AVANT-MATCH NO 6 SHARKS C. AVALANCHE

 

DENVER - Derick Brassard aime beaucoup l’équipe avec laquelle il tentera de prolonger sa saison, lundi soir, alors que l’Avalanche fera face à l’élimination dans le cadre de la série qui l’oppose aux Sharks de San Jose.

 

En plus de souhaiter prolonger les séries, le Gatinois aimerait aussi prolonger son expérience avec ce club « qui est déjà l’un des très bons de la LNH et le sera plus pour bien des années à venir en raison du talent et de la jeunesse du noyau », lance-t-il d’ailleurs avec conviction.

 

« Nathan MacKinnon est déjà l’un des meilleurs joueurs de la LNH, il est super bien entouré au sein du premier trio, Samuel (Girard) est excellent alors que Cale (Makar) a tout ce qu’il faut pour devenir une grande étoile dans la Ligue. On forme une maudite belle équipe avec beaucoup de profondeur. La ville est belle. C’est une grosse ville de sports. Les partisans sont derrière leurs clubs. Le coach – Jared Bednar – est très bon. Sur tous les fronts, l’Avalanche forme vraiment une très bonne organisation », défile ensuite Brassard histoire de démontrer plus fermement encore son désir d’obtenir la chance de s’installer pour vrai à Denver dès l’an prochain.

 

Âgé de 31 ans, Derick Brassard est un vétéran à la recherche d’un domicile fixe.

 

L’uniforme de l’Avalanche est le troisième qu’il endosse cette année après ceux des Penguins de Pittsburgh et des Panthers de la Floride. Il a défendu les couleurs de quatre clubs – les Sénateurs d’Ottawa sont le quatrième – au cours des trois dernières saisons. Il est rendu à six formations depuis son entrée dans la LNH en 2007 avec les Blue Jackets de Columbus qui en avait fait leur premier choix (6e sélection) du repêchage de 2006. Il est ensuite passé aux Rangers de New York avec qui il a connu les meilleurs moments de sa carrière : des saisons de 60 points (19 buts) et 58 points (27 buts) entre 2014 et 2016.

 

L’ennui, et il est de taille, c’est que lorsqu’on analyse les forces et les besoins de l’Avalanche, il est loin d’être acquis que Brassard pourra convaincre le directeur général Joe Sakic de le ramener l’an prochain encore afin de combler l’une des lacunes de sa formation.

 

Confiné au sein d’un quatrième trio

 

À l’image des Penguins de Pittsburgh avec qui il a disputé 54 matchs (23 points, 12 buts) au fil des deux dernières saisons étant confiné derrière Sidney Crosby et Evgeni Malkin, Brassard n’est pas en mesure de déloger les deux premiers centres de l’Avalanche : Nathan MacKinnon et Carl Soderberg.

 

Parce que Jared Bednar fait confiance à Alexander Kerfoot pour pivoter le troisième trio, c’est donc à l’aile au sein d’un quatrième trio que le vétéran tente du mieux qu’il le peut de contribuer.

 

Comme si les écueils n’étaient pas déjà assez nombreux, l’entrée en scène spectaculaire du jeune défenseur Cale Makar en première ronde a chassé Brassard de la deuxième vague de l’attaque massive.

 

Rien pour aider sa cause, Brassard a aussi été foudroyé par une grippe qui l’a contraint à rater les trois derniers duels face aux Flames de Calgary en première ronde. Résultat : après sept matchs de séries, il est toujours en quête d’un premier point.

 

« Il y a une abondance de centres au sein de cette équipe. C’est une bonne chose, car il y a presque toujours deux centres par trio. Mais je suis bien conscient que ça n’aide pas ma cause. Si l’Avalanche avait gagné la loterie – le premier choix acquis des Sénateurs dans le cadre de la transaction qui a envoyé Matt Duchene à Ottawa il y a deux ans s’est traduit par la quatrième sélection lors du prochain repêchage qui se tiendra à Vancouver à la fin juin – ou terminé deuxième, ils auraient pu ramasser Jack Hughes (un centre) ou Kaapo Kakko (un ailier droit à qui pourrait faire le saut dans la LNH dès l’an prochain) ce qui aurait vraiment miné mes chances de revenir, je crois. Mais j’aimerais bien convaincre l’équipe de me faire une place », analysait avec beaucoup d’honnêteté le vétéran qui termine un contrat de cinq saisons d’une valeur de 25 millions $

 

Autre ennui pour Brassard, cinq des huit joueurs classés dans le top-10 derrière Hughes et Kakko sont aussi des centres...

 

Bednar satisfait... malgré tout

 

À défaut d’offrir des points jusqu’à maintenant, Brassard offre à un club qui en a besoin de l’expérience des séries. Lundi soir, le Québécois disputera sa 98e rencontre de séries éliminatoires en carrière.

 

Une expérience qui manque du côté de l’Avalanche et qui pourrait, comme ses qualités aux cercles des mises en jeu, jouer en sa faveur lorsque viendra le temps de compiler les plus et les moins dans les débats visant à déterminer si on doit lui offrir un nouveau contrat.

 

Tout en admettant qu’il aimerait bien obtenir un brin de contribution offensive de la part de Brassard et de son trio, Jared Bednar est loin de fustiger son vétéran joueur de centre qu’il confine à l’aile. Du moins publiquement.

 

« On demande à notre quatrième trio d’être d’abord et avant tout efficace lorsqu’il est sur la patinoire. On veut des gars qui travaillent, qui appliquent un bon échec avant, qui peuvent distribuer de bonnes mises en échec – un mandat que relève avec régularité Gabriel Bourque – et qui peuvent générer des occasions de marquer. Brassard et son trio nous ont donné de bonnes présences au fil des derniers matchs et quelques occasions. C’est sûr qu’on aimerait aussi obtenir des résultats, mais je n’ai rien à redire sur l’effort qui est offert », assurait Bednar lors d’une mêlée de presse plus tôt en séries.

 

Lorsque Matt Calvert n’a pu prendre part au troisième match contre les Sharks – il a été victime d’une apparente commotion cérébrale lorsque mis en échec par Brent Burns en fin de deuxième partie – c’est Derick Brassard qui l’a remplacé sur le flanc droit du troisième trio.

 

Il est retourné au sein du quatrième trio lors du retour de Calvert jeudi dernier. Dans le vestiaire des Sharks après les entraînements matinaux, le nom de Brassard figurait toutefois dans la colonne des joueurs rayés de la formation. Comme quoi les quelques minutes de temps supplémentaire effectuées par le Québécois et ses performances timides en attaque laissaient croire à l’ennemi qu’il serait écarté de l’alignement pas Jared Bednar.

 

À San Jose samedi, alors que Calvert a à nouveau dû déclarer forfait – il pourrait d’ailleurs être à l’écart encore lundi soir – c’est Tyson Jost qui a obtenu la promotion de grimper au sein du troisième trio alors que Brassard s’est retrouvé au centre de Gabriel Bourque et Sven Andrighetto.

 

Entraînement estival plus soutenu

 

Au terme d’une saison difficile au cours de laquelle il a été utilisé par les Penguins pour obtenir deux attaquants plus jeunes – Nick Bjugstad et Jarred McCann ont été acquis par Pittsburgh en retour de Brassard, Riley Sheahan, un choix de deuxième ronde et deux de quatrième ronde en 2019 – avant de vivoter en Floride en attendant que les Panthers ne l’échangent à nouveau avant la date limite des transactions, Brassard est conscient qu’il devra se retrousser les manches pour se faire une place au Colorado ou ailleurs l’an prochain.

 

Et surtout obtenir un rôle moins ingrat que celui qu’il remplit ce printemps avec l’Avalanche.

 

« J’ai vécu une année difficile c’est vrai autant à Pittsburgh qu’en Floride où on m’a dit dès mon arrivée que je n’étais que de passage. Dale (Tallon) m’a demandé où je voulais jouer en ajoutant de faire ce que je pouvais en attendant une autre transaction. Et quand tu arrives avec une équipe en fin de saison, les gars ont déjà leurs places et leurs rôles. Ce n’est pas évident de s’intégrer. Mais comme je t’ai dit, j’aime ça ici. C’est un bon groupe de gars. C’est une bonne équipe et je fais ce que je peux pour me faire une place. »

 

Pour mousser ses chances, le Gatinois se pliera à un entraînement estival beaucoup plus soutenu l’été prochain. Au lieu de passer l’été en Californie, c’est à Montréal qu’il viendra s’installer une fois la saison terminée. Et s’il a choisi Montréal, c’est d’abord et avant tout pour y retrouver des préparateurs physiques qu’il connait et qui l’aideront dans sa quête de prolonger sa carrière tout en remplissant un rôle plus grand que celui qu’on lui réserve au Colorado.

 

« À 31 ans, je dois maintenant travailler plus fort pour composer avec le niveau de forme des jeunes qui entrent dans la LNH. Ils sont de plus en plus jeunes, mais de plus en plus rapides et en forme. Sans oublier qu’ils sont de plus en plus déjà prêts à faire le saut dans la Ligue. Je sais ce que j’ai à faire pour m’aider à rivaliser avec eux et je vais le faire », a conclu Brassard.

 

Avant de passer à l’entraînement estival, Derick Brassard et l’Avalanche ont rendez-vous avec les Sharks de San Jose lundi soir (22 h heure de l’Est) au Pepsi Center.

 

Battue 2-1 samedi soir, l’Avalanche affichera un plan de match très simple : mieux jouer que lors de la rencontre de samedi alors qu’ils ont été deuxièmes dans toutes les facettes du jeu derrière leurs adversaires.

 

Le plan est simple. Il ne reste plus qu’à l’appliquer.