Ainsi, la Ligue nationale de hockey prépare son retour de pandémie avec 24 équipes en séries au lieu de 16. Dès que l’on décroche des nombres 8, 16 ou 32, on se retrouve en déséquilibre dans un tableau de compétition et on n’a aucune autre alternative que de donner des «laissez-passer» ou comme on dit en anglais des «bye» pour arriver à une étape de quarts de finale, demi-finales et grande finale. 

 

Ce n’est pas sorcier, car ce sont des mathématiques. Il faut des puissances de 2 (4, 8, 16, 32, 64, etc…), mais la LNH prépare un retour à 24 équipes alors pas le choix, il faudra que huit équipes obtiennent des laissez-passer en première ronde pour qu’on puisse éliminer huit équipes et revenir à 16 formations.

 

Est-ce que ces huit équipes joueront des matchs préparatoires en attendant leurs éventuels rivaux? Est-ce souhaitable? Voilà assurément deux bonnes questions.  Oui, tu veux être actif, mais en même temps, tu veux éviter les blessures... Pas évident de peser le pour et le contre!

 

L’hécatombe de 1997 dans la LHJMQ

 

Depuis sa fondation en 1969, jusqu’au milieu des années 90, la LHJMQ n’a jamais eu de problèmes avec son format des séries éliminatoires. Huit équipes y participaient et les choses roulaient rondement. Au bout de trois étapes, on connaissait les champions de la Coupe du Président. Lorsqu’on a décidé de monter le nombre d’équipes participantes aux séries éliminatoires à 12, 13 ou 14, les maux de tête ont commencé. Si tu veux éviter de donner des laissez-passer à certaines équipes de haut de classement, la seule autre option est un tournoi à la ronde pour éliminer des équipes.

 

La LHJMQ l’a essayé ce format et sans grand succès. La particularité d’un tournoi à la ronde en séries éliminatoires est qu’à un certain moment, des formations sont éliminées mathématiquement, mais doivent continuer de jouer des matchs sans signification contre des formations qui, elles, ont encore des choses à gagner. Le bordel! Reste donc les «bye».

 

En 1997, le circuit Courteau a expérimenté, pour la première fois, les laissez-passer au premier tour des séries, comme s’apprête à le faire la LNH. Les deux premières équipes de chacune des deux sections passent directement au 2e tour et elles attendent les vainqueurs de séries (3 de 5). Hull, Granby, Victoriaville et Shawinigan obtiennent donc ce «privilège».

 

Que se passe-t-il au second tour?  Je vous le donne en mille : trois de ces quatre formations se font écarter par des équipes plus basses au classement qui, grâce à un «momentum» acquis au premier tour des séries, causent des surprises. Seuls les Olympiques de Hull sauvent la mise et accèdent aux demi-finales, alors que les trois autres formations, qui avaient obtenu le cadeau empoisonné, se retrouvent en vacances, battues par des équipes qui avaient obtenu, en moyenne, 11 points de moins au classement.

 

Pris de panique à la suite de ces trois surprises, les laissez-passer sont retirés de la circulation en 1998 et on revient avec un tournoi à la ronde, mais cette fois lors de la 2e étape des séries. La formule n’est pas concluante et on réinstalle les laisser-passer pour la saison 98-99.

 

Presqu’aussi pire en 1999

 

Au printemps de 1999, quatre équipes bénéficient de nouveau, comme deux ans plus tôt, de laissez-passer, soit Québec, Halifax, Shawinigan et Rouyn-Noranda, mais ce qui est encore pire en 99 est que la première étape est maintenant un (4 de 7) et non un (3 de 5). L'attente est encore plus longue.

 

Encore une fois, la catastrophe se produit alors que deux des quatre équipes en repos en 1re ronde tombent au combat, dont les Cataractes de Shawinigan, 1er de la section Lebel qui se font sortir par les Olympiques de Hull en six matchs. Les Cats avaient pourtant obtenu 37 points de plus au classement que leurs rivaux, mais ont quand même baissé pavillon. D’ailleurs, Shawinigan est la seule équipe à s’être fait surprendre deux fois en trois ans dans des circonstances de «laissez-passer» en première ronde.

 

On s’est ajusté par la suite

 

Pendant les six saisons suivantes, 14 équipes ont bénéficié de «bye» en première ronde et seul le Cap-Breton, en 2003-2004, a subi une défaite lors de son retour en action.  Est-ce que les entraîneurs se sont ajustés à la formule et ont appris à mieux gérer la pause entre la fin de la saison et le début des séries? C’est possible, mais il n’en demeure pas moins que plusieurs dirigeants de l’époque ont toujours détesté la formule.De puis 2005-2006, 16 formations de la LHJMQ participent aux séries et il n’y a jamais eu d’autres laissez-passer.

En conclusion, six des 22 équipes ayant obtenus des laisser-passer entre 1997 et 2005 se sont fait surprendre. On parle d’un ratio de 27%. Est-ce à dire qu’on vivra la même chose lors de la reprise des activités dans la LNH? On verra bien...

Chose certaine, le fait de ne pas avoir joué pendant très longtemps contre des équipes qui vont sortir d’une série chaudement disputée peut certainement s’avérer un couteau à deux tranchants et un fichu de piège dans lequel n’importe quelle bonne formation peut tomber.