LAS VEGAS - Alexander Ovechkin a déjà une place bien à lui et surtout bien en vue qui l’attend au Temple de la renommée.

 

Meilleur franc-tireur de son époque comme le confirme ses 607 buts en 1007 matchs de saison régulière, 607 buts auréolés par sept trophées Maurice-Richard dont un qu’il remporte cette année pour une cinquième saison consécutive, Ovechkin occupe une place de choix parmi les meilleurs joueurs de l’histoire du hockey.

 

Il ne faudrait pas non plus mettre de côté son trophée Calder, son trophée Art Ross, mais plus encore ses trois trophées Hart à titre de joueur le plus utile de la LNH et trois trophées Ted Lindsay qui représentent la consécration ultime puisqu’ils confirment l’identité du joueur par excellence de la LNH tel qu’élu par ses pairs.

 

Avec tous ses exploits sur la glace et ses trophées pour les confirmer, Alexander Ovechkin n’a pas besoin de la coupe Stanley pour confirmer sa place au Temple ou dans l’Histoire.

 

Mais le fait de recevoir la coupe Stanley des mains de Gary Bettman que ce soit demain soir à Las Vegas, dimanche devant ses partisans à Washington où la semaine prochaine si les Golden Knights réalisent un revirement complet de situation et prolongent la série à la limite représentera la consécration du capitaine des Capitals.

 

De grands joueurs n’ont jamais touché à la coupe Stanley. Marcel Dionne et son ancien compagnon de trio Dave Taylor; Gilbert Perreault et les autres membres de la « French Connection », Richard Martin et René Robert; Peter Stastny et Michel Goulet; Pat Lafontaine, Eric Lindros, Jarome Iginla et Joe Thornton pour en nommer quelques autres. Tous ces joueurs sont quand même au Temple de la renommée du hockey ou y entreront une fois à la retraite et la période d’attente complétée.

 

Le fait de finalement soulever la coupe Stanley aurait le même effet pour la carrière d’Alex Ovechkin que la victoire des Ducks d’Anaheim a eu sur la carrière de Teemu Selanne. Que la victoire de l’Avalanche du Colorado a eu sur la carrière de Raymond Bourque.

 

Bourque serait-il un moins grand défenseur si les Bruins ne l’avaient jamais échangé à l’Avalanche et que les Joe Sakic et Patrick Roy l’avaient aidé à réaliser son plus grand rêve? Jamais de la vie. Mais l’image de Raymond Bourque, en pleurs, soulevant enfin la coupe que lui a remise Joe Sakic demeure une des plus belles images de victoire de la coupe Stanley qui m’a marqué à titre d’amateur.

 

Alexander Ovechkin ne s’est jamais effacé ou évanoui en séries. Vrai que ses Capitals ont multiplié les ratés et les déceptions. La défaite en première ronde contre le Canadien de Montréal en 2010 demeure un gros nuage qui porte ombrage à la carrière d’Ovechkin et à l’histoire des Caps.

 

Mais quand on consulte les statistiques, Ovechkin a toujours maintenu, ou à peu près, sa production de saison régulière une fois en séries. Ses 60 buts marqués et 116 points récoltés en 120 matchs confirment une légère fluctuation à la baisse. Mais il est normal qu’il soit plus difficile de marquer en séries alors que chaque match est capital pour les deux clubs qu’en saison alors que plusieurs fois sur les 82 parties l’adversaire abandonne rapidement. Des fois même trop…

 

Alimenté par le passé par un centre aussi talentueux que généreux en Nicklas Backstrom, Alexander Ovechkin est encore gâté aujourd’hui alors que son compatriote Evgeny Kuznetsov a remplacé l’as Suédois des Caps. L’avenir confirmera peut-être même que Kuznetsov est meilleur que Backstrom. Qui sait. Ce qui est clair, c’est qu’en dépit les sorties trop rapides des séries, Ovechkin a toujours fait ce qu’il fait de mieux : marquer des buts. Générer de l’attaque.

 

À la lumière de ces statistiques, prétendre que les insuccès des Caps en séries sont directement attribuables à Ovechkin est donc non seulement injuste, mais aussi injustifié.

 

Cette année, il le fait encore. Il le fait mieux que jamais. Avec 14 buts, il a déjà égalé le record de l’histoire des Caps. Il devrait en établir un nouveau dès jeudi. Ou peut-être plus tard si la série se prolonge. Mais il fait bien plus alors qu’il assume pleinement son rôle de leader non seulement sportif, mais émotif.

 

Et c’est pour cette raison qu’à moins d’une performance tonitruante de Kuznetsov jeudi dans le cadre du dernier match de la finale, mon vote pour le Conn-Smythe ira à Ovechkin. Kuznetsov ne sera pas loin derrière, j’en conviens. Et Braden Holtby ne sera pas loin de Kuznetsov non plus.

 

Mais pour l’ensemble de son œuvre depuis le début des séries, pour sa victoire dans le duel qu’il avait jusque-là toujours perdu aux mains de Sidney Crosby, il est impossible de demeurer insensible à la consécration d’Ovechkin dans le cadre d’une conquête de la coupe Stanley.

 

Et si Ovechkin s’effondre? Si son équipe pique du nez? Si les Golden Knights réalisent l’impossible comme l’annonçaient des publicités optimistes croisées sur des panneaux lumineux à ma descente d’avion à Las Vegas mercredi? S’ils reviennent de l’arrière pour finalement ravir des mains d’Ovechkin et des Caps une coupe Stanley que je leur concède – comme bien du monde cela dit – peut-être trop vite?

 

La consécration devra attendre.

 

Ovechkin sera toujours un grand joueur. Il sera toujours assuré d’une place de choix et bien en vue au Temple de la renommée et dans le grand livre de l’Histoire du hockey. Il aura finalement battu Crosby et les Penguins en séries éliminatoires.

 

Mais il lui manquera la coupe Stanley.

 

Les Golden Knights confiants malgré la pression

Et c’est parce que je suis convaincu qu’il tient à ne pas l’échapper maintenant qu’elle est plus que jamais à portée de mains qu’Ovechkin ne la laissera pas lui filer entre les doigts. Que ses coéquipiers prendront tous les moyens à leur disposition pour éviter cette glissade aussi imprévue qu’imprévisible compte tenu du fait que les Capitals démontrent avec éloquence à quel point ils sont plus forts que les Golden Knights.

 

Il est dangereux de parier contre les Knights – je le sais très bien puisqu’ils m’ont fait mentir comme un arracheur de dents lors des trois premières rondes – et je ne gagerais pas ma maison sur cette prédiction – parce qu’il ne faut jamais parier sa maison de toute façon – mais si la finale ne se termine pas jeudi, à Vegas, elle se terminera dimanche, à Washington.

 

Et la coupe Stanley consacrera la carrière d’Alex Ovechkin.

 

Et assurera aussi un contrat à long terme et très payant à Barry Trotz, peu importe que ce soit à Washington, à Uniondale ou ailleurs dans la LNH. Mais ça, c’est une autre histoire…