À l’aube de la deuxième ronde, la seule prédiction qu’on peut lancer haut et fort et avec la certitude qu’elle s’avérera est que l’Alberta sera représentée en finale de l’Ouest.

Ça, c’est facile. Il est toutefois bien plus difficile d’assurer que c’est le club du Sud ou celui venu du Nord qui sera de la finale.

Et même si plusieurs amateurs et une même proportion d’observateurs placent déjà l’Avalanche non seulement en finale de l’Ouest, mais en grande finale de la coupe Stanley également, il serait imprudent et presque périlleux de croire que les Blues ne leur compliqueront pas la tâche.

Pas au point de les éliminer? Je sais que ça semble improbable. Mais l’avertissement servi par un dépisteur professionnel qui connaît à fond l’Association Ouest, un avertissement qui sonnait comme : « les Blues de Saint Louis sont les seuls qui peuvent faire mal à l’Avalanche », me trotte dans la tête depuis des semaines. Et il résonne plus fort depuis que les Blues ont éliminé le Wild pour accéder à la deuxième ronde.

Avant de se lancer dans les prédictions, il est impératif ici de rendre hommage à Jake Oettinger et aux Stars de Dallas qui ont non seulement poussé la série qui les opposait aux Flames à la limite des sept matchs, mais qui ont poussé ce septième match à la prolongation.

Connor McDavid a prouvé avec panache qu’il est le meilleur joueur de hockey au monde. Cale Makar a prouvé qu’il est déjà l’un des défenseurs les plus spectaculaires au monde. Qu’il est en voit de devenir le meilleur au monde.

Mais au-delà les performances sensationnelles de McDavid, Makar et de tous les joueurs qui se sont démarqués en première ronde, Oettinger les a tous déclassés.

Le jeune gardien des Stars est devenu une étoile. Si la série qu’il vient de disputer sert de tremplin à ce qu’il réserve pour les prochaines années, les Stars compteront sur un gardien qui sera campé au sein de l’élite de la LNH.

Non seulement Oettinger a été lapidé de rondelles et qu’il a fait face à des occasions en or de marquer par douzaines match après match, mais il n’a accordé que 13 buts sur les 285 tirs qu’il a affrontés.

Sa moyenne d’efficacité de 95,4 % dépasse les rêves les plus fous.

Ce pourcentage d’efficacité mirobolant combiné à une moyenne de 1,81 but accordé par match aurait normalement dû permettre à Oettinger de hisser son équipe en deuxième ronde et de devenir du coup le candidat numéro un au trophée Conn-Smythe.

Mais moins outillés en attaque que les Flames et plus concentrés sur la défensive, les Stars se sont frottés à un Jacob Markstrom qui a fait ce qu’il avait à faire pour aider son équipe à surmonter le défi Oettinger. Markstrom a été moins sollicité que son jeune vis-à-vis. Mais parce qu’il a été à la hauteur de sa réputation, parce qu’il a maintenu une efficacité de 94,3 % et une moyenne de 1,53 but accordé par match, les Flames ont eu chaud, mais ne se sont pas brûlés. Du moins pas trop.

Si Markstrom avait imité Andreï Vasilevskyi ou Igor Shesterkin et qu’il avait connu une première ronde ordinaire, les Flames seraient en vacances, les Stars seraient la surprise des séries et les Oilers auraient un défi moins imposant devant eux.

Oilers-Flames : la bataille de l’Alberta

Parce que Markstrom a non seulement été très bon, mais excellent, la logique favorisant les Flames en première ronde a été respectée et nous voilà devant une bataille de l’Alberta qui ravivera la rivalité entre Calgary et Edmonton au grand plaisir des amateurs du reste de la planète hockey.

Car cette série sera enlevante au possible.

Il est difficile de croire que l’Avalanche s’appelait alors les Nordiques et que c’est à Québec et non Denver que cette équipe évoluait lorsque les Flames et les Oilers se sont croisés pour la dernière fois en séries.

Pourquoi la référence aux Nordiques et à Québec?

Car ceux et celles qui ont vécu la rivalité Montréal-Québec peuvent témoigner que la rivalité Calgary-Edmonton était tout aussi vive. Tout aussi belliqueuse. Tout aussi intense.

Et elle risque de le redevenir rapidement.

Malgré le travail impeccable accompli en première ronde par Phillip Danault à ses dépens, McDavid a non seulement réussi à s’extirper des griffes défensives du Québécois et de ses coéquipiers des Kings, mais il s’est assuré de prendre les choses en main pour propulser son équipe en deuxième ronde.

McDavid a récolté 14 points en sept matchs. Au-delà de ses buts importants, dont celui marqué pour assurer la victoire lors du septième match, « McJesus » en a préparé 10 autres. Dont le premier du match lors de la rencontre décisive.

Il a aussi été dominant dans les autres aspects du jeu.

À l’aube de cette bataille de l’Alberta, il est clair que McDavid sera tout aussi dominant dans les quatre, cinq, six ou sept parties que durera cette série.

Mais sera-t-il capable de faire contrepoids au premier trio des Flames et aux autres atouts de l’équipe du Sud qui me semble meilleure que celle du Nord? Et est-ce que la deuxième tête du monstre offensif créé par McDavid et Leon Draisaitl saura faire assez peur à l’adversaire pour qu’il se replie sur les talons avant d’être renversé?

Je ne crois pas.

Surtout qu’avec Markstrom devant la cage, les Flames sont mieux protégés que les Kings ne l’étaient avec Jonathan Quick. Et ce, même si le vieux gardien des Kings a fait du bon travail.

Parlant de vieux gardiens, Mike Smith ne s’est pas écroulé en première ronde. Même qu’avec une efficacité de 93,8 % (244 arrêts sur les 260 tirs des Kings), il a été bien meilleur que plusieurs l’anticipaient. Mon nom est haut perché sur cette liste de sceptiques confondus…

Smith demeure le maillon faible des Oilers. Et c’est justement parce que je crois que Smith s’effacera là où Markstrom s’imposera que je crois que les Flames vont l’emporter.

Le gros trio des Flames n’a rien cassé en première ronde contre Dallas. Les trios de soutien ont pris la relève.

Mais le but gagnant, en prolongation, lors du septième match, m’incite à croire que Johnny Gaudreau sera bien meilleur en deuxième ronde qu’il ne l’a été en première. Cela dit, Oettinger lui a volé quelques buts, est-il besoin de le rappeler.

Tyler Toffoli qui, lui aussi, a fini par toucher le fond du filet devrait donner aux Flames une production offensive en soutien. Le genre de production dont une équipe a besoin pour gagner en séries. Le genre de production dont je ne crois pas que les Oilers pourront profiter.

L’attaque massive des Oilers pourrait renverser ma prédiction si des Flames indisciplinés devaient offrir trop d’occasions à Jay Woodcroft d’envoyer McDavid et Draisaitl en même temps sur la patinoire.

Mais je demeure convaincu qu’en dépit une seule victoire lors des cinq premières batailles de l’Alberta, les Flames sortiront gagnants de la sixième.

Prédiction : Calgary en 6

Blues-Avalanche : à l’impossible, nul n’est tenu

Une avalanche de bonnes nouvelles favorise le Colorado à l’aube de la série qui l’opposera dès ce soir aux Blues de Saint Louis.

Avec Darcy Kuemper qui a reçu le vert après que le gardien numéro un eut été atteint à un œil par la lame d’un bâton lors du 3e match de la série contre Nashville en première ronde, l’Avalanche compte une formation complète et en santé.

Ou en aussi bonne santé qu’il soit possible de l’être en séries.

Makar a marqué trois buts et récolté 10 points en première ronde. Vrai qu’Adam Fox, des Rangers, affiche des statistiques identiques, mais le fait que Makar ait récolté ses 10 points en quatre matchs et non en sept parties démontre à quel point il est devenu un des défenseurs les plus dominants de la LNH.

Devon Toews lui sert de partenaire idéal.

Ah oui! Nathan MacKinnon, Gabriel Landeskog et Mikko Rantanen forment toujours l’un des plus solides trios de la LNH et le reste de la formation de l’Avalanche font de cette équipe le club à battre dans l’Ouest cette saison.

Ajoutez à ça le fait que l’Avalanche est aussi très reposée après le balayage conclu aux dépens des Predators et les Blues, à n’en pas douter, auront les mains pleines dès mardi et pour la durée de cette série.

Bon! Est-ce que le repos sera bénéfique où qu’il deviendra une excuse si l’Avalanche devait manquer de synchronisme?

La réponse sous la forme de l’un des nombreux clichés du hockey dépendra du résultat. Mais d’ici à ce qu’on obtienne une réponse à cette question, l’Avalanche demeure le club favori. Mon club favori.

Les Blues dans tout ça?

Ils sont parfaitement bien campés dans leur rôle de négligés.

Mais attention : ils sont des négligés dangereux. Ils comptent toujours sur l’attaque la plus diversifiée de la LNH avec neuf marqueurs de 20 buts et plus en saison régulière.

Les Blues jouent du hockey lourd, méthodique. Du hockey capable de contenir les élans des adversaires plus en vue et plus spectaculaire. Ils l’ont prouvé aux dépens du Wild en première ronde.

En prime, Jordan Binnington avec trois victoires consécutives, sa moyenne de 1,67 but alloué par match et son efficacité de 94,3 % (181 arrêts sur les 192 tirs affrontés) semble avoir retrouvé la forme qui lui a permis de conduire les Blues à leur première conquête de la coupe Stanley en 2019.

Binnington et les Blues sont encore loin de la coupe. C’est vrai. Mais le jeune gardien a fait un pas de géant dans la bonne direction en reprenant le filet qu’il avait perdu aux jambières de son coéquipier Ville Husso en cours de saison régulière.

Saura-t-il le garder? Si la réponse est oui, les Blues auront une chance. Si la réponse est nom, la série sera bien plus courte que je l’anticipe. Surtout qu’une certaine incertitude – on pourrait même parler d’incertitude certaine – flotte toujours quant à la présence des défenseurs Torey Krug et Marco Scandella à la ligne bleue des Blues.

Je m’attends à une grande opposition des Blues, mais comme le dit le proverbe : à l’impossible nul n’est tenu.

Prédiction : Colorado en 7