Voici des questions relatives à trois clubs rivaux du Canadien (Toronto, Ottawa et Winnipeg) dans la division Nord à l'approche de la saison 2020-2021.

 

La première partie de l'exercice (Calgary, Edmonton et Vancouver) est disponible ici.

 

Maple Leafs de Toronto

 

Ont-ils la profondeur offensive pour survivre à une saison condensée?

 

Depuis l’acquisition de John Tavares et les nouveaux contrats monstres de Auston Matthews, Mitch Marner, et William Nylander, les Leafs sont dans une bataille constante avec le plafond salarial, ce qui rend l'acquisition de joueurs secondaires de qualité plutôt difficile. Ils ont dû se départir de Kasperi Kapanen et Andreas Johnsson, deux marqueurs de 20 buts en 2018-19, pour réduire leur masse salariale.

 

Après leur quatuor de vedettes, les options sont plutôt minces. Ils ont acquis plusieurs joueurs lors de la saison morte, mais chacun d’entre eux apporte plus de questions que de réponses. Joe Thornton et Wayne Simmonds ne se font pas plus jeunes et ont vu leur production baisser au cours des dernières années. Jimmy Vesey n’a qu’une saison de 30 points à son actif. Joey Anderson, acquis en retour de Andreas Johnsson, a du potentiel, mais il n’est pas encore un joueur établi.

 

Pour ce qui est des jeunes déjà dans l’organisation, les options sont plutôt minces. Ilya Mikheyev connaissait une bonne saison recrue avec 23 points en 39 rencontres, mais a été affligé par des blessures. Nick Robertson pourrait faire le saut au grand club, mais il n’a que 19 ans et pourrait avoir de la difficulté à faire le saut de junior à LNH, surtout avec son petit gabarit (5’9” et 162lb).

 

Bref, si l’une ou plusieurs de leurs vedettes se blessent ou connaissent une saison difficile, les Leafs ont très peu d’options qui peuvent tenir le fort en attendant leur retour. Cette saison plus que jamais, le succès des Leafs dépend de leurs gros canons, ce qui pourrait leur coûter cher lors d’une saison condensée.

 

Dubas en a-t-il fait assez pour solidifier la défense?

 

Comme le manque de profondeur en attaque, le manque d’options en défensive est un problème récurrent pour Toronto depuis quelques années. Morgan Rielly est un numéro un et Jake Muzzin est un vétéran de qualité, mais le reste de la brigade défensive vient avec beaucoup de questions.

 

T.J. Brodie se joint aux Leafs et prend essentiellement la place de Tyson Barrie, qui s’est joint aux Oilers après une saison à Toronto. Brodie est un autre défenseur gaucher, mais il évoluait à la droite de Mark Giordano à Calgary et pourrait rester à droite vu le manque d’option de ce côté pour Toronto. Il devrait être une bonne addition, mais il devra s’adapter à une nouvelle organisation pour la première fois en 10 ans.

 

Parlant du côté droit, les Leafs ont aussi acquis Zach Bogosian, qui a remporté la Coupe Stanley avec Tampa Bay l’an dernier. Bogosian est un défenseur imposant et physique, mais il n’a disputé que 27 matchs en saison régulière l’an dernier avec les Sabres et le Lightning. Il ajoute de la profondeur, mais il ne viendra pas renforcer le top-4, il est plutôt un joueur de 3e paire ou un 7e défenseur.

Côté jeunesse, Timothy Liljegren et Rasmus Sandin sont les joueurs à surveiller. Sandin a disputé 28 rencontres pour le club l’an dernier, montrant de bons instincts de passeur et une habileté à éviter les revirements. Son taux de revirement de 11,4 % était le 2e plus bas des défenseurs des Leafs, derrière Rielly. Liljegren a eu plus de difficulté à percer l'alignement depuis qu’il a été repêché en 2017, mais le simple fait d’être droitier lui donne plus de valeur pour un club qui manque d’options de ce côté.

 

Les Leafs ont aussi Travis Dermott, Justin Holl, et Mikko Lehtonen qui vont se battre pour une place à la ligne bleue, mais aucun d’entre eux n’a prouvé qu’il mérite une place dans le top-4 jusqu’à maintenant. Encore une fois, la ligne bleue des Leafs sera un point d’intérêt à suivre toute l’année.

 

De quoi aura l’air la situation devant le filet?

 

Commençons tout d’abord par le plus évident: Frederik Andersen est le gardien numéro 1 incontesté des Maple Leafs. Cela ne veut pas dire qu’il ne vient pas sans questions. Le contrat d’Andersen vient à terme à la fin de la saison et il vient de conclure la pire année de sa carrière. Est-ce que Toronto a les moyens de retenir ses services, qui seront sans aucun doute plus dispendieux que le 5 millions $ annuel qu’il touche présentement? Si le club se retrouve hors de la course à la date limite des transactions, est-ce qu’ils pourraient être tentés d’échanger leur partant?

 

Il sera aussi intéressant de voir qui pourra s’emparer du poste de gardien auxiliaire. Toronto a présentement 3 gardiens avec de l’expérience LNH sous contrat: Jack Campbell, Aaron Dell, et Michael Hutchinson. Campbell a bien paru en 6 matchs l’an dernier après avoir été acquis des Kings et semble être le favori, mais c’est une situation sur laquelle il faudra garder l'œil toute la saison.

 

Sénateurs d’Ottawa

 

Murray pourra-t-il retrouver sa forme après une saison difficile?

 

À seulement 26 ans, Matt Murray a l’une des carrières les plus particulières de la LNH. Il a tout d’abord remplacé Marc-André Fleury en séries lors de sa saison recrue, menant les Penguins à une Coupe Stanley en 2016, et une autre en 2017. À peine quelques années plus tard, Murray a subi le même sort que Fleury alors que Tristan Jarry s’est emparé du rôle de gardien partant.

 

Graphique SénateursPittsburgh a décidé de donner la cage à Jarry en échangeant Murray aux Sénateurs, une décision à motivation monétaire puisque Jarry sauvera près de 3 millions $ aux Penguins cette année. Murray se joint donc aux Sénateurs après la pire saison de sa carrière, qui continue sa tendance d’alterner les bonnes et les mauvaises saisons depuis qu’il est un partant.

 

Les Sénateurs ne sont pas reconnus pour leurs prouesses défensives, alors il sera intéressant de voir quel Matt Murray se présentera devant le filet cette saison. À 26 ans, un Murray qui retrouve la forme pourrait être la solution devant le filet pour les années à venir à Ottawa. Il se joint à un noyau de jeunes joueurs excitant mené par Tim Stützle, Brady Tkachuk, Thomas Chabot, Erik Brannstrom et autres.

 

Quels jeunes réussiront à percer l’alignement?

 

Parlant de ce noyau de jeunes joueurs, plusieurs d’entre eux ont l’opportunité de se joindre au grand club cette saison. Ottawa a rajouté quelques vétérans, notamment Derek Stepan et Evgenii Dadonov, mais l’alignement reste en grand besoin de renforts.

 

Tim Stützle est le candidat le plus évident après avoir été repêché au 3e rang du dernier repêchage. Il a aussi brillé lors du Championnat du monde junior pour l’équipe nationale allemande avec 10 points en seulement 5 matchs, bon pour le 4e rang du tournoi et surpassé seulement par des joueurs ayant disputé 7 rencontres.

 

Josh Norris, Drake Batherson, et Logan Brown pourraient obtenir des rôles réguliers après avoir disputé quelques matchs dans la LNH l’an dernier. Alex Formenton est un autre bon candidat. Il a passé toute la saison 2019-20 dans la ligue américaine, où il a marqué 27 buts et 53 points en 61 rencontres. Après avoir terminé 25e en buts marqués dans la ligue, les Sénateurs ont besoin de toute l’aide offensive possible et les jeunes auront amplement d’opportunités pour prouver qu’ils sont capables de contribuer.

 

Défensivement, Erik Brannstrom devrait très probablement se joindre au grand club de façon permanente. Acquis comme pièce maîtresse dans l’échange de Mark Stone, il a déçu en 31 rencontres comme recrue, mais son potentiel demeure très élevé. Il a marqué 23 points en 27 matchs dans la ligue américaine et 8 points en 10 matchs dans la ligue de Suisse. À 21 ans, les Sénateurs comptent sur lui pour occuper un rôle important sur la ligne bleue dès cette saison. Jake Sanderson est un autre candidat après avoir été le premier défenseur repêché en 2020, mais on devra attendre un peu plus longtemps dans son cas puisqu’il évolue pour l’Université du Dakota du Nord cette saison.

 

Chabot peut-il continuer de s’établir parmi les meilleurs défenseurs de la LNH?

 

Il ne fait aucun doute que Thomas Chabot est un défenseur extrêmement talentueux avec la rondelle. Roman Josi est le seul défenseur avec plus d’entrées et sorties de zone en possession de la rondelle que Chabot, qui se place devant des joueurs comme Cale Makar, Erik Karlsson, et Quinn Hughes.

 

Chabot a vu sa production chuter à 39 points en 2019-20, et ce n’est pas à cause de la saison réduite, il avait marqué 55 points en 70 matchs la saison précédente. Il faut dire qu’il est difficile d’obtenir des mentions d’aides quand un joueur du calibre de Stone part et sa production n’est pas remplacée. Sa performance en statistique avancée était toujours parmi les meilleurs l’an dernier, alors avec un peu de renfort offensif, une hausse de production pourrait facilement être en vue alors qu’il entame la première année de son contrat monstre de 8 ans.

 

Jets de Winnipeg

 

Stastny est-il la solution pour le rôle de 2e centre?

 

Les Jets semblent être en recherche perpétuelle d’un 2e centre. Ils ont acquis Paul Stastny et Kevin Hayes lors des dates limite des transactions en 2018 et 2019 respectivement, mais les deux joueurs les ont quittés sur le marché des joueurs autonomes l’été même. Bryan Little a rempli le rôle à l’occasion, mais il a raté presque tout 2019-20 en raison d’une blessure qui pourrait le forcer à mettre un terme à sa carrière. Jack Roslovic, un ancien choix de 1er tour, n’a pas réussi à saisir l’opportunité et à prendre le rôle.

 

Les Jets se sont donc à nouveau tournés vers Paul Stastny, qu’ils ont acquis en retour de Carl Dahlstrom et un choix conditionnel de 4e tour en 2022. Stastny avait marqué 13 points en 19 rencontres pour Winnipeg, ajoutant 15 points en 17 matchs de séries. Il a ensuite signé avec les Golden Knights avant de connaître deux saisons décevantes pour Vegas.

 

Les Jets espèrent qu’il saura retrouver la forme dans le rôle de 2e centre dans l’alignement de Paul Maurice. Il devrait jouer avec deux de Patrick Laine, Blake Wheeler, Kyle Connor et Nikolaj Ehlers. À 35 ans, on peut se demander s’il est toujours capable d’être une présence de qualité sur le 2e trio.

 

Une amélioration en défense malgré une ligne bleue similaire?

 

À ce chapitre, les Jets sont dans une situation similaire aux Canucks de Vancouver: une défensive poreuse masquée par une performance de Connor Hellebuyck qui lui a valu le trophée Vézina, et avec raison. Les Jets ont perdu Tyler Myers, Dustin Byfuglien, Jacob Trouba, et Ben Chiarot avant la saison 2019-20, apportant très peu de renfort pour les remplacer. Neal Pionk a été une belle surprise, mais ce n’était pas assez pour combler les nombreuses pertes. Bien qu’ils aient terminé la saison 10e en buts alloués, un regard plus approfondi sur leurs performances défensives révèle d’énormes lacunes.

 

Graphique JetsHellebuyck a sauvé 28,2 buts aux Jets relativement à un gardien moyen. Aucun autre gardien en 2019-20 n’a sauvé plus de 20 buts à son équipe, le plus près étant Jacob Markstrom avec 19,9. Encore une fois, les Jets n’ont pas investi grand-chose pour renforcer leur ligne bleue. Derek Forbort est l'acquisition la plus notable et, bien qu’il soit un vétéran de qualité, il n’est pas un défenseur de premier plan qui va miraculeusement tout régler. Ville Heinola, leur choix de 1er tour en 2019, pourrait apporter du renfort en perçant l’alignement, mais il demeure une recrue de 19 ans. Les Jets devront probablement obtenir une autre performance de calibre Vézina de la part de Hellebuyck s’ils veulent être compétitifs dans la division Nord cette saison.

 

Laine sera-t-il un Jet à la fin de l’année?

 

Patrik Laine a l’un des meilleurs lancers de la LNH et est un franc-tireur de premier plan. Il est aussi très imposant à 6 pieds 5 pouces. À seulement 22 ans et joueur autonome avec compensation à la fin de l’année, il est le genre de joueur qu’un club peut bâtir autour au long terme, mais son temps à Winnipeg semble être compté.

 

Au cours des derniers mois, le nom de Patrick Laine s’est retrouvé dans plusieurs rumeurs de transactions. Selon plusieurs rapports, son agent aurait fait savoir aux Jets que Laine aimerait être échangé, des rumeurs que Laine a nié au camp d’entrainement.

 

Ce sera définitivement un dossier à suivre au cours de la saison. Si un joueur de sa trempe est échangé, ça aura évidemment un impact massif sur l'organisation des Jets, qui devraient obtenir un retour important dans n’importe quelle transaction incluant un ailier de 22 ans qui a déjà 138 buts en seulement 305 rencontres. Les Jets pourraient obtenir du renfort défensif, des espoirs et/ou des choix de qualité au repêchage. Et s’il demeure avec eux pour la saison, les négociations pour un nouveau contrat seront très intéressantes lors de la saison morte, puisque Laine a droit à l'arbitration.