Les joueurs de la LNH devraient s’assurer d’avoir une garantie que la ligue couvrira les coûts de tout problème de santé qui pourrait se développer s’ils contractent la COVID-19 avant d’accepter de retourner au jeu, avance un spécialiste des maladies infectieuses de Toronto en entrevue avec Rick Westhead, de TSN.

Depuis le début de la crise il y a environ cinq mois, le virus a affecté le corps humain de diverses manières et avec une sévérité variable, parfois même de façon permanente, que ce soit au niveau des poumons, des reins, du foie ou du cœur. Dans de rares cas, il y a eu des dommages oculaires, gastro-intestinaux et cérébraux.

Même chez les jeunes ou chez les athlètes professionnels, il est difficile d’estimer correctement les risques que pose la COVID, affirme le Dr Andrew Morris, du Mount Sinai Hospital de Toronto, qui a été consulté par Maple Leafs Sports and Entertainment.

Il recommande d’obtenir une preuve écrite que la ligue est prête à assumer les coûts en lien avec une infection au coronavirus, incluant les soins médicaux, la réadaptation, l’hospitalisation, les prescriptions et les consultations avec un psychologue (des patients sous respirateur peuvent souffrir du syndrome de stress post-traumatique).

« Les jeunes athlètes ne pensent pas suffisamment  à ce genre de choses car ils se croient invincibles, mais de temps à autre, on voit des jeunes en santé contracter des maladies très graves, et ce n’est pas différent dans le cas qui nous préoccupe », a indiqué Dr Morris. Les probabilités sont faibles de voir un jeune athlète en santé tomber sérieusement malade à cause de la COVID et se retrouver aux soins intensifs, mais il y a toujours quelqu’un qui gagne la loterie, non? »

« Ils devraient obtenir une certaine garantie quant aux soins de santé et aux salaires étant donné qu’ils prennent des risques supplémentaires, surtout s’ils sont basés aux États-Unis. »

Dans la plus récente convention collective, la NBA a accepté de fournir une assurance santé à vie à ses joueurs, mais la LNH n’offre pas une telle protection. Les ex-joueurs de la LNH  à la retraite qui ont joué au moins 160 matchs ont 120 jours pour adhérer à la couverture prolongée de la ligue, dont le coût se situe entre 12 000 et 33 000 $ US. Des joueurs qui n’y adhèrent pas pourraient ne pas être couverts au niveau de la médicamentation et de la réadaptation, même par les programmes provinciaux du Canada.

Certains agents de joueurs se sont exprimés à ce sujet : « si ce n’est pas mis par écrit, ce n’est pas réel », a d'ailleurs dit Ian Pulver, agent de Tyler Seguin et Thomas Chabot. « Je m’attends à ce que la LNH et l’Association des joueurs établissent un plan médical qui fera en sorte que les joueurs sont protégés sur les tous les fronts, à court et à long terme, s’ils doivent jouer dans ce type d’environnement. »

Il n’y a qu’une poignée d’athlètes qui ont été infectés pour l’instant, dont chez les Sénateurs d’Ottawa et l’Avalanche du Colorado, et ils s’en seraient tous remis. Mais récemment, l’attaquant des Leafs Mitch Marner a fait part de certaines inquiétudes, notamment par rapport à des joueurs ayant déjà des conditions médicales particulières comme le joueur du CH Max Domi, qui vit avec le diabète.

Dr Morris dit qu’il est impossible de conclure si les individus ayant contracté le virus auront des complications dans l’avenir.

« Il y a plein de choses au sujet de la COVID que nous ne comprenons pas encore », rappelle Dr Morris.

« D’une certaine manière, les joueurs de hockey ont  gagné à la loterie au niveau génétique. Mais avec la COVID-19, n’importe qui peut mourir. On peut dire que les risques sont faibles chez les athlètes, mais on ne peut affirmer avec certitude qu’ils sont en sécurité », soutient pour sa part Dr Mark Loeb, un spécialiste des maladies infectieuses du Hamilton General Hospital.