MONTRÉAL - L’accord donné par l’Association des joueurs (AJLNH) au protocole de retour au jeu impliquant 24 équipes a fait bondir de joie plusieurs partisans du Canadien qui ont conclu que leurs favoris étaient, d’un coup de baguette magique, téléportés en séries éliminatoires.

 

Sauf que… Le Tricolore n’est pas en séries. Du moins pas encore…

 

Mais dans le cadre du protocole liant la LNH et ses joueurs, le Canadien s’en rapproche bien davantage qu’il ne l’était le 12 mars dernier lors de la pause décrétée par Gary Bettman pour éviter une propagation de la Covid-19 dans les vestiaires des 31 équipes et dans les gradins des amphithéâtres où ils jouaient.

 

Malgré une autre saison régulière très décevante, le Canadien pourrait donc accéder aux séries en éliminant Sidney Crosby et les Penguins de Pittsburgh dans le cadre d’un des huit duels qui permettront de compléter le tableau habituel composé de huit clubs dans les associations de l’Est et de l’Ouest.

 

Selon le classement qui servira de paramètres dans le protocole du retour au jeu, les Penguins affichaient 86 points (40-23-6) et ils occupaient le troisième rang dans la division métropolitaine. Le cinquième dans l’Association avec une moyenne de ,543.

 

Le Canadien était cinquième dans la division atlantique avec 71 points (31-31-9) et douzième dans l’Association.

 

De prime abord, un duel Penguins-Canadien semble fort inégal. En faveur de Pittsburgh il va sans dire.

 

Mais attention : dans le cadre d’une série trois de cinq, avec un Carey Price reposé, un Shea Weber tout aussi reposé et une formation en santé, ragaillardie par la possibilité d’éviter une troisième exclusion consécutive des séries, une quatrième en cinq ans, le Canadien pourrait provoquer une surprise.

 

Surtout qu’au fil des dernières années, le Canadien a habitué ses partisans à de forts débuts de saison. Reposés, en forme et surtout en santé, les joueurs du Tricolore sont en mesure de surprendre positivement leurs partisans. C’est quand ils sont fatigués, un brin amochés et deux brins marqués par des joueurs plus gros et plus forts qui ont décidé de les garder à l’œil au lieu de les regarder aller que les joueurs du Canadien déçoivent.

 

Crosby, Malkin, Letang et les autres Penguins tout aussi reposés il est vrai, tout aussi en santé et tout aussi motivés par l’idée de soulever la coupe pour une troisième fois en cinq ans, demeureraient les favoris pour sortir gagnants de cette série.

 

Mais dans un contexte trois de cinq, avec des forces fraîches de chaque côté, personne ne pourrait balayer du revers de la main les chances du Canadien. Des chances qui seraient bien meilleures de surprendre Pittsburgh qu’elles ne l’étaient en 2010 lors du printemps Halak.

 

Et si le Canadien parvenait à battre les Penguins et à s’inviter en séries, le Canadien affronterait l’équipe de quatrième place qui serait déterminée à la suite d'un tournoi à la ronde entre les deux meilleures équipes de chaque section, soient les Bruins de Boston, le Lightning de Tampa Bay, les Capitals de Washington et les Flyers de Philadelphie.

 

Dans l'Ouest, le tournoi à la ronde opposerait l'Avalanche du Colorado, les Golden Knights de Vegas, les Blues de St. Louis et les Stars de Dallas.

 

Montréal, New York, Chicago

 

La LNH avait un défi impossible à relever dans le cadre de l’adoption d’un protocole de retour au jeu, car tous les scénarios étudiés étaient imparfaits.

 

Limiter le retour au jeu aux équipes occupant les huit places réservées au club selon le classement du 12 mars dernier aurait été injuste aux adversaires qui leur soufflaient dans le cou.

 

Pourquoi ne pas alors se limiter à 20 clubs au lieu des 24?

 

Bonne question!

 

Le scénario à 24 clubs permet un exercice plus facile en récompensant les quatre premières formations de l’Est – Boston, Tampa, Washington et Philadelphie – et des l’Ouest – St.Louis, Colorado, Dallas et Las Vegas – et en ouvrant la porte à 16 autres clubs pour compléter le tableau.

 

On retrouverait donc :

 

Dans l’Est

  • Pittsburgh contre Montréal,
     
  • Caroline contre New York (Rangers)
     
  • New York (Islanders) contre Floride
     
  • Toronto contre Columbus

 

Dans l’Ouest

  • Edmonton contre Chicago,
     
  • Nashville contre Arizona
     
  • Vancouver contre Minnesota
     
  • Calgary contre Winnipeg

 

Le Canadien, comme les Rangers et les Blackhawks de Chicago ne méritent pas vraiment l’invitation qu’ils reçoivent. Du moins sur le plan des résultats obtenus jusqu’à l’arrêt de la saison en mars dernier.

 

Mais Montréal, Chicago et New York sont d’énormes marchés de hockey.

 

Des marchés dont la LNH pouvait difficilement se priver dans le cadre d’une opération qui visera bien sûr à couronner des champions de la coupe Stanley en 2020. Mais qui visera surtout à minimiser le plus possible les pertes de revenus de 1,1 milliard susceptibles de frapper la LNH – et ses joueurs – en plein front dans l’éventualité d’une annulation pure et simple du reste de la saison.

 

Quand? Où? Pour combien de temps?

 

La LNH et ses joueurs se sont entendus sur comment le hockey reprendra.

Les détails de la deuxième phase de retour

 

En fait, ils se sont entendus sur les grandes lignes puisque, comme notre collègue Pierre Lebrun de TSN le soulignait en fin de semaine, les joueurs sont réticents à l’idée que les équipes qui sortiront gagnantes de la ronde préliminaire soient intégrées en fonction d’un tableau préétabli et non en fonction d’un reclassement selon les points obtenus en saison régulière.

 

Les joueurs et la LNH doivent s’entendre sur la première ronde des «vraies» séries à savoir si elles se dérouleront selon le principe quatre de sept ou si elles seront également des trois de cinq comme en ronde de qualification.

 

Un système qui est beaucoup plus juste aux yeux de plusieurs – ajoutez les miens à la liste – puisqu’il récompense les performances obtenues en saison régulière au lieu d’ouvrir la porte à des raccourcis à des clubs qui n’en méritent pas vraiment.

 

Les questions les plus importantes et les plus difficiles à répondre sont encore sans réponses.

 

Quand au juste ce retour au jeu aura lieu?

 

Les heures de diffusions que le réseau américain NBC devra combler à la fin du mois de juillet et au début du mois d’août en raison de l’annulation des Jeux olympiques font bien sûr saliver la LNH.

 

Mais où en sera-t-on en juillet et en août avec la pandémie? Sera-t-il possible de tenir ce genre de tournoi de façon sécuritaire pour les joueurs des 24 formations et le personnel de ces équipes?

 

Les familles des joueurs pourront-elles être présentes alors que plusieurs joueurs ont clairement signifié leur mécontentement d’avoir à vivre loin des leurs pendant une période qui pourrait s’étendre sur une dizaine de semaines selon les résultats obtenus sur la patinoire?

 

Alors qu’il semble de plus en plus évident que l’absence de partisans dans les gradins repousser aux mois de décembre, voire janvier, le début de la saison 2020-2021 – une saison écourtée à 48 matchs? – la LNH et les joueurs de devraient-ils pas simplement se redonner rendez-vous en septembre pour compléter la saison actuelle?

 

Un scénario qui pourrait être mis en péril cela dit par une éventuelle deuxième vague d’infection à l’automne.

 

Parlant d’infection, qu’est-ce que la LNH fera pour tester les joueurs sur une base presque quotidienne? Comment s’y prendra-t-elle pour désinfecter tous les vestiaires et les équipements utilisés et touchés par les joueurs?

 

Est-ce qu’elle imposera une nouvelle pause au premier signe d’un résultat positif obtenu dans le cadre d’un test sur un joueur ou un membre du personnel des équipes en lice?

 

Sans oublier le: Où diable se tiendront tous ces matchs?

 

Cette question semble la plus facile à répondre.

 

La LNH jongle avec une dizaine de destinations qui ont les infrastructures – amphithéâtres de la LNH, arénas d’entraînement, hôtels en quantité suffisante – pour accueillir les clubs.

 

Combien de villes choisir au final? Deux? Quatre? Six? Une seule?

 

On nage toujours dans les spéculations sur ce point, car plusieurs scénarios sont non seulement intéressants.

 

Cela dit, la réduction au maximum des déplacements sera un critère primordial dans la décision finale. Du moins ça semble l’être pour le moment.

 

Deux villes pourraient donc servir de plaque tournante pour la ronde préliminaire et les deux premières des «vraies» séries.

 

La LNH pourrait ensuite se tourner vers une troisième destination pour tenir les finales d’association et la grande finale de la coupe Stanley.

 

La ville de Las Vegas serait alors – malgré la chaleur accablante en juillet et en août – semblerait alors un choix de prédilection en raison des infrastructures en place et du fait que la capitale mondiale de tous les vices cherche une manière de relancer ses activités.

 

Plusieurs croient même que la LNH pourrait s’y installer pour la durée du tournoi et des séries qui lui permettront de compléter cette saison qui passera à l’histoire.

 

On verra.

 

Mais à l’aube d’une reprise graduelle des activités et d’un retour – optionnel – des joueurs dans les sites d’entraînement de leurs clubs respectifs, il y a des signes évidents que la LNH aimerait que la saison reprenne plus vite que plus tard.

 

Il ne reste donc qu’à établir le « quand » et le « où » tout en laissant à la Covid-19 le soin de déterminer combien de temps cette reprise durera…