LOS ANGELES - Assis au fond du vestiaire du centre d’entraînement des Kings, Ilya Kovalchuk retire le ruban qui fixe sa jambière droite contre sa cheville lorsque je lui demande ce qui peut bien l’inciter à revenir dans la LNH après un exil de cinq ans.

 

Une fois le dernier bout de ruban arraché, Kovalchuk relève la tête, esquisse un petit sourire avant de me répondre : « Le besoin de relever un nouveau défi ».

 

Un nouveau défi c’est bien beau.

 

Mais à 35 ans, après avoir connu une belle carrière de 816 matchs avec les Thrashers d’Atlanta et les Devils du New Jersey, 816 matchs au cours desquels il a maintenu une récolte moyenne d’un point par rencontre – 417 buts, 399 passes, 816 points – Kovalchuk revient dans une ligue qui rajeunit d’année en année, dans une ligue où le hockey est de plus en plus rapide, dans une ligue où les buts sont de plus en plus difficiles à marquer. Rien pour l’aider à relever le défi qu’il tient à s’offrir.

 

Surtout que tout allait bien pour lui dans la KHL. Premier marqueur de son équipe l’an dernier avec 31 buts et 63 points en 53 matchs, Kovalchuk était toujours le leader du SKA de Saint-Pétersbourg. Une belle équipe qu’il a menée à deux championnats alors qu’il a soulevé la coupe Gagarine en 2015 et 2017. Une équipe avec laquelle il pouvait faire ce qu’il fait de mieux : marquer des buts et se faire complice d’autres comme en témoignent ses 120 buts et 285 points récoltés en 262 parties disputées au cours des cinq dernières années.

 

Zone de confort

 

«J ’étais vraiment heureux dans la KHL. J’aimais la ville, l’équipe, la Ligue est meilleure qu’elle ne l’a jamais été. Pendant mon séjour en Russie j’ai pu gagner une médaille d’or aux Jeux olympiques – à Pyeongchang l’hiver dernier – et aussi une autre Championnat du monde – en 2014 à Minsk – mais j’avais besoin de sortir de la zone de confort dans laquelle j’évoluais. Je ne suis pas ici pour prouver quoi que ce soit aux autres. Je suis revenu parce que je veux me prouver que je suis encore en mesure de connaître du succès sur le plan personnel et d’aider une bonne équipe à gagner dans la Ligue nationale », plaide celui qui a été le tout premier au repêchage de la cuvée 2001.

 

Vendredi dernier, à Los Angeles, contre les Sharks de San Jose, Kovalchuk a été blanchi lors du premier match du deuxième volet de sa carrière dans la LNH.

 

« Je suis donc un point en retard sur ma moyenne d’un point par partie. Il faudra que je me reprenne rapidement », lance le vétéran ailier que j’ai croisé samedi midi après l’entraînement de sa nouvelle équipe à Los Angeles.

 

Kovalchuk a tenu promesse. Dès dimanche, contre les Red Wings de Detroit qui effectuaient leur escale annuelle au Staple Center de Los Angeles, Kovalchuk s’est fait complice des buts de ses deux compagnons de trio : son centre Anze Kopitar et Alex Iafallo qui patrouille le flanc gauche.

 

Kovalchuk tentera de maintenir son rythme encore ce soir alors que les Kings croiseront les Jets à Winnipeg avant de mettre le cap sur Montréal où ils affronteront le Canadien dans le cadre de leur rentrée devant leurs partisans. « J’ai bien hâte d’aller à Montréal. J’ai toujours aimé y jouer », lance celui qui revendique 13 buts et 39 points récoltés en 43 matchs en carrière face au Canadien.

 

Sur les traces de Radulov

 

Ilya Kovalchuk s’ajoute à la liste de plus en plus longue de joueurs qui débarquent dans la LNH après avoir connu du succès dans la KHL.

 

Parce qu’il compte plus de 800 matchs d’expérience dans le circuit Bettman, l’aventure de Kovalchuk ressemble bien plus à celle d’Alexander Radulov qu’à celles des défenseurs Nikita Zaitsev et Igor Ozhiganov embauchés à titre de joueurs autonomes par les Maple Leafs de Toronto.

 

« Radu est un bon ami. Je lui ai parlé avant de prendre ma décision, mais disons que nos statuts sont différents. Il avait 30 ans quand il est revenu dans la LNH. Il avait une femme et un enfant, mais il est maintenant seul. J’arrive ici avec ma femme et mes quatre enfants. J’ai pris une décision importante qui les concerne tous. C’est pour cette raison que je tenais à signer un contrat à long terme – trois ans, 18,75 millions $ – et que je voulais me retrouver au sein d’un club établi avec lequel je maximiserais mes chances de gagner. »

 

Cette soif de victoire, Kovalchuk assure qu’elle l’aidera à surmonter les contrecoups du hockey plus difficile qui l’attend dans la LNH en comparaison au hockey qu’il a joué dans la KHL au cours des cinq dernières années.

 

« C’est parce qu’on veut gagner qu’on s’entraîne comme on le fait tous les jours, qu’on apprend à composer avec les longs voyages et avec le calendrier qui est parfois difficile. On joue moins de matchs dans la KHL, c’est vrai. Mais les voyages sont très longs. Le hockey y est aussi rapide qu’ici. La grosse différence est associée à la dimension de la glace. Le hockey n’est pas vraiment plus rapide en vitesse pure, mais tu dois prendre tes décisions plus rapidement et tu dois être en mesure d’exécuter plus rapidement en raison du manque d’espace qui fait que tes adversaires sont plus rapidement sur toi. Je vais avoir besoin d’un peu de temps pour m’habituer à nouveau aux décisions plus rapides et au temps de réaction plus court. Mais je vais y arriver. »

 

Sur le plan familial, Kovalchuk a trouvé à Los Angeles un milieu de vie qui lui plaît et qui plaira aussi au reste de sa famille. « Au-delà le climat qui est très clément, j’ai déjà un de mes fils qui évolue avec le club élite de hockey mineur – son fils évolue en compagnie du fils de son patron, le directeur général Rob Blake et des enfants de plus anciens de la LNH qui sont établis dans la région de Los Angeles – et mon plus vieux (Artem) qui est très fort au soccer s’est taillé une place avec l’équipe de développement du Galaxy. Toute la famille profite ainsi de mon retour dans la LNH. »

 

Les charmes de Los Angeles ont certainement contribué à convaincre Ilya Kovalchuk d’accepter l’offre de contrat des Kings de Los Angeles. Une offre que le président Luc Robitaille a peaufinée et défendue afin de mousser les chances des Kings de s’entendre avec le vétéran marqueur.

 

« On a travaillé pas mal pour s’assurer d’avoir Kovalchuk avec nous. On cherchait un gars comme lui qui est capable de marquer des buts. Un gars qui va être dangereux tous les soirs. Malgré son âge, il est en grande forme et dans les rencontres que nous avons eues avec lui il nous a toujours convaincus par sa soif de victoire. Il veut gagner et les Kings veulent gagner. J’ai bien aimé son premier match même s’il n’a pas marqué », a lancé Luc Robitaille lors d’un entretien avec RDS.ca samedi.

 

« Avec Kopitar et Kovalchuk, notre premier trio sera une menace et je suis convaincu que notre avantage numérique sera beaucoup plus productif cette année. Ça n’a pas fonctionné lors du premier match, mais la saison est longue. Je suis très confiant. On a un bon club. Ce n’est jamais facile contre nos rivaux de la Californie que ce soit les Ducks ou les Sharks. On n’a pas gagné hier (vendredi), mais nos gars sont revenus dans le match quand même. Avec des Leaders comme Anze Kopitar et Drew Doughty, avec des bons vétérans comme Carter et Brown, avec des jeunes qui poussent, la vitesse que nous donne un gars comme Austin Wagner et un gardien comme Quick (Jonathan) on sait qu’on aura des chances encore cette année. Kovalchuk vient améliorer nos chances », a conclu le président des Kings.