TAMPA BAY – De bleu qu’il était sur l’heure du lunch, le ciel s’est mis à grisonner au cours de l’après-midi. Vers 18 h, deux heures avant le troisième match de la grande finale, le ciel n’était plus gris : il était noir. Il était menaçant.

 

Les gros éclairs qui piquaient vers le sol à toutes les dix secondes, le vrombissement du tonnerre et les fortes bourrasques qui balayaient la ville n’avaient rien pour rassurer un touriste venu du Nord.

 

Déjà quelques milliers bien installés sur l’esplanade située devant l’Amalie Arena, les partisans drapés aux couleurs du Lightning jetaient un œil presque indifférent au ciel malgré le fait qu’un violent orage semblait imminent. Ils protégeaient jalousement leur emplacement devant le gros mur transformé en écran sur lequel le match serait bientôt présenté.

 

Les policiers qui m’ont donné accès à l’esplanade ont même esquissé des sourires moqueurs lorsque je leur ai demandé s’ils ne craignaient pas devoir composer avec un soudain mouvement de foule difficile à contenir une fois la pluie commencée.

 

« Ils ont plus peur que le Lightning perde ce soir encore », que l’un des agents m’a répondu.

 

Bien qu’ils se soient fait mouiller, les partisans du Lightning ont évité le pire. Comme leurs favoris d’ailleurs qui ont finalement trouvé une façon de battre l’Avalanche du Colorado.

 

Le Lightning a remporté une victoire facile de 6-2. Un gain qui redonne un brin d’espoir à ceux et celles qui croient le Lightning encore capable de remporter une troisième coupe Stanley consécutive même s’il a perdu les deux premières rencontres disputées à Denver.

 

Ce ne sera pas facile. Ce sera même ardu considérant que jamais encore dans l’histoire de la LNH, un club a remporté deux séries quatre de sept consécutives après avoir perdu les deux premiers matchs dans chacune d’elles.

 

Mais pour se donner la chance de réaliser cet exploit, il fallait d’abord gagner. Et gagner le plus vite possible.

 

« Nous avions dit qu’il fallait rebondir et on l’a fait. On n’avait pas vraiment le choix. Car bien que cette partie n’était pas décisive, la victoire était cruciale », que Steven Stamkos a convenu après le gain de son équipe.

 

Kucherov rejoint Gretzky, Bossy et Trottier

 

Le capitaine du Lightning a donné le ton. De fait, il a très bien joué. Il a marqué à mi-chemin en période médiane pour redonner une avance de deux buts (4-2) à son équipe. Il a ajouté une passe. Il a cadré cinq des six tirs dirigés vers la cage de l’Avalanche. Il a asséné deux mises en échec. Il a bloqué deux tirs. Il a aussi gagné 23 des 31 mises en jeu qu’il a disputées. Tout ça en 28 présences totalisant 21 min 33 s de temps d’utilisation.

 

Seul Victor Hedman a passé plus de temps (24 min 13 s) que Stamkos sur la patinoire.

 

Si Stamkos a donné le ton, ses coéquipiers l’ont suivi. À commencer par Nikita Kucherov qui, avec deux mentions d’aide, a gonflé à 26 points (7 buts) sa récolte offensive en 20 matchs disputés depuis le début de séries.

 

Kucherov rejoint ainsi Wayne Gretzky (de 1983 à 1985), Mike Bossy (1981 à 1983) et Bryan Trottier (1980 à 1982) qui étaient, jusqu’à lundi, les trois seuls joueurs de l’histoire à avoir récolté au moins 25 points en séries trois années consécutives.

 

Ombre au tableau, Kucherov a encaissé un solide double-échec asséné par Devon Toews qui l’a atteint à la hanche gauche. Il a semblé se blesser à nouveau sur cette séquence. Une blessure sérieuse serait néfaste pour le Lightning, d’autant que Brayden Point, après avoir disputé les deux premiers matchs de la finale, a dû déclarer forfait lundi soir.

 

Jon Cooper a indiqué qu’il était trop tôt pour donner un bilan médical dans le cas de Kucherov. Mais l’entraîneur-chef a admis qu’il n’avait pas apprécié le geste de Toews.

 

« Vous me posez la question en sachant déjà ce que je vais répondre. Je vais me contenter de dire que le hockey est un sport de contacts. Un sport rude. Mais les joueurs savent exactement ce qu’ils font », s’est contenté de dire le coach du Lightning.

 

Préfet de discipline de la LNH, George Parros assistait à la rencontre. Il sera intéressant de voir si le bureau de la sécurité des joueurs sévira d’une quelconque manière à l’endroit de Toews qui a écopé une pénalité mineure sur le jeu.

 

Contribution des quatre trios

 

Les six buts marqués dans ce premier gain du Lightning sont venus des quatre trios :

 

Palat et Stamkos au sein du premier;

 

Anthony Cirelli du deuxième qui en plus de marquer a fait du gros travail aux dépens du gros trio de l’Avalanche;

 

Nick Paul, le centre du troisième trio, a marqué le but de la victoire dès la première présence qui a suivi une petite visite à la clinique après qu’il eut été frappé par Josh Manson.

 

Sans oublier les vétérans joueurs de soutien, Corey Perry et Pat Maroon ont scellé l’issue d’un match déjà gagné en marquant les cinquième et sixième filets du Lightning.

 

« Tu ne te rends pas en finale de coupe Stanley en comptant seulement sur quelques joueurs. Ça prend la contribution de tout le monde et ce soir nous l’avons eue. Tu regardes un gars comme Paul qui marque à son retour de l’infirmerie et ça soulève le reste de l’équipe », que John Cooper a commenté après le match.

 

Vrai que le Lightning a bien joué.

 

Mais quand on analyse cette troisième partie ont peut avancer sans risque de se tromper que l’Avalanche et le Lightning ont inversé les rôles qu’ils tenaient lors du deuxième match que l’Avalanche a gagné 7-0.

 

Lundi soir à Tampa, le Lightning a joué comme l’Avalanche l’a fait samedi. Bien qu’il ait accordé le premier but, il a ensuite repris le contrôle du match et ne l’a ensuite jamais perdu.

 

Inversement, l’Avalanche a joué un aussi mauvais match lundi que le Lightning l’avait fait samedi.

 

« L’effort était là, mais nous avons mal travaillé. Je n’ai pas aimé la qualité de notre exécution ce soir. On a fait beaucoup trop de mauvaises lectures. On s’est rendu coupable de beaucoup trop de revirements, que l’entraîneur-chef de l’Avalanche Jared Bednar a plaidé après la défaite.

 

Bednar a même dû rappeler son gardien Darcy Kuemper qui a accordé cinq buts sur les 22 tirs qu’il a affrontés.

 

« À l’image du reste de l’équipe, il n’avait pas un bon match » que Bednar a répondu lorsqu’on lui a demandé pourquoi il avait remplacé Kuemper par Pavel Francouz qui a accordé un but sur les 10 tirs qu’il a affrontés après son entrée dans l’action en fin de deuxième.

 

Cale Makar a récolté deux passes dans la défaite. Il a aussi décoché 10 tirs dont la moitié ont touché la cible. Ça gonflera ses statistiques personnelles, mais ça ne cachera pas le fait que le défenseur vedette a connu un match difficile. Tout comme son partenaire Devon Toews. Les deux arrières ont d’ailleurs terminé la rencontre avec des différentiels de moins-3.

 

L’importance du premier but

 

L’Avalanche a marqué le premier but pour la troisième partie de suite en finale.

 

En fait, les « Avs » ont marqué deux fois le premier but puisque le tout premier de la rencontre, un but marqué par Valeri Nichushkin qui a fait mal paraître Andreï Vasilevskiy tôt dans le match, a été refusé après qu’une reprise vidéo eut confirmé un hors-jeu non signalé à la ligne bleue du Lightning.

 

On reviendra plus loin sur cette contestation.

 

Puis, Gabriel Landeskog, en sautant sur une rondelle échappée par Vasilevskiy sur un tir de Mikko Rantanen lors d’une attaque massive, a bel et bien donné les devants 1-0 aux « Avs ».

 

C’est toutefois le premier but du Lightning qui a été le point tournant de la rencontre selon John Cooper.

 

« Ils ont marqué le premier but, mais on était dans le coup. Nous avons bien mieux amorcé la partie ce soir que samedi dernier. Mais avec un recul de 0-1, il fallait marquer le prochain but. On l’a fait. Et quand c’est arrivé, on a senti un soulagement sur le banc. Comme si les gars s’étaient dit : OK! On vient de marquer, d’autres vont suivre. Et c’est exactement ce qui est arrivé », a commenté Cooper.

 

« Lors du deuxième match, nous aurions prolongé cette partie pendant trois semaines et nous n’aurions pas marqué tant que nous n’étions pas dans le coup. Ce soir, nous sommes revenus à notre style. Nous leur avons compliqué la vie. Nous étions incisifs dans notre manière de défendre. Nos adversaires forment une équipe très puissance. Si tu leur donnes un pouce, ils vont l’étirer sur un mille. Il ne fallait donc pas donner un pouce. Et c’est ce qu’on a fait », a ajouté le coach du Lightning.

 

Les joueurs de Jon Cooper n’ont pas été parfaits. Loin de là. Mais quand ils ont ouvert la porte à des poussées en direction de leur filet, Andreï Vasilevskiy a effectué de gros arrêts pour empêcher l’Avalanche de prendre son élan.

 

Contestion : Cooper voudrait que la Ligue s’impose

 

Le match a été interrompu pendant de longues minutes en première période afin d’analyser une contestation du Lightning pour un hors-jeu non signalé sur un but marqué par Valeri Nichushkin.

 

Si l’analyse a été très longue, Jon Cooper a aussi mis beaucoup de temps afin de signaler ses intentions. D’ailleurs, les joueurs étaient tous regroupés au centre de la patinoire pour reprendre l’action lorsque le coach du Lightning a finalement réclamé que le jeu soit revu.

 

« J’ai trouvé ça très long », que Jared Bednar a simplement commenté sans plus d’élaboration.

 

Il n’y a pas de durée réglementaire pour contester, mais Jon Cooper a étiré l’élastique du raisonnable le plus possible. Pourquoi? Parce qu’il manquait d’informations.

 

« Nos gars dans la salle vidéo regardaient tous les angles à leur disposition, mais ce n’était pas concluant. Un moment donné, ils m’ont dit : on voit du blanc, mais ce pourrait aussi être le grain de l’écran tant la reprise vient de loin. J’ai alors décidé de miser sur le blanc », que Jon Cooper a souligné.

 

Et il a eu raison, car il a gagné.

 

Mais l’entraîneur-chef du Lightning ne comprend pas pourquoi la décision de contester après un hors-jeu raté revient à lui et à ses 32 homologues.

 

« Il me semble que la Ligue devrait gérer elle-même ce genre de contestation. C’est blanc ou c’est noir. Les responsables de la LNH ont tous les angles disponibles. Il serait donc normal qu’il s’assure que le but soit bon ou non dans toutes les situations de hors-jeu serré. Pour les obstructions sur les gardiens, je comprends que ça varie beaucoup d’un cas à l’autre. C’est donc normal que les coachs assument leur décision de contester ou non. Mais pour les hors-jeux, je ne comprends pas que ce soit à moi de décider de contester ou pas », a conclu l’entraîneur-chef du Lightning.

 

Les deux clubs se croiseront à nouveau mercredi au Amalie Arena. Le Lightning pourra niveler les chances alors que l’Avalanche tentera de s’offrir, avec un gain, la possibilité de gagner la coupe Stanley devant ses partisans vendredi.

 

D’ici là, les deux équipes s’offriront du repos mardi et en soirée la LNH tiendra, à Tampa, sa cérémonie de remise des honneurs individuels alors que les trophées Hart, Calder, Norris, Vézina et Ted Lindsay seront distribués au joueur le plus utile à son équipe, à la recrue de l’année, au défenseur de l’année, au gardien de l’année ainsi qu’au joueur par excellence de la saison tel que déterminé par l’ensemble des joueurs du circuit.