CALGARY - De tumultueuse qu’elle était en début de rencontre, la mer rouge créée par les 19 289 partisans drapés aux couleurs des Flames et les quelques milliers d’autres regroupés autour du Saddledome était bien calme après deux périodes.

 

Elle était presque morte.

 

Dans les corridors, les partisans portant fièrement des chandails des plus grands de l’histoire des Flames affichaient une inquiétude évidente à l’aube de ce qui aurait pu être la dernière période de hockey des séries. De la saison. Motivés par l’histoire, la passion qu’ils vouent à leur club et une consommation abondante de bières, les partisans lançaient des cris de ralliement ici. Ils assuraient que les gros buts tant attendus s’en venaient. Qu’une fois le premier marqué, d’autres suivraient ! Que les torches surplombant la patinoire allaient bientôt cracher des flammes confirmant la remontée de leurs favoris.

 

Derrière cette confiance moussée par l’alcool, l’inquiétude était malgré tout palpable.

 

Avec raison.

 

Négligés dans cette série qui devait être tout à l’avantage des Flames et de leur redoutable premier trio, les Stars jouaient un match parfait. Ils respectaient à la lettre le plan de match dicté par leur entraîneur-chef Rick Bowness en appliquant un échec avant incisif, en gardant la rondelle le plus souvent et le plus longtemps possible en zone ennemie, en limitant au minimum les occasions de marquer afin d’aider la cause de leur sensationnel Jake Oettinger.

 

Après deux périodes, tout allait bien pour les Stars.

 

Les modifications apportées par Bowness dans la composition de ses trios avaient permis à son équipe de prendre les devants alors que Jason Robertson, auteur de 41 buts en 74 rencontres cette saison, a finalement inscrit son premier des séries. Un but chanceux alors que l’excellent défenseur Noah Hanifin a fait dévier derrière son gardien un rebond accordé par Jacob Markstrom, mais un but quand même.

 

Les partisans ont finalement eu raison

 

Conscients de la situation, les Flames se sont allumés en troisième période. Leurs partisans aussi. Limités à 16 tirs au cours des 40 premières minutes de jeu, les Flames ont pris le contrôle du jeu dès les premiers instants de la troisième. Ils se sont mis à mitrailler la cage d’Oettinger.

 

La mitraille n’est pas venue d’un des meilleurs trios de la LNH cette saison : celui d’Elias Lindholm flanqué de Johnny Gaudreau à sa gauche, de Matthew Tkachuk à sa droite.

 

Que non! Ce trio a été bien calme. Trop calme. « Ils n’étaient pas impliqués », a même admis Darryl Sutter après la rencontre lorsqu’on lui a demandé pourquoi il avait même remplacé Tkachuk par Blake Coleman.

 

L’éveil des Flames en troisième, c’est Coleman qui l’a sonné. On l’a d’ailleurs vu à quelques reprises avec le premier trio. Mais c’est en compagnie de Mikael Backlund et Andrew Mangiapane que Coleman a eu le plus gros impact.

 

C’est lui qui a orchestré le jeu qui a permis à Backlund, oublié dans l’enclave, de marquer le premier but en faisant dévier une passe derrière le gardien Oettinger.

 

Coleman tournoyait aussi avec ses compagnons de trio lorsque Mangiapane avec un tir des poignets aussi puissant que précis a permis aux Flames de prendre les devants.

 

Si, après deux périodes, les Stars avaient les yeux sur la victoire et sur la possibilité de pouvoir éliminer les Flames dès vendredi soir, Rick Bowness et ses joueurs ne voyaient que des « étoiles » à ce moment tant les Flames étaient… enflammés si vous me permettez le vilain jeu de mots.

 

De bien tranquille qu’elle était après deux périodes, la mer rouge s’est gonflée au rythme des élans des Flames. Les souhaits des partisans qui faisaient vibrer le vieux Saddledome, un des derniers vestiges des amphithéâtres à l’intérieur desquels on peut encore sentir l’histoire, étaient exaucés : une fois le premier but marqué, d’autres suivraient.

 

Bon! Il n’y en a pas eu une tonne. C’est vrai. Mais ces deux buts, combinés à un arrêt – son plus important des 20 réalisés lors de la rencontre – sensationnel de Jacob Markstrom aux dépens de Joe Pavelski qui aurait facilement pu niveler les chances ont été suffisants.

 

Le dernier marqué dans une cage déserte a mis fin aux espoirs des Stars et des trois ou quatre partisans sur lesquels ils comptaient dans les gradins.

 

Comment expliquer que Blake Coleman ait été celui qui a rallumé la flamme mercredi soir à Calgary? Pourquoi il s’est imposé alors que les Gaudreau, Tkachuk, Lindholm n’ont pas su y arriver?

 

« Parce qu’il a vécu les séries. Parce qu’il sait ce que ça prend pour faire la différence. Pour gagner », que Darryl Sutter a expliqué en offrant avec cette phrase d’une vingtaine de mots, sa plus longue réponse de la journée.

 

Les Flames ont réussi là où les Oilers ont échoué mardi. Maintenant en avant 3-2 dans une série qu’ils ne devaient pas perdre, les Flames pourraient passer en deuxième ronde dès vendredi.

 

À Calgary, comme à Edmonton est-il besoin de le souligner, les amateurs de hockey rêvent d’une bataille de l’Alberta en deuxième ronde.

 

C’est encore possible. Surtout dans le cas des Flames.

 

Mais après avoir perdu un match qu’ils se devaient de gagner, mardi, à Edmonton, contre Phillip Danault et les Kings, et après avoir perdu leur gros défenseur Darnell Nurse pour un coup de tête asséné au Québécois qui dérange vraiment ses adversaires par la qualité de son jeu, les Oilers ont un gros défi à relever pour permettre au nord de l’Alberta de vibrer autant que le sud au rythme du hockey.

 

Toffoli : la disette se poursuit

 

Peu importe l’issue de la série Flames-Stars, Jake Oettinger en sortira grandi. Avec ses arrêts aussi nombreux qu’importants, le gardien des Stars hante plusieurs joueurs des Flames depuis le début de série.

 

Tyler Toffoli vient en tête de liste.

 

Victime d’un vol de grand chemin lors de la quatrième partie – Oettinger a capté la rondelle avec sa mitaine alors que l’ancien du Canadien croyait dur comme fer avoir marqué – Toffoli était toujours en quête d’un premier but avant le match de mercredi. Il l’est toujours!

 

Malgré deux bons tirs cadrés – il est rendu à 15 en cinq rencontres – malgré les quatre autres qu’il a tentés et les trois bonnes occasions de marquer qui se sont présentées à lui Toffoli n’a pas trouvé le fond du filet.

 

On l’a vu plusieurs fois hocher la tête en signe de dépit au banc des Flames. Acquis en cours de saison, Toffoli a effectué une entrée remarquée à Calgary.

 

Il a marqué dès son premier match. Il a enfilé neuf buts et récolté 18 points à ses 21 premières rencontres dans l’uniforme des Flames. Il s’est ensuite tu. Non seulement s’est-il contenté de deux buts et quatre points lors des 16 derniers matchs de la saison, mais il n’a pas marqué à ses 10 dernières rencontres. Une disette qui est rendue à 15 parties.

 

Toffoli peut se consoler à l’idée qu’il n’est pas seul à être frustré par Oettinger dont la moyenne d’efficacité était de 96 % avant le match de mercredi. Une moyenne qui a à peine fléchi (95.6 %) malgré les deux buts accordés dans la défaite lors du cinquième match.

 

Toffoli a habitué les partisans du Canadien, comme ceux des Canucks et des Kings avec qui il a aussi joué au cours de sa carrière, à marquer et récolter des points par séquence. Le temps serait bien choisi d’en amorcer une nouvelle.