ST LOUIS – Les Blues de St Louis ont surmonté bien des épreuves pour atteindre la finale de la coupe Stanley : un début de saison atroce qui a mené au congédiement de Mike Yeo le 19 novembre; une glissade jusqu’au tout dernier rang du classement général qu’ils occupaient le 3 janvier; un but illégal qui a permis aux Sharks de San Jose de prendre les devants 2-1 dans la finale de l’Ouest.

Leur victoire convaincante de 5-1 pour finalement éliminer les Sharks en six rencontres et passer en grande finale leur permettra peut-être maintenant de faire oublier les échecs et amères déceptions qui se sont multipliés au fil des ans alors qu’ils auront la chance de soulever la coupe Stanley pour la première fois depuis 1970.

ContentId(3.1322622):Séries LNH : 49 plus tard, les Blues sont de retour en finale (hockey)
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Ironiquement, ils croiseront leurs rivaux d’il y a 49 ans dans une série au cours de laquelle on risque de voir, revoir et revoir encore et encore le but historique de Bobby Orr marqué en plongeant devant la cage des Blues. Un but gagnant en prime qui permettait aux Bruins de balayer la finale en quatre parties. Un affront que les Blues avaient subi les deux années précédentes aux mains du Canadien.

Mais bon! Le simple fait de se rendre en finale de la coupe Stanley trois années de suite après leur entrée dans la LNH relevait quand même de l’exploit.

À l’image des Blues qui reviennent de loin, voire de très loin, Samuel Blais a traversé sa part d’épreuves pour atteindre la finale de la coupe Stanley. Pas seulement cette année alors qu’il peinait à se tailler une place régulière au sein de la formation. Pas seulement depuis son repêchage en 2014 alors que les Blues ont pris une chance sur un joueur au potentiel certain, mais au futur incertain.

Blais compose avec les épreuves depuis ses années dans le hockey mineur alors qu’il a même été écarté du circuit Midget AAA parce qu’on le trouvait alors trop petit pour protéger la rondelle, se faire une place devant les filets adverses et remporter ses batailles le long des bandes et dans les coins de patinoire.

Les temps ont bien changé

Trop petit pour se faire une place dans le midget AAA, Samuel Blais a ouvert le match de mardi avec une présence au cours de laquelle il a envoyé le défenseur Joakim Ryan cul par-dessus tête en fond de territoire des Sharks avant d’aller se camper dans l’enclave d’où il a décoché un bon tir qui a mené au premier but des Blues. Un but marqué après 92 secondes de jeu seulement. Un but qui est allé à la fiche de Blais jusqu’à ce que les officiels mineurs remarquent que la rondelle avait dévié sur son compagnon de jeu David Perron qui bataillait devant Martin Jones pour compliquer le travail du gardien des Sharks.

« À ce point-ci de l’année ça n’a vraiment pas d’importance de savoir qui marque les buts. L’important c’est la victoire. Et ce jeu démontre que lorsque tu décoches des tirs au but tout peut arriver », d’expliquer Blais.

Parce que les Blues profitaient d’une avance que les Sharks n’auraient pu combler même avec la complicité des décisions erronées qui ont contribué à leurs succès depuis le début des séries, Samuel Blais a apprécié les cris des partisans qui ont passé les dernières minutes du match à réclamer la coupe Stanley. Une toute première est-il besoin de le rappeler.

« J’en avais des frissons sur le corps. Mais il reste encore beaucoup de travail à faire », a-t-il convenu lorsque croisé dans le vestiaire festif des Blues.

Impressionné bien plus que surpris

Fin marqueur dans les rangs juniors avec Victoriaville (55 buts, 136 points en 116 matchs) et Charlottetown (16 buts, 42 points en 33 parties) où il a terminé sa carrière dans la LHJMQ, marqueur régulier dans la Ligue américaine (51 buts, 101 points en 143 matchs à Chicago et San Antonio avec le club-école des Blues) c’est avec ses épaules et son implication physique que Blais a grandement contribué aux succès des Blues depuis le début des séries.

Depuis le début de ses séries puisqu’une blessure subie en fin de saison a retardé son entrée en scène ce printemps. Une entrée fracassante amorcée lors du sixième et dernier match de la série contre les Stars de Dallas en deuxième ronde. Une rencontre au cours de laquelle Blais a inscrit un but et surtout asséné neuf mises en échec dans le cadre de la victoire de 2-1 qui a propulsé les Blues en finale de l’Ouest.

ContentId(3.1322588):Séries LNH : David Perron et Samuel Blais portent le premier coup (hockey)
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Dès cette première rencontre, Blais a été confié aux vétérans Ryan O’Reilly et David Perron. Depuis, il joue un rôle de premier plan sur le flanc gauche du « deuxième » trio. Le trio à qui l’entraîneur-chef Craig Berube assigne le mandat de contrer les meilleurs éléments adverses tout en assurant une production offensive soutenue.

Quand on demande au capitaine des Blues s’il est surpris par l’implication et les performances de son jeune coéquipier qui aura 23 ans le 17 juin, le capitaine esquisse une moue avant de répondre : « Je n’aime pas ton choix de mot, car je suis bien plus impressionné que surpris de ses performances », corrige le capitaine.

Bien qu’il n’affiche qu’un but et trois points après ses huit premières parties éliminatoires en carrière, Blais revendique pas moins de 14 tirs. Il domine aussi tous les joueurs encore actifs en séries avec une moyenne de 6 mises en échec par rencontre.

« Samuel est le défricheur au sein de notre trio. Il est comme un gros bulldozer sur la patinoire. Il nous ouvre le chemin à David et à moi. Il met de la grosse pression sur les défenseurs et les ailiers lors des sorties de zone. Le genre de pression nécessaire pour créer des revirements et nous offrir des occasions de marquer en zone offensive. Nous n’en avons pas encore assez profité, mais elles sont là et un moment donné nous serons tous récompensés. Samuel le premier », a ajouté O’Reilly.

Malgré les grands écarts qui séparent Blais de ses partenaires de jeu en matière d’âge et d’expérience dans la LNH, O’Reilly assure qu’il n’a jamais eu besoin de chaperonner Blais depuis qu’il s’est joint à eux en fin de deuxième ronde.

« C’est bien sûr que je lui parle régulièrement autant sur la glace qu’une fois au banc ou au vestiaire. Mais je ne lui parle pas comme ça en raison de son âge ou de son expérience. Je le fais parce que comme joueur de centre, j’aime que mes ailiers comprennent ce que je fais sur la glace. Qu’ils saisissent mes habitudes. La communication est la seule façon de développer une bonne chimie. Et je t’assure que jusqu’à maintenant, l’âge ou l’expérience de " Sammy " n’a jamais été un problème au sein de notre trio. Au contraire. Comme je te le disais tantôt. Il donne le ton et on suit. »

Patience et efforts récompensés

Directeur général des Blues, Doug Armstrong reconnaît que lui et ses dépisteurs ont pris une chance en 2014 lorsqu’ils ont sélectionné Samuel Blais en sixième ronde (174e sélection).

« Nos dépisteurs aimaient son talent brut, mais nous étions tous d’accord pour dire qu’on prenait une chance sur lui. Ses premiers camps avec nous ont été ordinaires... au mieux. Et c’est la raison pour laquelle nous avons décidé de lui donner une année de plus dans les rangs juniors. Mais notre patience est aujourd’hui récompensée », m’a lancé avec sourire Doug Armstrong qui célébrait la victoire de son équipe et surtout son retour en finale de la coupe Stanley après une trop longue absence.

« Samuel a fait des gros efforts pour se développer et apporter de la maturité dans son jeu. Mais je dois ajouter que Craig (Berube) a fait du très gros travail pour le guider dans ce développement. Sammy peut marquer des buts. Mais pour se faire une place dans la LNH il devait ajouter des cordes à son arc. Son implication physique fait de lui un gars complet sur qui on compte maintenant au sein de notre top neuf. Il a franchi une grosse étape cette année et il profite des responsabilités qui lui ont été données en séries », a conclu Armstrong.

Il y a un an, Samuel Blais était chez ses parents à Montmagny pour préparer un été au cours duquel il prévoyait s’entraîner ferme afin de se tailler une place avec les Blues et confirmer sa place dans la LNH.

Douze mois plus tard, le petit gars de Montmagny s’en va en finale de la coupe Stanley!

En bref

-    En plus d’Erik Karlsson et de Tomas Hertl qui étaient demeurés à San Jose au lieu d’accompagner les Sharks à St Louis, le capitaine Joe Pavelski a lui aussi dû déclarer forfait avant le sixième match de la finale de l’Ouest. Ces trois absences ont laissé des vides importants que leurs remplaçants n’ont pas été en mesure de combler...

-    Les Blues de St Louis n’ont offert que cinq victoires à domicile à leurs partisans depuis le début des séries. Mais trois de ces cinq victoires ont permis de franchir des étapes importantes alors qu’ils ont tour à tour éliminé les Jets en première ronde, les Stars en deuxième et les Sharks en finale de l’Ouest...

-    Pendant que les Blues et leurs partisans faisaient lever le plafond du Enterprise Center en première période, des orages violents le balayaient dangereusement de l’extérieur alors que la région de St Louis était même menacée par des tornades...

-    Avec les deux buts ajoutés dans la victoire de mardi, les Blues ont inscrit cinq buts en 21 attaques massives lors des six matchs de la finale de l’Ouest...

-    Inversement, les Sharks, blanchis en une occasion mardi, se sont contentés de deux buts en 13 attaques massives...

-    Que ce soit en attaques massives ou à cinq contre cinq, les Sharks se sont contentés de deux buts lors des trois derniers matchs de la série contre les Blues. « Tu ne peux pas gagner une série quand tu marques deux buts en trois parties », a convenu Logan Couture après la défaite qui a toutefois refusé d’imputer aux absences de trois joueurs importants la défaite de mardi...

L'incroyable but de Bobby Orr contre les Blues en 1970