MONTRÉAL - Si la LNH grouillait d’activités à l’aube des séries éliminatoires plutôt que d’avoir été mise en pause par la COVID-19, Jacques Martin passerait des heures à épier les faits et gestes des adversaires des Penguins afin de bien préparer ses défenseurs et les spécialistes du désavantage numérique dont il orchestre le travail.

 

Que fait Jacques Martin au cours de cet entracte qui se prolonge et qui pourrait bien se prolonger encore longtemps? Surtout que la Ligue nationale a, mardi, prolongé de deux semaines la période de confinement imposée à ses joueurs.

 

Il épie les faits et gestes des adversaires des Penguins afin de préparer ses défenseurs et les spécialistes du désavantage numérique dont il orchestre le travail.

 

Seule différence, il effectue ce travail à Knowlton en Estrie où il a rejoint sa conjointe depuis que la LNH – et ses patrons des Penguins – ont donné le feu vert aux joueurs et membres du personnel des 31 équipes de la Ligue de rentrer à la maison en attendant la reprise des activités. Si jamais elles reprennent.

 

L’ancien entraîneur-chef du Canadien est connu et reconnu comme un bourreau de travail en matière de préparation de ses joueurs. Comme plusieurs de ses homologues, il passe des heures et des heures pour voir et revoir des matchs afin de les analyser et de déceler des failles dont ses joueurs pourraient tirer profit dans le cadre d’éventuels duels en saison régulière ou en séries. Mais s’il ne peut totalement mettre de côté cet aspect de son travail, Jacques Martin reconnaît qu’il s’y consacre avec un brin plus de retenue. Circonstances obligent.

 

« La priorité demeure le respect des mesures de prévention pour éviter de prolonger la pandémie. J’ai décidé de revenir au Québec pour rejoindre ma conjointe. Personne ne sait combien de temps tout ça va durer et je préférais être avec elle au Québec pour traverser tout ça. On marche beaucoup, on travaille autour de la maison, on a même ramassé des feuilles laissées au sol à l’automne. On s’occupe en faisant attention à nous et aux membres de nos familles, même si on doit le faire à distance », a indiqué Martin qui a migré vers le Nord au lieu de mettre le cap sur la Floride où il a gardé une résidence depuis son séjour à la tête des Panthers à titre d’entraîneur-chef et de directeur général de l’équipe.

 

« Les choses ont bien changé en Floride où ils ont mis plus de temps qu’ici à réagir. Les restaurants sont fermés comme les plages et les piscines. J’ai parlé à un ami qui occupe la même tour que moi et il me disait que les autorités interceptaient tous ceux qui allaient simplement marcher sur la plage pour les inviter à quitter et à rentrer chez eux. »

 

La pause décrétée par Gary Bettman le 12 mars dernier a aussi permis à Jacques Martin de revivre ses meilleurs moments à la barre du Canadien de Montréal qu’il a dirigé entre 2009 et 2011. Le manque à gagner en matière de nouvelles sportives a ramené le « printemps Halak » au centre de l’actualité. Un retour en arrière que Jacques Martin a commenté avec plaisir et qui lui a permis de revivre les victoires, ô combien imprévues, aux dépens des Capitals de Washington et des Penguins, avant le revers aux mains des Flyers en Philadelphie en finale d’association.

 

Réunion d’entraîneurs

 

Jacques Martin se préparait en vue d’une réunion de l’équipe d’entraîneurs des Penguins lorsque RDS.ca l’a joint en fin d’avant-midi lundi. L’entraîneur-chef Mike Sullivan et ses adjoints gardent des contacts réguliers afin de maintenir le travail de préparation en vue de la reprise de la saison.

 

« On ne sait pas encore comment elle reprendra ou même si elle reprendra, mais on tient à être prêts et surtout à bien préparer le reste de l’équipe », a indiqué celui qui occupe le poste d’adjoint derrière le banc des Penguins depuis la saison 2013-2014.

 

Une fois les informations échangées entre Sullivan, Martin, Marc Recchi et le reste de l’équipe d’entraîneurs des Penguins, l’autre portion du travail consiste à rejoindre les joueurs dont chacun des coachs a la responsabilité. « On ne va pas dans les détails comme si nous étions dans la dernière phase de préparation d’une partie, mais il est important que garder contact avec nos joueurs pour s’assurer qu’ils maintiennent leur forme physique et qu’ils se gardent le plus prêts possible à reprendre le travail lorsque la Ligue nous donnera le feu vert. On leur envoie des informations par courriels. On veut qu’ils restent engagés. Qu’ils réalisent que la saison n’est pas finie. »

 

Du moins pas encore.

 

Le report des JO aide la LNH

 

Bien qu’il nage dans les spéculations comme tous les amateurs de hockey, Jacques Martin s’accroche aux chances que la LNH puisse reprendre ses activités. Qu’elle puisse terminer la saison et disputer les séries éliminatoires. Même si ces séries se poursuivent en juillet, voire en août.

 

« Le fait que les Jeux olympiques aient été reportés améliore nos chances puisque le réseau NBC n’aura pas à présenter les compétitions l’été prochain. Il pourrait se rabattre sur le hockey. On doit encore gagner la première bataille contre la COVID, mais si nous arrivons à contenir la pandémie au Canada et aux États-Unis disons d’ici le mois de juin, je crois qu’il est envisageable de reprendre les activités ensuite. Je garde confiance », a poursuivi Jacques Martin.

 

Rythme gagnant à retrouver

 

Les Penguins se préparaient à affronter les Blue Jackets à Columbus lorsque le commissaire Gary Bettman a stoppé les activités de la LNH.

 

Martin et son équipe tentaient de retrouver un rythme gagnant alors que les Penguins traversaient leur pire séquence de la saison. La victoire arrachée aux Devils du New Jersey la veille n’était que la troisième victoire des Penguins à leurs 11 derniers matchs. Onze revers en temps réglementaires, dont six encaissés de façon consécutive.

 

« On ne jouait pas aussi mal que notre fiche le laissait croire. On a même disputé des matchs solides, mais on s’est frotté à des gardiens qui nous ont volé des buts alors que les nôtres ont été un peu plus généreux qu’à l’habitude. La lutte était vraiment serrée dans notre division (métropolitaine), mais nous étions quand même en troisième place (40 victoires, 23 revers, 6 défaites en prolongation et tirs de barrage). Avec 11 matchs encore à disputer avant la fin du calendrier régulier, nous avions le temps de regrouper les gars et de retrouver le rythme gagnant qu’on avait eu depuis le début de la saison. Nous n’étions pas inquiets. Surtout que des blessés revenaient graduellement avec l’équipe. On a toujours cru en notre club et nous étions prêts à faire ce qu’il fallait pour bien finir la saison et être prêts pour les séries. »

 

Contaminations évitées

 

Les six revers de suite ont coïncidé avec une séquence de cinq matchs en six disputés sur la route dont les trois derniers en Californie qui était alors l’un des points chauds de la pandémie aux USA.

 

« Nous sommes demeurés au même hôtel pour les matchs contre les Kings et les Ducks. Nous avons affronté les Sharks dans une séquence de deux matchs en deux soirs. On est arrivé très tard la nuit précédant la partie parce que nous avons dû nous envoler de Los Angeles et non d’Anaheim et atterrir à Oakand, car il était trop tard pour nous poser à San Jose. Nos gars sont donc allés à l’aréna simplement pour disputer le match. Cela a donc permis de diminuer les risques de contamination au sein du groupe et heureusement personne n’a pas été touché », a conclu Jacques Martin.

 

Rappelons que deux joueurs des Sénateurs d’Ottawa et deux autres de l’Avalanche du Colorado ont été contaminés par la COVID-19 après que les deux équipes eurent effectué une tournée californienne.