Comme les Penguins et les Predators qui l’ont fait hier, comme les Sharks qui l’ont fait mercredi, les Bruins de Boston doivent gagner ce soir s’ils veulent mousser leurs chances d’accéder à la finale d’association.

 

Mais voilà : battre le Lightning de Tampa Bay c’est plus facile à écrire qu’à faire. Surtout que l’équipe dirigée de main de maître par Jon Cooper joue du hockey brillant dans toutes les facettes du jeu.

 

Victime de cinq buts sur les 23 tirs des Bruins lors du premier match, Andreï Vasilevskiy s’est bien repris en limitant Boston à trois buts sur 49 tirs lors des deux derniers matchs. Un seul sur les 29 tirs qu’il a affrontés lors de la dernière rencontre. Moins occupé que son vis-à-vis des Bruins Tuukka Rask, Vasilevskiy a été solide dans les deux victoires des siens, mais il n’a pas eu à être miraculeux pour aider son équipe à gagner.

 

Une source d’inquiétude pour Boston puisque le gardien du Lightning a multiplié des miracles en cours de saison pour se hisser parmi les finalistes dans la course au trophée Vézina en compagnie de Pekka Rinne et Connor Hellebuyck.

 

Autre source d’inquiétude pour les Bruins, Steven Stamkos et Nikita Kucherov n’ont pas contribué aux victoires de leur équipe. Du moins pas statistiquement. Les deux leaders offensifs des " Bolts " n’affichent qu’un point jusqu’ici en deuxième ronde : un but dans un filet désert marqué par Steven Stamkos alors que le Lightning profitait d’une attaque massive en fin de rencontre mercredi.

 

Les pénalités seront un facteur de premier plan dans le match de ce soir au TD Garden. Déconcentrés par les décisions des arbitres à leur endroit, les Bruins ont passé plus de temps à se plaindre mercredi soir qu’à jouer au hockey. Qu’à jouer du vrai hockey.

 

Ils devront y revenir et ça presse.

 

Patrice Bergeron a marqué le seul but des Bruins mercredi lors d’une attaque massive. Et si le Lightning évoluait en supériorité numérique en fin de partie lorsque Stamkos a enfilé son premier but de la série, Tampa a bousillé les quatre premières attaques à cinq offertes par les Bruins. Il faut dire que le gardien Tuukka Rask a volé un ou deux buts au Lightning lors de ces séquences.

 

Les Bruins devront donc être plus disciplinés, car ils ne pourront éviter le pire très souvent contre un club aussi bien nanti offensivement que Tampa.

 

Bergeron-Marchand-Pastrnak

 

Après la défaite de mercredi, l’entraîneur-chef Bruce Cassidy a indiqué que son équipe devait être « bien meilleure » défensivement pour souhaite battre le Lightning et revenir dans cette série. C’est un fait. Les Bruins ont été mollassons en couverture défensive sur les trois buts marqués par le Lightning en première période mercredi. Et ils ne pourront se permettre d’amorcer le match de ce soir sur les talons comme ils l’ont fait il y a deux jours.

 

D’autant qu’à l’image des Penguins et des Sharks de San Jose, les Bruins auraient grand intérêt à animer leurs partisans dès le début de match s’ils veulent profiter de l’effet intimidant associé à une escale au TD Garden. Rappelons que mercredi, la victoire du Lightning n’était que sa 10e en 55 visites à Boston.

 

C’est peu. Mais si Tampa en signe une 11e ce soir, il est loin d’être certain que le Lightning aura besoin d’une 12e pour gagner une série qui pourrait bien prendre fin en après-midi dimanche.

 

En plus d’une défense plus étanche et d’une discipline plus aiguisée, les Bruins et leurs partisans doivent espérer que le trio de Patrice Bergeron flanqué de Brad Marchand et David Pastrnak retrouvera sa touche magique.

 

Les trois leaders des Bruins jouent du très bon hockey. C’est indéniable. Mais après un premier match sensationnel au cours duquel ils ont marqué trois des six buts des Bruins et totalisé 11 points, Bergeron (un but, un passe), Marchand (deux passes) et Pastrnak (deux passes) ont été " limités " à six points lors des deux dernières rencontres.

 

Ils ne peuvent gagner à eux seuls. C’est clair. Mais contrairement au Lightning qui profite d’une contribution offensive généreuse des trios de Johnson et Cirelli, les Bruins ont de la difficulté à suppléer le trio de Bergeron lorsqu’il est tenu en échec. Le fait que les Maple Leafs aient signé leurs trois victoires dans les seules parties au cours desquelles ils ont blanchi le premier trio des Bruins le démontre avec éloquence.

 

Un des meilleurs trios de l’histoire?

 

Pastrnak (cinq buts, 19 points) et Marchand (quatre buts, 15 points) occupent les troisième et quatrième places au classement des marqueurs depuis le début des séries. Jake Guentzel (10 buts, 21 points) et Sidney Crosby (huit buts, 19 points) sont les deux meilleurs jusqu’ici. Patrice Bergeron (quatre buts, 13 points) qui a raté une partie en première ronde est sixième, mais ses 13 points le placent sur un pied d’égalité avec Alexander Ovechkin et Nicklas Backstrom des Capitals de Washington.

 

L’un des meilleurs trios de la LNH en saison régulière, le premier trio des Bruins l’est toujours en séries.

 

Plus tôt cette semaine, l’entraîneur-chef Bruce Cassidy a même hissé son premier trio parmi les meilleurs de l’histoire de la LNH en séries. « Les trios que Wayne Gretzky a pilotés au cours de sa carrière sont dans une classe à part et je me rappelle des exploits de Denis Savard, mais dans le hockey d’aujourd’hui, nos gars sont tout en haut de la liste », a prétendu l’entraîneur-chef des Bruins.

 

Bon! Cassidy en a peut-être mis épais sur la tartine des compliments. Surtout qu’il a omis le nom d’un certain Mario Lemieux et d’un Jaromir Jagr, de Sidney Crosby et Evgeni Malkin. Mais on ne peut empêcher un coach de vouloir motiver ses joueurs en les encensant!

 

Pastrnak : maitre de l’improvisation

 

Croisé plus tôt cette semaine à Tampa Bay, Patrice Bergeron a souri lorsque je lui ai fait part des commentaires de son coach.

 

« C’est vrai que nous avons connu une très bonne saison et que nous affichons une belle complicité, mais je n’embarquerai pas dans le jeu des comparaisons », a diplomatiquement souligné le centre québécois.

 

Bergeron admet toutefois que ce trio est le plus productif au sein duquel il ait joué depuis le début de sa carrière. Incluant ses années dans les rangs mineurs.

 

« Il y a bien des gars qui jouent dans la LNH et qui affichaient des statistiques phénoménales dans les rangs mineurs. Ce n’a jamais été mon cas. Dans les rangs pee-wee et jusque dans le junior, je n’ai jamais été le genre de joueur qui marquait beaucoup ou récoltait des tonnes de points. Ça s’est développé depuis que je suis dans la LNH. Brad et moi avons eu des bons moments avec Seguin (Tyler) lorsqu’il était avec les Bruins, mais je dois dire que David (Pastrnak) apporte une dimension nouvelle », a souligné Bergeron.

 

Quelle est la qualité première que le Québécois a remarquée dans le jeu de son jeune coéquipier?

 

« Il m’impressionne par son imprévisibilité. Il a des mains et une vision exceptionnelle, mais il est capable d’improviser un jeu alors que tu crois qu’il n’y a plus aucune option devant lui. Je me suis fait prendre plus tôt cette saison à revenir en défensive croyant qu’il n’avait plus de jeu à faire. C’était une erreur, parce qu’il arrivait à créer quelque chose que je croyais impossible. J’ai donc appris, et nous l’avons tous appris au sein de l’équipe, à toujours être aux aguets. À attendre une passe même si on croit qu’elle ne peut plus venir.»

 

Marchand à la façon de Sakic

 

Quant à Brad Marchand, son éclosion offensive est aussi indéniable que le fait qu’il soit parmi les joueurs les plus détestés et détestables de la LNH avec ses coups illégaux par derrière et sa façon bien à lui de haranguer l’adversaire.

 

Bruce Cassidy assure toutefois que Marchand ne reçoit pas assez de crédit pour le travail colossal qu’il a toujours déployé pour mousser ses qualités et améliorer son jeu.

 

« À mes débuts dans la Ligue américaine, je me souviens d’être allé voir Brad après un entraînement. Il décochait des tirs à répétition sur sa jambe arrière et je me demandais pourquoi il adoptait cette technique lui l’empêchait de mettre toute la puissance derrière ses tirs. Il m’avait répondu avoir remarqué que Joe Sakic se servait de cette technique pour surprendre les défenseurs et les gardiens. Ma première réaction a été de me dire : tu as bien d’autres choses à t’occuper qu’à tenter d’imiter Joe Sakic. Mais après coup, je me suis que cet épisode et le travail qu’il a abattu ensuite démontraient à quel point il est un étudiant de la partie et surtout à quel point il travaille sur de menus détails pour l’aider et aider la cause de l’équipe », a poursuivi Cassidy.