MONTRÉAL – Les controverses entourant Bill Peters, Mike Babcock et Marc Crawford dénotent un vent de changement dans le hockey et le sport professionnel, ce qui est salué par la majorité des acteurs de ce milieu. Toutefois, ça ne veut pas dire que tout le monde est à l’aise avec la situation.
 
On le sait, le hockey – et d’autres sports majeurs – est longtemps demeuré ancré dans sa « propre époque » avec ses « propres règles ». Parlant d’époque, certains joueurs qui ont évolué dans la LNH par le passé n’ont pas été enchantés par les dénonciations publiques.
 
Ils ne le disent pas tous ouvertement, mais Yvan Cournoyer a accepté de le faire lorsqu’on a sondé son avis sur le mouvement actuel.
 
« Au hockey, ce qui se passe dans la chambre doit y rester d’habitude. C’est leur droit de le faire ainsi, mais je n’aurais pas parlé publiquement », a commenté Cournoyer qui n’est donc pas friand de cette approche.
 
Cournoyer, qui a conclu sa carrière en lors de la saison 1978-1979, aurait préféré que ces enjeux se règlent à l’interne et on ne peut pas le blâmer puisqu’il n’a rien connu d’autre que cette réalité.
 
Si la glissade actuelle du Tricolore était l’un des deux éléphants dans la pièce mardi soir, lorsque 10 anciens capitaines du Canadien sont venus à la rencontre des journalistes, les dossiers de Peters, Babcock et Crawford ont également retenu l’attention.
 
Ce fut impossible de recueillir l’avis de chaque invité de marque, mais le clan de Cournoyer était moins nombreux.
 
C’était d’autant plus inévitable d’en discuter puisque Chris Chelios était présent. Rappelons que Chelios s’est joint à la vague en dévoilant que Babcock avait réservé un traitement psychologique regrettable envers Johan Franzen.
 
En cette journée de célébrations du 110e anniversaire de l’équipe, Chelios a voulu demeurer discret sur cet enjeu.
 
« Aujourd’hui, c’est une journée amusante. Je sentais que je devais me libérer de cette histoire et c’est à peu près de ça », a répondu Chelios qui a également déploré le manque de respect affiché par Babcock envers des vétérans comme Mike Modano et Jason Spezza.
 
Tout de même, les autres anciens capitaines qui ont accepté de parler de ce sujet épineux ont salué le changement qui s’opère.
 
« Je lis les histoires et c’est malheureux. Ça ne devrait pas être comme ça, c’est évident. Dans mon cas, je n’ai jamais vécu rien de tel. J’ai eu des entraîneurs qui m’ont mis au défi de mieux jouer, mais ils n’ont jamais été trop loin envers moi. Parfois, l’écart est très mince entre franchir la ligne et ne pas la franchir. Ça n’a pas sa place au hockey. C’était différent avant, mais il faut diriger d’une autre façon maintenant », a déclaré Saku Koivu.
 
Pierre Turgeon, un ancien attaquant aux grandes habiletés, n’était pas toujours d’accord avec les décisions de ses entraîneurs, mais il n’avait rien à dénoncer publiquement.

« Moi, j’ai été chanceux. C’est peut-être un peu fort de dire chanceux. On a été poussés quand on était jeunes, quand on commençait nos carrières. Avant, ça marchait surtout avec l’intimidation, mais ça ne m’a pas dérangé alors que d’autres joueurs ont vécu des choses plus difficiles », a-t-il raconté.
 
Turgeon a ensuite établi un parallèle intéressant pour démontrer que ça se passait vraiment d’une autre façon  il y a quelques décennies.
 
« Tellement de choses sont arrivées par le passé. Je songe à l’histoire de Miracle (le parcours en or de l’équipe olympique américaine en 1980), je suis certain que ça n’a pas été facile pour les joueurs. C’est évident que les façons de faire n’étaient pas toujours les bonnes. Aujourd’hui, c’est différent, la manière dont tu dois gérer les joueurs. Dans le milieu artistique aussi ça brassait et des changements surviennent encore dans ce domaine », a ajouté l’auteur de 1327 points en 1294 parties dans la LNH.
 
Loin de vouloir attirer l’attention dans une soirée avec tant de grands noms dans les parages, Mike Keane s’est volontairement reculé dans un coin. On sentait qu’il ne tenait pas à s’aventurer sur ce dossier, mais il a accepté de transmettre ce message.
 
« Le changement est bon, mais je préfère ne pas commenter sur le sujet suffisamment de personnes vont le faire de toute manière. Tout de même, je suis content de voir que les joueurs s’expriment et je me dis que c’est bien de tourner du négatif en positif », a cerné Keane.
 
Puisqu’il a évolué sous les ordres de Crawford, qui est présentement sous enquête, il fallait le relancer sur cet entraîneur qu’il a tenu à défendre.  
 
« J’ai joué sous Marc Crawford pendant quelques saisons (trois). C’est une très bonne personne et un bon entraîneur également », a mentionné Keane qui a joué sous ses ordres à Denver et à Vancouver.
 
On accorde le mot de la fin au jeune retraité,  Brian Gionta, qui voit les choses comme un soulagement attendu depuis trop longtemps.
 
« J’apprécie la direction dans laquelle les choses évoluent. C’est ainsi que ça doit fonctionner, on veut de la transparence. Ce sont des situations que personne ne veut vivre. Le côté positif de tout ça, c’est que les choses ne sont plus balayées sous le tapis désormais », a conclu Gionta.