Classement : vos meilleurs moments en séries?

 

ST LOUIS - « Je suis au septième ciel! » Voilà ce que Brett Hull m’a lancé lorsque je l’ai croisé dans le salon situé à quelques pas du vestiaire des Blues, mardi soir, après la victoire qui les propulsait en finale de la coupe Stanley.

 

Un salon où les propriétaires, leurs partenaires et bien sûr les anciens joueurs des Blues se rendent après les matchs.

 

Verre de scotch dans une main, gros cigare dans l’autre, chemise blanche sortie de son pantalon, Hull savourait chaque instant de cette victoire et de la présence tout juste confirmée de son équipe en finale de la coupe Stanley.

 

Toujours affable, toujours souriant, le « Golden Brett » multipliait les entrevues avec les journalistes et chaque première réponse – du moins celles que j’ai entendues – commençait par : « Je suis au septième ciel ».

 

Brett Hull a pourtant deux coupes Stanley à son actif.

 

L’une soulevée avec les Stars de Dallas en 1999 alors qu’il avait d’ailleurs marqué le but de la victoire en troisième période du sixième match aux dépens de Dominik Hasek et des Sabres de Buffalo. Un but qui est passé à l’histoire parce que Hull avait un patin dans le demi-cercle réservé au gardien, ce qui était interdit à l’époque.

 

L’autre remportée avec les Red Wings de Detroit en 2002.

 

Et dans chacune de ces conquêtes, Hull avait joué des rôles de premier plan, marquant 11 et 10 buts, récoltant 24 et 18 points en 23 rencontres disputées par les Stars et les Red Wings.

 

Pourquoi alors être ainsi au septième ciel?

 

« Parce que St Louis c’est ma ville. Parce que les Blues sont mon équipe. Et parce que depuis le temps que les gens attendent une coupe Stanley ici, c’est absolument sensationnel de voir l’engouement autour du club », assurait Hull.

 

Un exil qui confirme l’histoire

 

Bien qu’il ait amorcé sa retraite avec les Stars de Dallas et qu’il ait même rempli des rôles actifs au sein de la direction générale de l’équipe, Hull est de retour à St Louis depuis quelques années. Les Blues lui ont offert un rôle d’ambassadeur auprès de la communauté d’affaires de St Louis.

 

Et en dépit des coupes soulevées à Dallas et Detroit, il est vrai que c’est avec les Blues que Hull a disputé la grande majorité de ses matchs (936 sur 1269), qu’il a marqué la majorité de ses buts (527 sur 741) et récolté la majorité de ses points (936 sur 1391).

 

Pas surprenant alors qu’en plus d’avoir son numéro 16 suspendu au plafond du Entreprise Center – les Blues ont aussi retiré les chandails d’Al MacInnis (2), Bob Gassoff (3), Bob et Barclay Plager (5 et 8), Brian Sutter (11), Bernie Federko (24) en plus d’honorer la mémoire de Doug Wickenheiser bien que son numéro 14 n’ait pas été retiré – Hull a aussi été immortalisé par une statue ancrée devant l’amphithéâtre. Un honneur qui a aussi été réservé à MacInnis et Federko.

 

Le fait d’avoir eu à s’exiler pour se rendre à ses deux coupes Stanley démontre à quel point la présence des Blues en finale de la coupe Stanley après une absence de 49 ans a été si difficile à accepter à St Louis.

 

Car au fils des ans, les Blues ont offert à leurs partisans des équipes de premier plan composées de joueurs vedettes. Des équipes et des joueurs à qui on accordait souvent des chances de se rendre jusqu’au bout, mais qui n’y sont jamais arrivés.

 

Du moins pas à St Louis...

 

Et cette année contrairement aux trois premières présences des Blues qui ont suivi leur entrée dans la LNH en 1967, la participation en grande finale n’est pas tombée du ciel. Loin de là. Derniers au classement général le 3 janvier dernier, les Blues ont eu besoin d’une remontée aussi improbable que sensationnelle pour se rendre en séries avant d’éliminer tour à tour, les Jets de Winnipeg, les Stars de Dallas et les Sharks de San Jose.

 

En 1967, les six clubs d’expansion évoluaient dans la même association. L’un d’eux était donc assuré de se rendre en grande finale. Et les Blues ont été balayés en quatre matchs trois fois de suite : deux contre Montréal et la troisième contre les Bruins de Boston dans le cadre de duels qui étaient complètement inégaux.

 

Bien que plusieurs observateurs prévoient une victoire des Bruins – j’ai d’ailleurs favorisé Boston en cinq matchs –, les Blues ont bien plus de chances de gagner qu’ils n’en avaient en 68, 69 et 70.

 

« Nous sommes encore ici! »

 

Brett Hull est en vedette avant chaque match alors que les Blues diffusent une bande vidéo à l’écran géant, vidéo au cours duquel le Golden Brett harangue la foule.

 

Écrit avec brio, animé avec plus de brio encore, cette vidéo commence en disant que la planète hockey croyait que les Blues ne représentaient qu’une belle histoire, qu’ils se contenteraient de leur remontée au classement en saison régulière avant de s’évanouir en série. Hull défile ensuite les exploits multipliés au cours des séries – la bande sera certainement modifiée pour ajouter l’élimination des Sharks à celles des Jets et des Stars – avant de rappeler l’histoire des Blues et la volonté de St Louis d’immortaliser sa place dans l’histoire en gravant le nom des Blues sur la coupe Stanley.

 

La vidéo se termine avec un silence que Hull brise en lançant un message qui s’adresse à l’adversaire et à tous ceux qui ont douté d’eux à l’aube des séries: « Hey Budy! Nous sommes encore ici! »

 

Cette conclusion donne le coup d’envoi à des célébrations monstres dans le Enterprise Center que les amateurs font vibrer sans bon sens avec des « Let’s Go Blues » bien sentis et avec la chanson « Gloria » – le succès de Laura Branigan et non celui de l’Église catholique – qui est devenu l’hymne associé aux victoires des Blues.

 

Brett Hull n’est pas le seul ancien à graviter autour des Blues.

 

Bob Plager est présent à chaque match. Al MacInnis est un conseiller au directeur général Doug Armstrong. Les Kelly Chase, Tony Twist, Chris Pronger ont tous été vus et revus dans l’entourage des Blues et présentés aux partisans au cours des matchs.

 

Il était d’ailleurs émouvant de voir des gars comme Plager et Twist distribuer des accolades aux joueurs des Blues après la victoire de mardi.

 

« St Louis est une très bonne ville de hockey. Les amateurs sont friands de leur équipe et de leur histoire. Mais je réalise ce soir à quel point notre victoire est salutaire pour tous nos anciens qui n’ont jamais été capables de se rendre jusqu’à la coupe Stanley. J’ai vraiment le sentiment que tous ces gars se regroupent derrière nous et qu’ils vivent cette accession à la grande finale avec la même passion que nos joueurs actuels », témoignait le directeur général des Blues Doug Armstrong après la victoire de mardi.

 

Lorsque la LNH mettra le cap sur St Louis pour les matchs trois et quatre, et, qui sait, peut-être aussi pour le match six, il sera intéressant de voir combien d’anciens Blues convergeront vers St Louis pour appuyer leur équipe et les joueurs actuels afin qu’ils se rendent là où ils n’ont jamais été en mesure de se rendre.