficacité de 80,4 % – il serait surprenant de revoir Kinkaid devant le filet des Devils au début du match trois au Prudential Center. Vrai qu’il a réussi des arrêts solides malgré le nombre imposant de buts dont il a été victime, mais si les Devils veulent avoir une chance de renverser la vapeur, il est facile de croire que Schneider sera le plus en mesure de les aider à y arriver.

Inversement, Vasilevskiy qui affiche une efficacité de 93,3 % malgré une moyenne de 2,5 buts accordés par partie est devant la cage du Lightning pour y rester.

Le jeune gardien qui aura 24 ans en juillet a démontré qu’il pouvait prendre les bouchées doubles depuis qu’il a chassé Ben Bishop de Tampa. Il a signé 44 victoires – il partage le premier rang de la LNH avec Connor Hellebuyck des Jets – en 65 matchs amorcés en saison régulière. Il a signé huit par jeu blanc un autre sommet dans la LNH qu’il partage avec Pekka Rinne des Predators de Nashville. Malgré une petite baisse de régime dans le dernier tiers de la saison, Vasilevskiy inspire la confiance sur le banc du Lightning et représente un facteur d’intimidation sur celui de ses adversaires.

Un adjoint heureux

Bien que ses chances de venir en relève à son coéquipier semblent bien minces, le gardien Louis Domingue savoure chaque instant de la série jusqu’ici. Pas simplement parce qu’il goûte pour la première fois de sa carrière aux séries, mais parce qu’il sent s’être enfin trouvé une niche intéressante au sein d’une organisation sérieuse, et qui s’intéresse à lui et à son développement.

« Je ne pourrais pas demander mieux », a d’ailleurs insisté Domingue croisé plus tôt cette semaine à Tampa Bay.

Acquis des Coyotes de l’Arizona le 14 novembre dernier en retour du vétéran gardien Michael Leighton et de l’attaquant Tye McGinn, Domingue s’est emparé du poste de gardien auxiliaire devant le vétéran Petr Budaj, qui occupe le rôle de police d’assurance à Tampa.

« J’étais troisième gardien lorsque je suis arrivé en Arizona et que les Coyotes se sont rendus en finale d’association. J’étais sur la glace pour les entraînements, j’étais toujours avec l’équipe et je pouvais donc sentir l’odeur des séries, mais je n’avais encore jamais pu y goûter. Cette année c’est différent et c’est vraiment plaisant », a convenu le gardien québécois.

Après un séjour dans les mineures, séjour au cours duquel il a ravivé la saison du Crunch de Syracuse qu’il a mené à 13 victoires en 18 matchs, Louis Domingue a été rappelé par le grand club. Il a signé la victoire sept fois en 11 départs (7-3-1) avec le Lightning. Tout un contraste avec le dossier de 0-6-0 qu’il affichait en début de saison en Arizona.

Quelques semaines avant le début des séries, Domingue a repris le chemin de la Ligue américaine. Une rétrogradation qu’il a vécue avec plaisir. « L’état-major du Lightning est à l’image de l’équipe. Il est organisé. Il prend les bonnes décisions pour avancer. Je ne jouais pas beaucoup et pour s’assurer que je vois un peu d’action avant les séries, on m’a envoyé disputer quelques matchs. Ce n’était pas une punition, mais bien une façon de maximiser ma forme. C’est la plus grosse différence que j’ai relevée depuis que je suis ici. Il n’y a rien d’improvisé. Les décisions sont prises avec des objectifs précis et à des moments bien choisis », a insisté le gardien.

Bien qu’il soit cantonné dans un rôle de second derrière un gardien de premier plan qui joue beaucoup et qui aime jouer beaucoup, Louis Domingue est donc très heureux de la chance que lui offre le Lightning.

« Je connais Louis depuis un bon bout de temps. Il travaille très fort depuis qu’il est arrivé ici. Louis est un bon gardien. Je travaille d’une façon positive avec lui afin de m’assurer qu’il comprenne bien ce qu’on attend de lui et qu’il soit en mesure de maximiser ses présences devant le filet. Ce n’est pas un rôle facile que d’être l’adjoint d’un gars comme Vasilevskiy. Mais il affiche l’attitude nécessaire pour y arriver », a commenté l’entraîneur des gardiens du Lightning Frantz Jean.

Si Vasilevskiy connaît un match plus ordinaire, s’il se blesse en cours de partie ou que l’entraîneur-chef Jon Cooper décide de lui donner un peu de répit une fois le Lightning confortablement en avant dans un match ou dans la série – si cela arrive – Louis Domingue sera prêt à sauter dans la mêlée. Sinon, il se gardera prêt. Avec le sourire. Un sourire qu’il avait perdu en Arizona où, après avoir signé 15 victoires à son année comme recrue – un record qu’il détient depuis la saison 2015-2016 – le gardien québécois n’a jamais été en mesure d’obtenir sa place comme numéro un, voire de savoir quel rôle l’état-major entendait lui offrir.