Soyons clairs en partant, mon champ d’expertise est le sport, le hockey. Il est cependant impossible de nier que la situation dans laquelle nous nous retrouvons depuis plus de huit semaines transcende nos champs d’expertise à tous. En ces temps incertains et, surtout, imparfaits, le découragement semble trop souvent mener à une réponse négative et méfiante de ce qui est proposé. Et, comme pour créer un cercle parfait, cette dernière phrase nous ramène à l’essence même du sport de haut niveau : la gestion de l’adversité.

La prémisse de cette mise en situation simplifiée est que j’en ai ras-le-bol des levées de boucliers contre tout ce qui est avancé dans les scénarios de retour au jeu de la LNH. Trop d’équipes, pas assez de matchs, trop de ci, pas assez de ça. Beaucoup de critiques, rarement de solutions.

Contrairement à plusieurs, je salue le leadership des têtes dirigeantes de la LNH qui ont su faire preuve de patience tout en protégeant rapidement les gens sous leur gouverne. Il n’est pas nécessaire d’annuler à l’avance des activités qui se déplacent dans le temps. Quand une compétition ponctuelle a un impact immuable sur les autres d’un même sport au calendrier, bien sûr que le gros bon sens nous y oblige, mais pas pour une ligue qui s’assure la coopération de ses membres. Le devoir d’une grande ligue est d’appuyer sur pause afin d’éviter que ses événements ne deviennent une source de propagation du danger. Le devoir tout aussi important d’une grande ligue, c’est aussi d’être prêt à la relance aussitôt qu’il sera sécuritaire de le faire.

Je ne sais pas s’il y aura du hockey cet été, ou même cet automne. Personne ne le sait. Malgré le plan de retour au jeu élaboré, trop de détails restent à régler à ce stade-ci. Mais je sais que personne ne gagne à s’empresser de faire un trait sur une saison incomplète. S’il le faut, le temps s’en chargera et on passera à autre chose sans se dire qu’une occasion a été ratée. Je ne suis pas dupe non plus, je reconnais que l’argent mène le monde, celui-ci aussi de toute évidence, mais il ne fait pas exception aux autres pans de l’économie qui tentent tout autant de limiter les dégâts d’un arrêt quasi complet de l’économie. C’est pourquoi le hockey ne pouvait passer à côté d’inclure des marchés aussi importants que ceux représentés par les Rangers, les Canucks, les Blackhawks et les Canadiens dans les cartons du plan de retour au jeu.

Pourquoi crois-je que le sport doive faire partie intégrante de la relance d’une société à ce point? Pour le tissu social, clairement. Car la passion des amateurs de sport se vit, se sent, et que cette passion devient rapidement un moyen de s’aérer l’âme et de se divertir. Après tout, avouons qu’après avoir affronté une pandémie planétaire d’un virus sournois et inconnu, un filet ouvert raté par un joueur de votre équipe préférée devient plutôt banal. Et, même si j’y gagne ma vie, ce recentrage nous ferait tous du bien.

Surtout, je crois mordicus qu’une institution, comme le Canadien, doit battre le sentier de la relance, car il deviendra rapidement source d’espoir et modèle à suivre pour le reste de la société. Pas question de faire de la psychologie à cinq « cennes » ici, je m’explique. Les jeunes du Québec et du Canada ont besoin de retourner à une vie active. Pour plusieurs, leur sport est aussi leur passion. Et pas seulement pour l’élite. Parfois pour l’esprit d’équipe, souvent pour le plaisir, toujours pour bouger, indubitablement pour se sentir bien physiquement et mentalement. La meilleure façon, et probablement la plus rapide, de permettre à la Santé publique de donner le feu vert à cette génération qui souffre depuis deux mois est d’avoir des meneurs qui réussissent, étape par étape à revenir à leurs activités. Non seulement on pourra alors tenter de reproduire et imiter le modèle qui fonctionne, aussi, on sera en mesure d’éviter les erreurs commises et les excès de zèle, car il y en aura, sans le faire au détriment d’une partie sensible de la population.

Après la LNH, il y aura la suite logique des organisations amateures et des fédérations sportives. Du moins je le souhaite. J’ai deux grands adolescents à la maison qui piaffent d’impatience de retourner à l’entraînement complet, aux séances sur la glace et, éventuellement, à un semblant de normalité. Ils ne sont assurément pas les seuls.

Bien évidemment, vous avez le droit de chialer, de blâmer les décideurs, le choc des idées permet d’avancer. Mais de grâce, proposez une solution étoffée qui pourra elle aussi être décortiquée et améliorée à son tour.

Une citation célèbre, souvent attribuée à Albert Einstein, nous rappelle que « L’adversité révèle la véritable nature d’un homme ». À vous de choisir la personne que vous voulez dévoiler...

Pas d'astérisques pour les trophées
Marc Denis... dans les jeux NHL!