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MONTRÉAL – Jouer dans la Ligue nationale, ça n’a rien de sorcier. C’est en tout cas ce que croyait Maxime Comtois quand il est sorti du junior pour donner ses premiers coups de patins avec les Ducks d’Anaheim.

Un but à sa toute première présence en carrière. Un autre dans le match suivant. Sept points en dix parties une fois la saison terminée. Il n’avait que 20 ans et pourtant, tout avant l’air facile pour l’ancien joueur vedette des Tigres de Victoriaville et des Voltigeurs de Drummondville.

Il sait aujourd’hui que tout ça n’était qu’un écran de fumée. De la poudre aux yeux.

« Première année, tu commences, tu joues pas mal sur l’adrénaline. Tu joues généralement toujours bien dans tes dix premiers matchs dans la Ligue nationale, reconnaît aujourd’hui Comtois. Quand je suis arrivé à ma deuxième année, il fallait que je sois constant à tous les matchs et ça n’a pas été le cas. J’étais en retard d’une fraction de seconde sur tous les jeux, je jouais frustré... Ça a fait partie de mon apprentissage. »

Comtois a passé la moitié de sa première saison complète chez les professionnels dans la Ligue américaine. Les rigueurs d’un lent départ lui ont fait comprendre que tout ne lui serait pas donné tout cuit dans le bec. À quelque part au cours d’une séquence où il n’a marqué qu’une seule fois à ses 19 premiers matchs, il a senti un « déclic ». Il a enfilé huit buts à ses 12 dernières parties.

« Je pense que je méritais d’être up and down toute l’année, dit-il en rétrospective. Des fois je jouais bien, des fois vraiment pas. Je pense que j’ai compris le message en fin de saison. Quand j’ai eu ma rencontre de fin d’année avec le DG, on était sur la même longueur d’onde lui et moi. Oui, je m’attendais à être meilleur que ça à ma deuxième année, mais ça fait partie de l’apprentissage d’un jeune joueur. »

En 2021, Comtois a joué comme un gars qui a appris sa leçon. Il a marqué trois buts dans ses deux premiers matchs de la saison et dans une équipe qui n’avait pas les munitions pour rivaliser avec les puissances de sa division, il a su continuer de produire avec la régularité qu’il recherchait. Il a terminé l’année avec 33 points en 55 matchs, bon pour le premier rang du classement des marqueurs chez les Ducks. Son bon rendement a accroché l’œil de Hockey Canada, qui l’a invité à rejoindre la sélection senior en vue du Championnat du monde.

Il y a un an, l’ancien capitaine d’Équipe Canada junior convoitait un poste à temps plein dans la LNH. C’est en tentant de montrer la marche à suivre à ceux qui patinent dans ses traces qu’il y est parvenu.

« Quand je suis arrivé au camp, je voulais être sûr d’être constant à tous les soirs. Je pense que c’est ce qui m’a aidé tout au long de la saison. Il y avait des places disponibles dans l’équipe. On est en reconstruction, on ne se le cachera pas. Il y avait beaucoup de jeunes et je pense que ça a toujours fait partie de moi d’être un leader, de montrer le chemin et c’est avec cette mentalité que j’ai joué chaque match. Oui, on a encore des Ryan Getzlaf, des Cam Fowler, des John Gibson, mais dans cinq ou six ans, ça va être à nous de prendre les rênes et d’être des leaders dans l’équipe. Je pense que j’ai fait un bon travail de ce côté-là, mais c’est juste une année. Ça va être à moi à montrer l’an prochain que ce n’était pas un feu de paille. »

En excellente compagnie                                             

Les statistiques compilées par Comtois deviennent encore plus intéressantes lorsqu’on s’attarde à ce qu’il a été capable d’accomplir à forces égales. En effet, 14 de ses 16 buts et 28 de ses 33 points ont été amassés à 5-contre-5.

Ses 14 buts à égalité numérique le placent à la hauteur de vedettes établies comme Mark Stone, David Pastrnak et Brayden Point. Avec 1,17 but par tranche de 60 minutes, il tient compagnie à des joueurs de la trempe de Kyle Connor, Nikolaj Ehlers et Mitch Marner.

« À Anaheim, on n’avait pas vraiment le meilleur jeu de puissance de la Ligue. Je pense qu’on avait le pire de l’histoire de la Ligue nationale, en fait, donc fallait trouver des façons de marquer. Au début de l’année, je pense dans les dix premières parties, je n’ai pas vraiment eu de glace en avantage numérique, alors il fallait que je trouve des moyens de produire à 5-contre-5. Il fallait que je trouve de l’espace. Chaque fois que j’embarque sur la glace, c’est pour marquer des buts. »

Les jeunes veulent prendre le relais chez les Ducks

En fin de saison, Comtois a noté une amélioration dans un jeu de puissance qui a clôturé l’année avec un taux de réussite de 8,9%. Il l’attribue à la contribution de recrues comme Trevor Zegras et Jamie Drysdale, qui sont venus compléter un quintette auquel le Québécois contribuait lui-même avec Troy Terry et Rickard Rackell.

Zegras, l’un des plus beaux joyaux du bassin d’espoirs des Ducks, pourrait s’avérer être un partenaire payant pour Comtois. Les deux joueurs n’ont passé que 88 minutes ensemble à 5-contre-5 cette saison, mais ont produit un échantillon prometteur pour l’avenir. Leur équipe a généré 60% des tentatives de tirs et n’a accordé que deux buts lorsqu’ils étaient sur la glace.

« Ça a commencé pendant l’été, raconte Comtois pour expliquer sa connexion avec le jeune joueur de centre américain. On est tous les deux arrivés assez de bonne heure pour s’entraîner là-bas et on s’est bien entendu à l’extérieur de la glace. On est allé jouer au golf tout l’été. On se disait à quel point on aimerait jouer ensemble. Je pense qu’on est deux joueurs qui se complètent bien avec deux styles complètement différents. Lui c’est un gars talentueux, un fabricant de jeux avec des bonnes mains. Il trouve les lignes de passes. Moi je suis plus un gars nord-sud, je trouve les endroits sur la glace pour me libérer et Zegras me la donne sur le tape. On a du fun à jouer ensemble et je pense que ça augure bien pour le futur. »

Quant au présent, Comtois soutient qu’il n’est pas aussi désolant que les apparences le suggèrent. Vingt-sept des 56 matchs des Ducks, fait-il remarquer, se sont soldés par un écart d’un but.

« Je ne connais pas les intentions de l’organisation cet été, mais peu importe ce qui se passe, ça va être à nous de montrer qu’on peut être une équipe de séries, qu’on peut pousser les bonnes équipes. On n’est pas si loin que ça. »