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NEW YORK - Négligés par tous les observateurs à l’aube de la saison, le Canadien et les Rangers partagent des qualités importantes qui font contrepoids à leur manque de talent, de profondeur et d’expérience: celles de travailler sans relâche; de patiner à fond de train; d’être rapides et incisifs en transition et en exécution; de ne jamais abandonner.

 

Le Canadien et les Rangers ont travaillé hier. Ils ont patiné. Ils n’ont jamais abandonné non plus.

 

Je sais! Le Canadien a laissé filer une avance de 3-1 pour finalement s’incliner 5-3. Mais le Canadien n’a pas abandonné. Il a simplement donné le match aux Rangers qui s’envolent avec un 4e gain de suite alors qu’ils ne revendiquaient que trois gains en 11 rencontres avant cette séquence victorieuse. C’est bien pire.

 

Contrairement à lundi alors qu’il a effectué une remontée victorieuse qu’on sentait venir tant le Canadien jouait mieux que ses adversaires les Islanders, mardi soir au Madison Square Garden, on sentait les Rangers en meilleure posture que le Tricolore après 40 minutes même s’ils tiraient de l’arrière par un but. La remontée des Rangers ou la débandade du Canadien étaient même prévisibles tant les deux clubs jouaient de manière opposée en deuxième moitié de match.

 

Avec le résultat qu’on connaît : le Canadien a bêtement fait cadeau des deux points en multipliant des erreurs qui ont ouvert la porte aux quatre buts sans riposte qu’ils ont encaissés au lieu de minimiser les erreurs et de protéger une avance qui semblait suffisante pour gagner.

 

Drouin tourne les coins ronds

 

Il serait malhonnête et injuste d’imputer la responsabilité des erreurs qui ont coulé le Canadien à un seul joueur. D’abord parce qu’elles ont été trop nombreuses. Ensuite parce que plusieurs joueurs doivent plaider coupables.

 

« Il n’est pas question d’identifier des responsables ce soir, car trop de joueurs sont coupables », a d’ailleurs souligné Claude Julien.

 

Je peux comprendre l’entraîneur-chef de vouloir protéger ses joueurs. Ça l’honore et ça l’assure de garder leur respect.

 

Mais on peut avancer des noms de joueurs qui, disons-le franchement, sont plus coupables que d’autres.

 

À commencer par Jonathan Drouin qui a disputé un match horrible.

 

Drouin s’est rendu coupable de nombreux revirements coûteux. Défensivement, il a tourné le coin rond au lieu de s’impliquer réellement pour venir en aide à ses coéquipiers. Il est directement responsable du premier but attribuable à un revirement en zone neutre. Sur le troisième but des Rangers, il aurait pu tenter de bloquer un tir qui a finalement fait mal paraître Carey Price, mais il s’est contenté de placer son bâton dans la ligne de tir au lieu de lui-même s’interposer devant la rondelle. Sur le quatrième, Drouin a regardé Neal Pionk imiter Bobby Orr alors qu’il a traversé la patinoire d’un bout à l’autre avant de contourner Noah Juulsen trop facilement pour ensuite venir déjouer Price sous les yeux du Québécois qui s’est contenté d’être observateur sur le jeu au lieu d’être un acteur.

 

Offensivement, Drouin a eu quelques belles étincelles. Mais défensivement, il a vraiment fait mal à son équipe.

 

Après la rencontre, il a refusé de venir répondre aux questions de journalistes afin de plaider sa cause après un match difficile. Remarquez qu’il pouvait difficilement défendre l’indéfendable. Mais bon!

 

Price plaide coupable

 

Contrairement à Jonathan Drouin, Carey Price a répondu aux questions. Il a même plaidé coupable dans la défaite.

 

« Je devais effectuer l’arrêt sur le but qui a envoyé les Rangers en avant 4-3 », a lancé le gardien du Canadien.

 

Cette remarque m’a surpris. Car le véritable coupable sur le jeu est Noah Juulsen avec la complicité de Drouin qui n’a rien fait pour empêcher le défenseur des Blue Shirt de couper au filet et de déjouer Price entre les jambes.

 

Mais bon. Je soupçonne Price d’avoir pris le blâme pour venir en aide à son jeune défenseur qui a connu une soirée difficile. Car avant d’ouvrir la porte à Pionk, Juulsen a effectué plusieurs sorties mal avisées en zone neutre où il s’est fait prendre à contre-pied avec le résultat que les Rangers ont obtenu des poussées en surnombre ensuite. Juulsen n’a pas été le seul défenseur à en arracher mardi. Jeff Petry et Mike Reilly en ont arraché par moments eux aussi.

 

À mes yeux, Price est bien plus responsable du but égalisateur que du quatrième but des Rangers. Avec une avance d’un petit but et une équipe qui complètement désorganisée devant lui, Carey Price se devait d’être Carey Price. Il devait être la force tranquille qui allait sauver son club.

 

Jusque-là, Price avait été très bon. Très solide. Plusieurs arrêts réalisés au cours des deux premières périodes avaient justement permis de racheter des erreurs grossières de ses coéquipiers. Dont deux sur des surnombres accordés par le 4e trio dans deux présences successives.

 

Mais sur le troisième but, Price a été atteint à l’épaule gauche. Il n’a jamais été en mesure de contrôler le retour et Pavel Buchnevich, justement volé une ou deux fois plus tôt dans le match, a pu savourer une douce revanche.

 

« Je croyais avoir coincé la rondelle entre mon masque et mon épaule », a simplement admis le gardien qui se devait de faire l’arrêt sur ce jeu.

 

Un arrêt sur ce jeu était nécessaire non seulement pour protéger l’avance timide de son équipe, mais pour redonner un brin de confiance à un groupe qui en manquait alors cruellement. Cet arrêt n’est pas venu et le but qui a suivi relancera les questions et les doléances sur le compte de Price qui n’a pas encore volé de match pour son équipe cette saison.

 

La fatigue n’excuse pas tout

 

Et pas question ici de se replier sur la fatigue associée aux deux matchs en deux soirs et au fait que le Canadien disputait un quatrième match en six jours pour expliquer ce cadeau offert aux Rangers.

 

« La fatigue est un fait, mais elle n’est pas une excuse. Les bonnes équipes trouvent les moyens de gagner dans ces séquences de deux matchs en deux soirs et nous devrons trouver une façon de les gagner. La leçon que nous avons encaissée ce soir nous aidera plus tard en saison à gagner», ont d’ailleurs convenu Max Domi et Xavier Ouellet croisés chacun à leur bout d’un vestiaire bien tranquille après le revers.

 

« Je n’achète pas la fatigue, a renchéri l’entraîneur-chef Claude Julien. Cette fatigue ne nous a pas empêchés de marquer trois buts. On n’a simplement pas joué un match intelligent. On a commis beaucoup d’erreurs mentales. À 3-1, le match aurait dû être terminé. Mais on leur a donné la chance de revenir. »

 

Les partisans du Tricolore doivent espérer que Domi et Ouellet ont raison de prétendre que la défaite aux mains des Rangers servira de leçon. Car la séquence de deux matchs consécutifs à Brooklyn et Manhattan était la première de 13 avec lesquelles le Canadien devra composer cette année. La prochaine viendra les 23 et 24 novembre à Buffalo et contre Boston au Centre Bell. Elle sera suivie d’une autre les 1er et 2 décembre contre les Rangers et les Sharks de San Jose qui feront escale à Montréal.

 

En bref

  • Les revirements, les erreurs, le mauvais but accordé par Price sur le troisième des Rangers, les trop nombreuses pénalités écopées ont largement contribué au revers du Canadien. Mais il ne faudrait pas oublier que l’attaque massive a bousillé une supériorité de quatre minutes qui a suivi un assaut de Cody McLoed aux dépens de Jonathan Drouin. Non seulement le Canadien n’a rien fait à cinq contre quatre, mais Tomas Tatar a bousillé une séquence potentielle de 48 secondes à cinq contre trois en écopant une des huit pénalités mineures infligées au Tricolore mardi. À ce moment, le Canadien menait 31 et un 4e but aurait fait une grosse différence. Mais ce sont les Rangers qui ont finalement marqué avant la fin de la période médiane pour resserrer le score…
     
  • Les huit pénalités mineures écopées par le Canadien mardi représentent le double de la moyenne du Tricolore depuis le début de la saison…
     
  • Une de ces huit pénalités a été décernée en fin de rencontre pour avoir eu trop de joueurs sur la patinoire. Et les six joueurs pris en défaut étaient dans l’action. C’est la deuxième fois en deux soirs – quatrième fois cette saison – que le CH écope d’une telle pénalité. «Ces pénalités tombent sur les épaules des coachs, mais dans les faits elles sont de la responsabilité des joueurs. Ils savent très bien qui ils doivent remplacer. Ces pénalités sont le résultat d’un manque de communication ou de concentration. Ça rentre dans le lot des erreurs mentales dont nous nous sommes rendus coupables ce soir», a commenté Claude Julien.
     
  • En plus de perdre le match, le Canadien a perdu les services de Joel Armia en période médiane. Sur un jeu qui semblait anodin, Armia a été victime d’un contact au genou en zone neutre gracieuseté de Brendan Smith qui a écopé une pénalité mineure sur le jeu. Armia s’est écroulé sur la patinoire au grand désespoir des partisans des Rangers qui ont cru à une comédie. Le Finlandais a immédiatement retraité au vestiaire et il n’est jamais revenu au jeu.
     
  • Dans la défaite, Max Domi a marqué un neuvième but cette saison et un septième à ses sept derniers matchs. Tomas Tatar s’est aussi signalé avec deux buts, ses premiers après un passage au neutre de neuf matchs. On doit également souligner le travail efficace d’Andrew Shaw et Artturi Lehkonen en désavantage numérique…