LAS VEGAS – Derrière Jonathan Marchessault qui a donné le ton au match en marquant 35 secondes après la mise en jeu initiale en plus de confirmer la victoire de 4-2 des Golden Knights aux dépens des Jets de Winnipeg avec un but dans un filet désert avec trois secondes à écouler au match, Marc-André Fleury a offert une performance colossale.

 

Une autre!

 

Ses 30 arrêts multipliés au cours des deuxième et troisième périodes, dont deux vols réalisés coup sur coup aux dépens de l’excellent Mark Scheifele sur des tirs décochés du milieu de l’enclave alors que les Jets menaçaient de niveler les chances en début de dernier tiers, ont valu à Fleury de signer sa 10e victoire des présentes séries. Sa 72e en carrière. Un sommet pour les gardiens encore actifs.

 

Avec ses arrêts, avec sa victoire, Marc-André Fleury a fait beaucoup d’heureux. Que ce soit sur ou derrière le banc des Golden Knights, dans les gradins du T-Mobile Arena ou dans le Grand Las Vegas qui vit au rythme de son équipe de hockey.

 

Une fois retraité au vestiaire, Fleury a fait d’autres heureux. Avant même d’enlever son équipement, le gardien québécois est allé rejoindre Carson et Jackson Haugan avec qui il a passé de longues minutes avant de les inviter à l’accompagner jusqu’à son casier pour prolonger la conversation.

 

Âgé de 12 et 9 ans, Carson et Jackson Haugan sont orphelins de père depuis le 6 avril dernier. Depuis que l’autobus transportant les Broncos de Humbolt a percuté un camion semi-remorque sur une route de la Saskatchewan. Entraîneur-chef et directeur général du club junior, leur père Darcy est l’une des 16 victimes de cette tragédie qui a secoué le monde du hockey.

 

Avec leur mère Christina et d’autres membres de la famille, Carson et Jackson Haugan étaient les invités des Golden Knights mercredi soir. Ils sont débarqués à Las Vegas mardi. Ils ont été installés dans un des hôtels voisins du T-Mobile Arena et ont été présentés aux partisans des Golden Knights qui se sont levés d’un trait pour leur souhaiter la bienvenue au cours de la partie.

 

Après le match, les garçons étaient les invités de Fleury. Le gardien québécois a autographié le chandail numéro 29 que portait le plus jeune. Il l’a aidé à enfiler le masque encore ruisselant de sueurs qu’il venait de porter pendant 60 minutes. Mais Fleury a fait bien plus. Il a parlé longuement aux deux jeunes. Il les a écoutés. Il a répondu à leurs questions. Il a pris tout le temps nécessaire et plus encore puisque lorsque les responsables de la LNH ont fait signe au gardien qu’il était plus que temps d’aller répondre aux questions des journalistes en salle d’entrevue, Fleury avait encore ses patins aux pieds et ses jambières à demi-retirées seulement.

Après avoir répondu à un tas de questions reliées à sa performance, à ses arrêts importants, au plaisir qu’il affiche devant son filet, à la motivation qui le pousse à se dépasser un an après qu’il eut été largué par les Penguins de Pittsburgh, Marc-André Fleury a perdu le sourire qui le caractérise lorsque je lui ai demandé de parler de l’importance qu’il accordait à la rencontre qu’il venait de vivre après sa victoire.

 

Fleury s’est alors croisé les mains sur lesquelles il a appuyé son menton. Le gardien est devenu mal à l’aise. L’émotion a semblé le gagner. « Le hockey c’est important pour moi, a-t-il d’abord répondu avant de s’offrir une longue pause. Mais contribuer à mettre un sourire sur le visage de ces jeunes-là c’est plus important encore. Je me trouve chanceux de pouvoir faire vivre ça à ces deux gars-là », a commenté le gardien québécois.

 

En route vers le Conn Smythe

 

Secoué l’an dernier lorsqu’il a compris que c’est à Las Vegas et non à Pittsburgh qu’il prolongerait sa carrière, Marc-André Fleury vit des moments magiques.

 

« Comme plusieurs d’entre vous, j’aurais sans doute ri un peu si vous m’aviez dit avant le début de la saison que nous serions en finale de conférence. On vit une expérience sensationnelle. On a du plaisir à jouer. À gagner et je suis très fier de ce que nous avons accompli parce que nous méritons pleinement d’être ici », a indiqué la première étoile de la rencontre.

 

À deux victoires d’une présence en finale de la coupe Stanley, Marc-André Fleury et les Golden Knights doivent garder les pieds sur terre. Ils ne peuvent se permettre de penser à la finale. De rêver à la coupe.

 

Mais si Fleury continue sur sa lancée, il est clair que les Golden Knights pourraient marquer l’histoire plus qu’ils ne l’ont déjà fait jusqu’ici cette année. Et s’ils devaient se rendre en finale, voire gagner, il ne fait aucun doute que Marc-André Fleury hériterait du trophée Conn Smythe remis au joueur le plus utile à son équipe en séries.

 

« Flower a encore été miraculeux ce soir. J’étais sur le banc lorsqu’il a réalisé ses deux arrêts aux dépens de Scheifele. D’un côté il fait l’arrêt avec le patin, il plonge de l’autre côté pour en faire un deuxième plus beau encore. Il m’impressionne, mais en même temps on s’habitue un peu, car il a été comme ça toute la saison », a lancé James Neal qui, dans la victoire, a marqué un but en plus d’ajouter un point.

 

« Le premier arrêt était un peu mieux planifié. J’ai sorti le pied et j’ai stoppé la rondelle avec le bout du patin. Le fait d’avoir accordé un retour dans l’enclave n’était pas vraiment une bonne idée. J’étais déporté d’un côté et j’ai vraiment dû plonger pour tenter de couvrir le plus de place possible. Disons que sur le deuxième, c’était plus garroché que prévu », a admis le gardien qui s’est aussi dressé devant Tyler Myers et Mathieu Perreault en plus de voir un des rares tirs décochés par Patrick Laine frapper le poteau.

 

« Il y a des moments dans un match, comme ce soir en troisième, où je sue à grosses gouttes derrière le banc parce qu’on ne joue pas bien ou parce que l’autre club menace. Je sue et je suis nerveux. Mais quand je lève les yeux vers notre filet, je vois Marc-André qui est là et qui s’amuse. C’est rassurant », a ajouté l’entraîneur-chef Gerard Gallant.

 

En signant sa 72e victoire en carrière en séries, Marc-André Fleury vient de se séparer de Jacques Plante qui en compte 71. S’il atteint la grande finale, il rejoindra Chris Osgood avec 74 gains. S’il devait soulever la coupe Stanley pour une quatrième fois, Fleury dépasserait alors Mike Vernon qui occupe le septième rang avec ses 77 victoires.

 

Patrick Roy avec 151 gains domine tous les gardiens de l’histoire de la LNH pour les victoires en séries éliminatoires. Patrick Roy a signé ses 151 gains en 247 rencontres. Fleury revendique 72 gains en 128 parties.

 

À la vitesse d’une Lamborghini

 

Meilleur marqueur des Golden Knights depuis le début des séries, Jonathan Marchessault a ajouté deux buts à sa fiche. Il en compte huit et revendique 17 points en 13 rencontres.

 

Ce n’est pas rien.

 

Débarqué au T-Mobile Arena au volant d’une rutilante Lamborghini, Marchessault a amorcé le match au rythme du bolide italien : en marquant un but rapide dès la 35e seconde de la partie.

 

Le Québécois a profité d’un revirement dont Mike Scheifele s’est rendu coupable en zone neutre pour battre de vitesse le défenseur Jacob Trouba et déjouer Connor Hellebuyck en glissant la rondelle entre les jambières du gardien des Jets avec un tir du revers.

 

« Je prends ce qu’il me donne », a simplement analysé Marchessault lorsqu’on lui a demandé d’expliquer ses succès aux dépens du gardien des Jets qu’il a déjoué trois fois en deux matchs en plus de marquer dans un filet désert.

 

« On s’attendait à ce qu’ils sortent avec vitesse, mais notre premier but nous a permis de prendre le contrôle. On a disputé deux bonnes périodes. Mais en troisième, on était sur les talons. On a donné un but rapide et après, on s’est bien trop appuyé sur Marc-André. Il est notre première étoile à tous les matchs, mais ce soir, il nous a sauvés. On a gagné. C’est positif et oui c’est le fun de savoir qu’on est à deux victoires de la coupe Stanley. Mais c’est loin d’être fini cette série et la troisième période va nous aider à garder les pieds sur terre », a commenté Marchessault.

 

Parlant de pied, le Québécois l’avait-il pesant lorsqu’il s’est retrouvé derrière le volant de la Lamborghini aux couleurs des Golden Knights offerte par un concessionnaire de Las Vegas?

 

« Si tu me demandes si j’ai respecté les limites de vitesse, la réponse est non. Mais j’ai suivi le trafic. Je n’ai pas roulé en fou », a indiqué Marchessault qui profitait de ce « cadeau » pour la deuxième fois des séries.

 

« Je l’ai prise lors du 5e match de la deuxième ronde et j’ai marqué un but en plus de récolter une passe ce soir là contre San Jose. Ce soir, j’ai marqué deux fois. Je t’assure que dès demain matin je vais contacter le propriétaire de la « Lambo » pour lui dire de me la réserver pour tous les matchs locaux des séries.»

 

Knights et Jets en bref

 

L’importance du premier but est évidente dans les matchs impliquant les Jets et les Golden Knights depuis le début des séries. Les deux équipes affichent des dossiers identiques de 8-1 lorsqu’ils marquent les premiers. Les Jets sont en déficit 1-5 lorsqu’ils accordent ce premier but alors que les Golden Knights s’en tirent mieux avec un dossier de 2-2...

 

Sonné en première période après avoir reçu un coup de coude au visage de la part du défenseur Dustin Byfuglien, James Neal a dû passer par la salle de repos avant d’obtenir le feu vert de revenir au jeu. « J’ai été sonné oui. J’ai retraité au vestiaire pour subir les examens et les tests visant à détecter les commotions. J’ai respecté le protocole et j’ai pu revenir ensuite », a indiqué le vétéran qui a marqué le deuxième but des Knights – il a redonné une avance aux Knights 18 secondes après que Mark Scheifele eu niveler les chances 1-1 en début de deuxième période – en plus de préparer le troisième but des siens, marqué par Alex Tuch...

 

David Perron a raté un deuxième match consécutif en raison d’un malaise indéterminé. Il s’est entraîné en matinée mercredi avec le reste de l’équipe, mais c’est Tomas Tatar qui l’a remplacé au sein de la formation...

 

Malcolm Subban est lui aussi toujours incommodé par un malaise/blessure que les Golden Knights gardent secret. Maxime Lagacé était donc l’auxiliaire de Fleury...

 

William Carrier a été remplacé pour une quatrième rencontre consécutive par le vétéran Ryan Reaves qui, avec les autres membres du quatrième trio des Golden Knights, a donné du fil à retordre aux Jets encore hier...

 

Les Golden Knights ont fait appel à la US Air Force pour maintenir une tradition et profiter d’un vol en rase-mottes de trois chasseurs au-dessus du T-Mobile Arena à la fin de l’interprétation de l’hymne national américain. Les amateurs présents dans l’amphithéâtre ont pu assister au passage des avions militaires par le biais de l’écran géant surplombant la patinoire...

 

Les deux équipes devraient tenir des entraînements optionnels jeudi avant de se croiser à nouveau au T-Mobile Arena vendredi soir pour le quatrième match de la finale de l’Ouest...