BUFFALO – Jack Eichel ne voulait certainement pas créer une controverse en déclarant qu’il allait devenir un meilleur joueur que Connor McDavid dans la Ligue nationale de hockey, mais cette déclaration assumée a retenu l’attention dans le cadre des évaluations tenues à Buffalo à l’approche du repêchage.

Rencontré par peu d’équipes étant donné son statut privilégié, Eichel a été questionné sur ses capacités et il n’a pas hésité à avancer qu’il se croyait supérieur que son « rival » des Otters d’Erie. Le hic, c’est que les propos d’Eichel ont fini par sortir de la salle de réunion pour se retrouver dans les médias quand le directeur général des Sabres, Tim Murray, les a confirmés.

« Je sais que les gens font une grosse histoire de mon commentaire. Mais je ne disais pas ça pour me comparer à Connor, c’était plutôt pour démontrer ma confiance en mes capacités », a confié Eichel, un peu mal à l’aise.

« Je ne croyais que ça ferait une telle histoire et je pensais que ces discussions étaient confidentielles. Ce n’est pas une mauvaise chose d’être confiant et c’est pourquoi je l’ai dit », a enchaîné Eichel.

Au fil des années, Eichel et McDavid auront l’occasion de prouver leur potentiel et ils deviendront probablement deux joueurs de haut niveau dans la LNH. Ainsi, cette situation ne fait que démontrer que ces deux espoirs d’excellent calibre sont différents autant par leur personnalité que leur style.

Depuis déjà quelques années, les comparaisons fusent de toutes parts entre ces deux diamants qui aspirent à la LNH. Inévitablement, Eichel et McDavid ont appris à vivre avec cette réalité et ils ne disent pas dérangés par elle.

« Ça fait partie du jeu et c’est une compétition agréable. Dans tous les sports, les gens font des comparaisons entre les athlètes. Ceci dit, Connor et moi, nous nous retrouvons pour le moment dans deux situations différentes, dans deux ligues différentes et deux pays différents », a noté Eichel.

Nettement plus posé dans ses obligations médiatiques, McDavid utilise souvent la réponse prudente pour éviter d’alimenter des débats comme lorsqu’on lui demande s’il est le meilleur joueur pour le repêchage 2015.

Jack Eichel et Connor McDavid« Ce n’est pas à moi de décider, plusieurs personnes vont spéculer là-dessus. De mon côté, je crois en mes capacités et c’est la chose la plus importante », a indiqué McDavid devant une meute de journalistes.

Avec sa voix éteinte en entrevue, on en vient parfois à croire que le prodige ontarien déteste la partie médiatique qui accompagne son talent hors de l’ordinaire, mais il commence à s’y habituer.

« C’est évident que je préfère jouer au hockey, mais ça fait partie des responsabilités et je comprends que c’est important », a exprimé McDavid qui débarquera fort probablement à Edmonton comme un sauveur même si c’est toujours un peu injuste envers un athlète.

Étrangement, les deux athlètes d’exception de l’année ont eu l’occasion de faire connaissance pour la première fois même si leurs chemins se sont croisés à quelques reprises dont au Championnat mondial junior.

« J’ai appris à le connaître un peu plus. C’était bien de finalement le rencontrer », a noté McDavid dans un discours similaire à celui d’Eichel.

À moins d’une énorme surprise, les deux hockeyeurs d’élite n’auront pas le temps de froisser leur veston le 26 juin alors qu’ils devraient être sélectionnés aux premier et deuxième rangs. Leur présence aux évaluations de la LNH s’avère donc quelque peu futile, mais ils ont l’intention de se prêter au jeu.

« Je ne veux pas me faire honte », a lancé McDavid avec le sourire à propos des exigeants tests physiques à effectuer.

Deux témoins privilégiés de McDavid et Eichel

Par un drôle de hasard, le quatuor de tête en vue du repêchage est complété par le défenseur Noah Hanifin et le centre Dylan Strome qui connaissent très bien Eichel et McDavid. En effet, Hanifin a été le coéquipier d’Eichel sur l’équipe nationale américaine sans oublier qu’ils s’affrontent depuis qu’ils sont âgés de 10 ans et ça se poursuit au niveau universitaire. Quant à Strome, il s’est illustré en tant que deuxième joueur de centre des Otters derrière McDavid.

L’attention accordée aux deux meilleurs espoirs impose un peu d’ombre sur Hanifin et Strome, mais ils ne se plaignent pas une seconde.
« Ça me motive beaucoup surtout en tant que défenseur, je dois m’assurer d’être prêt à contrer des joueurs de ce calibre », a mentionné Hanifin qui a porté les couleurs de Boston College cette saison.

« Je ne crois pas que ça nous enlève de la pression. Connor et Jack sont classés ainsi pour de bonnes raisons et ils méritent cette attention. Pour notre part, on fait de notre mieux pour se bâtir notre nom », a jugé Strome qui se réjouit de la profondeur de l’encan 2015.

Auteur de 129 points en 2014-15, Strome a presque maintenu la même cadence de production quand McDavid n’était pas en uniforme ce qui rassure plusieurs organisations. Fier de sa progression de 90 points par rapport à sa saison précédente, Strome ne peut toutefois que s’incliner devant le talent de son coéquipier qu’il a pu affronter dans un match des espoirs.

« Bonne chance ! », a-t-il souhaité aux équipes qui essaieront de le contrer.

« Je me suis retrouvé sur la glace contre lui pendant environ 90 secondes et je voulais tellement l’empêcher de marquer. Il est parvenu à me faufiler la rondelle entre les patins et c’est assez ridicule de voir tout ce qu’il peut accomplir sur la patinoire », a vanté Strome qui ne croit pas que les exploits de McDavid seront égalés avant plusieurs années.

Si les doutes envers Eichel et McDavid semblent inexistants, quelques dépisteurs ont émis des craintes à propos de Strome et Hanifin. Craig Button, de TSN, a même classé Hanifin aussi loin que le 12e échelon dans ses prévisions.

« J’essaie de ne pas trop m’attarder à ça, même si j’en ai entendu parler. Je n’ai pas besoin des autres pour me dire où je suis classé, je connais ma valeur. Le repêchage demeure le début du processus. Après, on sera tous dans le même bateau et ce sera à nous de se développer », a répliqué Hanifin qui tient à voir son nom être prononcé au troisième rang (un choix qui appartient aux Coyotes actuellement.

Eichel a testé les fameuses ailes de poulet

Plus que quiconque, Eichel avait toutes les raisons du monde d’apprivoiser la ville de Buffalo qui détient certains charmes malgré les moqueries auxquelles elle est souvent associée. L’attaquant droitier risque d’établir domicile dans cette région dans quelques semaines et on lui a présenté les côtés positifs.

« C’est agréable comme expérience, j’ai pu découvrir la ville et j’ai été très bien accueilli. Tout le monde parle des ailes de poulet donc j’ai pu les essayer », a-t-il confirmé avec un sourire en coin.

Jack EichelLa destination de Buffalo semble plus attrayante de quelques crans depuis que les Sabres ont confié les rênes de l’équipe à l’entraîneur Dan Bylsma.

« Je serais très heureux de jouer pour lui. Il a dirigé plusieurs des meilleurs joueurs, il est énergique et il a gagné. C’est une acquisition très positive pour les Sabres », a tranché Eichel.

Ceci dit, le joueur de Boston University n’a pas encore décidé s’il allait faire le saut dans la LNH dès l’an prochain.

« C’est vraiment une décision difficile et je vais trancher après le repêchage. Je ne veux pas me retrouver dans un endroit où je ne veux pas être. Si mon cœur me dit de retourner à BU, je vais le faire », a déclaré Eichel.

Question de ne pas créer une autre tempête dans un verre d’eau, il s’est ensuite assuré de préciser sa pensée en soulignant que ce n’était pas une critique envers Buffalo. Il hésite plutôt à faire le saut au hockey professionnel immédiatement.