VANCOUVER – « Moi, ce n’est pas mon genre de joueur, mais je suis certain qu’une dizaine de recruteurs du Québec l’aiment beaucoup. Il pourrait être le prochain qui sort après Poulin, Pelletier et Lavoie. Je ne serais vraiment pas surpris. »

 

Ce dépisteur d’une équipe de l’Est de la LNH a frôlé la vérité à propos de l’Espoir X. Un seul joueur, Artemi Kniazev, s’est faufilé entre le trio de tête des espoirs de la cuvée 2019 de la LHJMQ et l’Espoir X duquel on vous avait voilé l’identité pour le plaisir.

 

Comme on ne doutait nullement de vos connaissances du hockey, on n’a pas été surpris par votre capacité à identifier Samuel Bolduc qui s’était prêté au jeu de l’Espoir X.

 

Le grand défenseur gaucher de l’Armada de Blainville-Boisbriand a ainsi séduit les Islanders de New York. On peut même parler d’un coup de cœur puisqu’il a été sélectionné plus vite – en deuxième ronde au 57e rang - qu’il ne le prévoyait.

 

« Je m’attendais que ça arrive un peu plus tard donc c’est une belle surprise », a avoué, samedi dernier, Bolduc qui s’était davantage préparé mentalement à sortir en troisième sinon en quatrième ronde.

 

Pour un joueur qui ne faisait pas l’unanimité, Bolduc s’est finalement classé dans le petit groupe des joueurs à être choisi plus tôt que le rang espéré. Homme de peu de mots, le directeur général des Islanders, Lou Lamoriello, a résumé à merveille l’attirance envers Bolduc.

 

« Il possède un grand upside. » La plupart du temps, on traduit ce mot par potentiel. Cependant, une définition plus précise serait de parler d’une grande capacité de développement d’un athlète grâce à ses attributs.

Samuel Bolduc et Lou Lamoriello

 

Après avoir été dirigé par Joël Bouchard pendant une saison chez l’Armada, Bolduc a évolué sous les ordres de Bruce Richardson pour sa deuxième saison complète dans la LHJMQ. Richardson a souvent utilisé la même blague pour décrire son tempérament.  

 

« S’il y avait une bombe dans l’aréna, il irait prendre sa douche et son cellulaire avant de partir. Il n’y a pas de sentiment d’urgence en lui et ça représente autant une qualité qu’un défaut. Il doit juste bien composer avec ça pour être en mesure d’atteindre ses objectifs », a lancé l’entraîneur qui s’était déplacé à Vancouver.

 

Il comprend facilement ce qui a convaincu les Islanders et leur recruteur québécois, Mario Saraceno.

 

« Le hockey a évolué vers les atouts de Sam. On parle de vitesse, Sam en a. On parle d’habiletés, Sam n’en manque pas. C’est pour ça que les équipes en salivent », a évoqué Richardson en rappelant que les Islanders ont choisi un joyau de ce style, Noah Dobson, en 2018.

 

S’il parvient à se développer comme les Islanders l’anticipent, Bolduc deviendra un défenseur semblable à Shea Theodore. Un patineur d’une grande aisance qui peut passer plus de 20 minutes par match sur la patinoire.

 

Cependant, son potentiel n’a pas convaincu le Canadien de se tourner vers lui même si Trevor Timmins et l’état-major du club visaient à renflouer son bassin de défenseurs gauchers. En fait, le CH a préféré céder le 50e choix aux Kings de Los Angeles pour hériter de deux sélections plus tardives.

 

Timmins et son entourage insistent beaucoup sur le caractère des joueurs afin qu’ils puissent s’adapter aux rigueurs du marché montréalais. Peut-être ont-ils déterminé que sa personnalité convenait moins à ce milieu.

 

Quel nom se bâtira-t-il? 

 

Considéré comme l’un des athlètes les plus naturels de sa cuvée, Bolduc représente plus souvent une énigme pour son entraîneur que pour son préparateur physique. Si tout baigne dans l’huile dans le gymnase, les entraîneurs ont parfois adopté une approche plus intense ou plus douce.

 

« Joël avait été très tough avec lui. À un certain moment, j’ai décidé d’arrêter de lui parler du côté robustesse qui n’était pas assez présent dans son jeu. J’ai décidé de l’accepter à son image », a admis Richardson pour illustrer le dilemme à élucider.

 

Stéphane Dubé, qui s’occupe de son développement physique, n’a rien à redire à propos de Bolduc. En plus de percevoir chez lui une douance athlétique, il vante son implication méticuleuse et consciencieuse.

 

« ll aime être en compétition avec lui-même. Il ne sera pas le gars à narguer les autres parce qu’il a été le meilleur. C’est une force tranquille qui aime se pousser. C’est l’un des rares joueurs de cet âge que je n’ai pas à douter de son travail alors que je dois en watcher d’autres qui coupent les coins ronds. Même que ça lui arrive de me demander comment peut-il arriver en premier en finir en dernier les exercices imposés. Mais il ne fera jamais devant les autres », a témoigné Dubé, une référence dans son domaine.

 

Bolduc n’a jamais été reconnu pour brûler des étapes dans son cheminement. Tout de même, cette sélection quelque peu hâtive des Islanders devrait lui insuffler une belle dose de confiance méritée et souhaitée.

 

Ça tombe bien qu'elle survienne de la part des Islanders puisque, par un superbe hasard, l’espoir X a grandi en patinant à l’Aréna Mike Bossy de Laval. On ne veut nullement comparer leur potentiel, mais il ne reste qu’à découvrir quel genre de nom se bâtira Bolduc avec l'organisation de cette ancienne étoile québécoise. 

 

« Je m'attendais à sortir plus tard »
Samuel Bolduc avec les Islanders