MONTRÉAL –  Même s’il n’avait pas besoin du titre officiel de capitaine pour exercer cette influence au sein des Bruins de Boston, voilà un honneur qui couronne à merveille la carrière de Patrice Bergeron, l’un des joueurs les plus respectés de la LNH. 

C’était écrit dans le ciel que Bergeron allait succéder à Zdeno Chara dans ce rôle, mais cette nomination a permis de diriger l’accent vers son immense contribution avec cette organisation. 

À 35 ans, Bergeron en a parcouru du chemin avec ce logo, qu’il a désormais tatoué sur le cœur, après avoir grandi en tant que partisan des Nordiques de Québec. À partir de son saut précoce dans la LNH en 2003-2004, son ascension rapide, les importantes blessures surmontées, le championnat savouré et son empreinte au cœur d’un trio dévastateur. 

« Un très grand honneur »

« C’est un grand honneur d’être nommé capitaine d’une organisation aussi historique qui a eu des légendes du hockey comme capitaines, je l’accepte avec beaucoup d’humilité », a confié Bergeron qui a vu Raymond Bourque camper cette fonction durant son enfance. 

« Mais je dois rester moi-même tout en continuant de m’améliorer comme personne et comme joueur », a-t-il ajouté, sans surprendre personne, à l’aube de sa 15e saison dans le circuit Bettman. 

Bergeron prendra le flambeau des bras vieillis de Chara qui a eu un règne de 14 ans. Il va sans dire que son influence a été majeure et les deux hommes sont devenus de bons amis qui demeurent en contact malgré le départ du grand défenseur avec les Capitals de Washington. 

Outre Chara, Bergeron a nommé Mark Recchi et Martin Lapointe parmi ses inspirations. 

« Plusieurs personnes m’ont aidé dans mon parcours et j’ai appris de celles-ci. Je pense à Recchi et à Martin Lapointe qui pensait avant tout à l’imputabilité. Il m’aidait à faire les choses de la bonne manière pour un jeune qui arrive dans la LNH. Zdeno, c’était à propos de la culture qu’il imprégnait et de faire sortir le meilleur des autres », a exposé Bergeron en plus de citer des joueurs tels Andrew Ference, Shawn Thornton et Gregory Campbell. 

Chara a recommandé à Bergeron d’être fidèle à sa personnalité. Après tout, il a si bien vu Bergeron prendre soin de ses coéquipiers au fil des ans. D’ailleurs, le Québécois pense immédiatement aux autres quand il décrit la vision de ce rôle. 

« Connecter avec mes coéquipiers, leur faire comprendre que c’est leur équipe autant que la mienne. On a tous une place égale et un même but. Parler avec mon cœur, démontrer de l’empathie et vouloir que les autres deviennent la meilleure version d’eux-mêmes. J’ai eu de merveilleux modèles », a décrit, en discussion avec les médias, celui qui devient le 20e capitaine du club.  

Bergeron, nouveau capitaine au palmarès épatant

Assez tôt dans sa carrière, Bergeron a été victime de graves commotions cérébrales. Cette éprouvante période lui a fait réaliser un autre élément qu’il veut partager comme capitaine.  

« Quand il y a de l’adversité comme ça dans la vie, c’est difficile de comprendre pourquoi ça nous arrive sur le moment. C’est après que tu réalises que ça t’a fait grandir. Je devais sans doute apprendre à apprécier le hockey encore plus. C’était difficile d’être privé du hockey aussi longtemps, c’est vraiment une passion pour moi. C’est devenu ma philosophie au fil du temps », a-t-il réfléchi alors qu’on sentait que ce sujet le touche encore. 

Bergeron refusait d’admettre que cette journée était la sienne. Il répondait toujours en parlant de ses coéquipiers. Avec humour, il a raconté que ses enfants n’étaient pas trop impressionnés par cette nomination. 

« Je ne suis pas certain que mes enfants ont bien compris quand je leur ai dit ce matin (jeudi). Ils étaient heureux, mais un peu confus. Ils trouvaient ça amusant que j’obtienne une autre lettre sur mon chandail. Mais ils sont plus excités par la nouvelle saison et de revoir les enfants de mes coéquipiers éventuellement », a déclaré le droitier. 

À propos de cette saison, elle n’aura pas le même cachet sans affrontement contre le Canadien et les Maple Leafs notamment. 

« Ce sera spécial et différent, c’est certain. Du côté positif, le voyagement sera plus facile que celui de la division canadienne. On encerclait toujours sur le calendrier les matchs contre le Canadien et les Maple Leafs. Je ne sais pas si c’est une première que les Bruins et le Canadien ne jouent pas contre. Mais on doit apprécier l’occasion de jouer », a réagi Bergeron en comprenant que c’était le meilleur compromis. La seule exception aura été la saison annulée de 2004-2005. 

Des éloges de Marchand, Krejci et Cassidy

Pour l’occasion, les Bruins ont permis aux journalistes de s’adresser à Brad Marchand et David Krejci, des coéquipiers de longue date de Bergeron, et à l’entraîneur-chef, Bruce Cassidy. 

Le pilote des Bruins connaissait très bien le profil de Bergeron quand il a pris les rênes de l’équipe, mais il a davantage découvert sa personnalité. 

« Je pense surtout à sa manière de traiter les gens. J’avais lu des choses à ce sujet, mais il est si bon avec les jeunes, ses partenaires de trio et ses coéquipiers. Ça m’arrive de devenir tendu derrière le banc et il parviendra à me calmer à sa manière en encourageant les joueurs », a vanté Cassidy.

Pour Marchand, l’aide de Bergeron a été immense surtout que les deux hommes n’ont pas le même tempérament à la base. 

« C’est plus sa manière de se comporter tous les jours comme un grand professionnel. Voilà ce qui a eu le plus grand impact dans ma carrière. J’ai été privilégié d’être assez à ses côtés depuis tant d’années. Il accepte tout ce qu’on doit surmonter. J’essaie d’être comme lui, une personne plus positive et un meneur », a résumé Marchand qui n’oubliera pas sa résilience quand il a continué de jouer lors des séries de 2013 alors que son tombait en morceaux.  

« C’était très impressionnant de voir un coéquipier surmonter toute cette douleur, il a tous les attributs d’un meneur phénoménal autant sur la glace qu’à l’extérieur. Il est né pour être un capitaine. C’était pratiquement épeurant de le voir continuer de jouer, on ne savait même pas s’il allait pouvoir jouer le prochain match. Ce n’est pas pour rien qu’il est l’un des meilleurs joueurs. »

Quant à Krejci, il partage cette grande intelligence du hockey avec Bergeron. Il a été très élogieux à son égard. 

« C’était un choix évident. Il avait un "A" sur son chandail, mais il était autant notre capitaine que Zdeno. Je le voyais ainsi et rien n’aura besoin de changer », a lancé Krejci qui a hâte de jouer pour Bergeron. 

« Ce sera merveilleux, on ne peut en dire assez à propos de lui. Il se défonce pour tous les matchs et les entraînements. Il dit toujours les bonnes choses. Ça rend ça plaisant quand tu peux compter sur un coéquipier comme lui. On sait qu’il prend soin de nous et on fera la même chose pour lui », a-t-il conclu. 

Au moment de dévoiler la nouvelle, les Bruins ont choisi trois mots pour le décrire et ils ont visé dans le mille avec intégrité, humilité et résilience. 

Quelques notes sur la carrière de Bergeron

Le hockeyeur de L’Ancienne-Lorette se classe au troisième rang chez les Bruins pour les matchs (1089) et les buts gagnants (67), au cinquième échelon pour les buts (352) et les aides (517) en plus d’être sixième pour les points (869). 

Il a également mérité le trophée Frank-J.-Selke, décerné au meilleur attaquant défensif, à quatre occasions, un record qu’il détient en compagnie de Bob Gainey. 

Les autres capitaines des Bruins :

 Zdeno Chara (2006-20),
 Joe Thornton (2002-05),
Jason Allison (2000-01),
Raymond Bourque (1985-2000),
Rick Middleton (1985-88),
Terry O’Reilly (1983-85),
Wayne Cashman (1977-83),
John Bucyk (1966-67 et  1973-77),
Leo Boivin (1963-66),
Don McKenney (1961-63),
Ferny Flaman (1955-61),
Ed Sanford (1954-55),
Milt Schmidt (1950-54),
John Crawford (1946-50),
Ralph ‘Cooney’ Weiland (1938-39),
Aubrey ‘Dit’ Clapper (1932-38 et 1939-47),
George Owen (1931-32),
Lionel Hitchman (1927-31),
Sprague Cleghorn (1925-27), un Montréalais