BELLEVILLE – Kristian Vesalainen a passé un mois cet été au chalet familial, à deux heures de route d’Helsinki. Là-bas, il a laissé son téléphone de côté et n’a pas trop pensé au hockey. C’est sur le lac, avec sa canne à pêche en main, que le prometteur attaquant a trouvé le bonheur après une saison mouvementée dans l’organisation des Jets de Winnipeg.

À son retour dans la capitale, Vesalainen a repris l’entraînement avec une poignée de compatriotes qu’il espère rejoindre cette année dans la Ligue nationale. Il y avait Teuvo Teravainen des Hurricanes de la Caroline, Esa Lindell des Stars de Dallas, Henrik Borgstrom des Panthers de la Floride.

« Patrik Laine? », lui demande-t-on avec un sourire en coin.

« Non, je ne lui parle pas tant que ça, répond-il avec amusement. Je n’ai aucune idée de ce qui se passe avec lui. »

Vesalainen n’a pas vu Laine cet été et il pourrait ne pas le voir avant un petit bout à Winnipeg. À l’heure où les équipes de la LNH s’apprêtent à reprendre leurs opérations régulières, Laine est toujours en attente d’une résolution dans l’impasse contractuelle qui l’oppose aux Jets. Son cas n’est pas unique; il est l’un des nombreux jeunes joueurs autonomes avec compensation qui demeurent sans contrat à un mois du début d’une nouvelle saison. Son coéquipier Kyle Connor est d’ailleurs aussi du groupe.

C’est ici que le lien entre tout ce beau monde devient pertinent. Parce que si Laine et Connor devaient rater une partie du camp, ou même le début de la saison, les chances de Vesalainen de commencer l’année dans la LNH, comme il était parvenu à le faire à 19 ans, n’en seront que meilleures.

« Ouais, mais je ne veux pas compter là-dessus, sur un gars qui n’a pas de contrat, pour faire ma place, met-il rapidement au clair. Je dois bien jouer et c’est tout. »    

Vesalainen, un ailier gauche de 6 pieds 3 pouces et 207 livres, a eu ses bons moments à son année d’initiation en Amérique du Nord, mais ce n’est pas tant la qualité de son jeu que les endroits où il a joué qui ont attiré l’attention.

Après un court stage de cinq parties dans la LNH, Vesalainen a été rétrogradé dans la Ligue américaine où il a produit huit points en huit matchs. En novembre, il a décidé d’exercer une clause à son contrat qui lui permettait de retourner en Europe et il s’est joint au Jokerit d’Helsinki, dans la KHL.

De retour dans un environnement plus familier, le 24e choix du repêchage de 2017 a amassé 11 points à ses 13 premiers matchs, mais a frappé un mur après les Fêtes. Il n’a ajouté que six points à ses 18 matchs suivants et le Jokerit a coulé avec lui, subissant l’élimination dès le premier tour des séries éliminatoires.

En mars, Vesalainen était de retour au Manitoba. Il a conclu une campagne inégale avec cinq points en 14 matchs alors que le Moose ratait sa qualification pour les séries. 

Aucun regret

De l’extérieur, sa décision de scinder sa saison avec un aller-retour en Europe n’apparaît pas comme la plus avisée et il est facile de s’imaginer qu’elle ait pu être la source de friction à l’interne. Pascal Vincent, qui a été son entraîneur dans la Ligue américaine, repousse toutefois toute insinuation de controverse.

« De notre côté, connaissant toutes les raisons pour lesquelles il a décidé [de retourner en Europe], on était bien correct avec ça. C’était dans son contrat, il avait le droit de le faire. Lorsqu’on l’a signé, on savait que c’était une possibilité et c’était ouvert à lui. C’était aussi sa décision de revenir, il n’était pas obligé de le faire. C’est lui qui nous a appelés pour finir la saison avec nous autres. »

Vincent assure aussi que Vesalainen a été accueilli à bras ouverts à son retour dans le vestiaire du Moose.

« Ça dépend comment c’est expliqué, ça dépend pourquoi c’est fait. Dans son cas à lui, ça a été fait pour les bonnes raisons et il est revenu pour les bonnes raisons. Les joueurs veulent juste avoir la vérité et c’est ce qu’on a fait, on a dit la vérité. Quand il est arrivé dans la chambre, tout le monde était super content. »

De retour au Canada pour participer au camp des recrues des Jets, Vesalainen défend ses choix avec l’assurance d’un vétéran. Non, il ne changerait rien à son récent itinéraire s’il avait la chance de revenir en arrière.     

« Je n’ai rien contre la Ligue américaine, insiste-t-il. Je voulais juste aller ailleurs et voir comment je pouvais me débrouiller. [La KHL] est une très bonne ligue et j’ai l’impression de m’y être amélioré. »

« Je ne regrette absolument rien. Je trace mon propre chemin et quand je prends une décision, je l’assume. Je ne regrette rien. »

La question est maintenant de savoir si Vesalainen entamera la saison avec le club-école ou sous les ordres de Paul Maurice avec les Jets. Pascal Vincent ne prédit pas l’avenir, mais il est convaincu que le grand Finlandais arrive avec la maturité sportive et personnelle pour décrocher un poste avec le grand club. Avec ou sans Laine. Avec ou sans Connor.

« Je pense qu’il est prêt pour la compétition et on va lui donner une chance honnête, comme celle qu’il a eue l’an passé », promet Vincent.