CHICAGO – Plus d’une fois, Callan Foote s’était amusé à tirer la pipe à son paternel, Adam, en lui disant qu’il serait repêché plus haut qu’il ne l’avait été. Le défenseur de 18 ans peut dire mission accomplie depuis vendredi dernier.

Le défenseur format géant de six pieds quatre pouces et 215 livres est tombé dans l’œil du Lightning de Tampa Bay qui l’a sélectionné dès le 14e échelon (il était classé au 12e rang des patineurs nord-américains par la Centrale de recrutement de la LNH). 

« Croyez-moi, il m’en parlait. Il me disait qu’il avait une chance de me battre! Je lui disais d’attendre parce que j’avais été le 22e choix et qu’il pourrait sortir 25e ou 30e. Il répliquait en disant que ce n’était pas grave, il n’avait qu’à être choisi en première ronde pour me devancer », a confié un Adam Foote bien souriant au RDS.ca.

Son fils a également raffolé de la question.

« C’est bien agréable! Non, plus sérieusement, ce n’est pas si important surtout qu’on parle d’une période bien différente, mais je pourrai quand même le taquiner avec ça », a répondu le droitier des Rockets de Kelowna.

Steve Yzerman et Callan FooteÀ l’époque du père, la LNH ne comptait que 21 équipes. Plusieurs organisations ont commis une erreur en ne le repêchant pas en première ronde. On pense aux Canucks, aux Canadiens, aux Oilers, aux Devils et aux Maple Leafs qui ont tous choisi des joueurs qui ont disputé moins de 10 parties dans la Ligue nationale.

Finalement, les Nordiques ont repêché Foote avec le premier choix du second tour et il leur a donné raison avec une carrière de 1154 matchs dans la LNH.

Son fils soulève des attentes aussi élevées et même supérieures. Ça s’explique par le fait qu’il possède plus d’atouts et d’aisance en attaque alors que son père a fait sa réputation par sa robustesse et son jeu défensif.

« Je n’avais pas le choix d’être méchant sur la patinoire parce que j’avais des mains horribles. On est vraiment différents, je n’avais clairement pas autant de confiance que lui avec la rondelle », a comparé le papa.

Aux yeux des dépisteurs, Callan Foote se démarquera dans le circuit Bettman à condition de corriger une lacune.

« C’est un gros défenseur avec un puissant lancer. Il est bon défensivement et il doit commencer par améliorer son patin et sa mobilité. Il n’est pas très créatif de ce que j’ai vu, mais je peux constater qu’il va bien se débrouiller s’il améliore son patinage et sa mobilité », a jugé un recruteur d’une équipe de l’Ouest.

« Il n’est pas flamboyant, mais ses habiletés sont bonnes. Son rendement est excellent sur le jeu de puissance grâce à sa vision et son tir. On aimerait parfois qu’il soit plus robuste ou hargneux, mais il détient toutes les qualités pour être un très bon défenseur dans la LNH », a décrit la firme ISS Hockey.

Bien heureux de ne pas être trop spectaculaire sur la patinoire, Foote rêve de suivre les traces de Shea Weber qui a également effectué son parcours junior à Kelowna. En fait, cette organisation est reconnue pour avoir produit une tonne de défenseurs comme Weber, Duncan Keith, Sheldon Souray, Josh Gorges et Tyler Myers.

« Je regarde plusieurs anciens défenseurs des Rockets, mais plus particulièrement Weber. J’aimerais lui ressembler et j’épie son travail », a confirmé Foote.

En plus de suivre les traces de son père, Callan a vécu le privilège de pouvoir le regarder à l’action jusqu’à l’adolescence. Il était âgé de 12 ans lorsque son paternel a accroché ses patins, en 2011, en tant que membre de l’Avalanche du Colorado.

« Il était toujours dans le vestiaire, il avait déjà rencontré plusieurs des gars que j’ai croisés durant la semaine du repêchage. Ils s’amusaient d’ailleurs à l’enfoncer dans la poubelle », s’est-il souvenu en riant.

Depuis cette époque, il est demeuré en contact avec Matt Duchene, qui avait commencé sa carrière dans la LNH.

« On a une bonne relation et il m’envoie des messages d’encouragement à l’occasion », a révélé Foote.

Par une drôle d’ironie, il a plutôt été repêché par un grand rival de son père qui est tout de même devenu un ami au fil du temps. Il s’agit de Steve Yzerman, le grand patron du Lightning, qui était le visage des Red Wings de Detroit.

« Je le respectais énormément comme joueur. Malheureusement, on a souvent eu à s’affronter avant la finale de la coupe Stanley. Au moins, on a pu jouer ensemble pour le Canada. Cal sait que c’est un honneur quand un homme comme lui investit sur toi », a exposé le père.

« Dans notre famille, on dit toujours que c’est déjà un privilège bien spécial si tu as la chance de jouer pour une équipe de la LNH. En plus, il se retrouve dans une excellente organisation et je ne vais pas élaborer sur les équipes qui m’inquiétaient un peu », a-t-il raconté en souriant.

Grâce à son physique, le fiston pourrait faire le saut dans la LNH plus vite que bien des espoirs repêchés dans cette cuvée. À moyen terme, il rêverait de patrouiller la ligne bleue en compagnie de Victor Hedman.        

Mais la première étape consister à se remettre des émotions vécues à Chicago autant par le fils que par le père.

« Quand tu l’as vécu et que tu es plus vieux, tu penses que tu es en contrôle. Finalement, tu te rends compte que la fatigue s’empare de toi. Tu te demandes ce qui se passe et tu réalises que c’est plus énervant que tu pouvais le prévoir. C’est vraiment tout un honneur qu’il ait pu être repêché », a conclu Adam Foote qui a porté les couleurs des Nordiques, de l’Avalanche et des Blue Jackets.