Tristan Luneau sera l'invité de l'Antichambre sur RDS et RDS Direct, mercredi soir vers 20 h 45, après le match Sea Dogs c. Oil Kings.

MONTRÉAL – Peu de joueurs abordent leur carrière avec autant de sérieux que Tristan Luneau. Le choc devient donc d’autant plus brutal quand on doit subir une opération avant d’entamer la saison menant à son repêchage de la LNH. 

« J’ai toujours été ultra-compétitif donc, dans ma tête, c’était comme la fin du monde de me faire opérer à ce moment », a admis Luneau, au début juin, lors du Combine à Buffalo. 

Cette intervention au genou gauche a bousillé les plans de Luneau pour une saison morte qui était déterminante dans son parcours. Ainsi, sans même être prêt physiquement à 100%, Luneau a choisi de replonger dans l’action. 

« Je suis allé sur la patinoire, pour la première fois après mon opération, le lundi et j’ai joué mon premier match le vendredi. C’était un peu se lancer dans la gueule du loup », a reconnu celui qui est du style à se faire taquiner par ses coéquipiers et amis parce qu’il se couche trop tôt.

« Mais j’aime tellement le hockey que je ne voulais pas repousser mon retour. Si ça voulait dire de jouer à 75%, c’était ça et je pouvais quand même faire du développement », a expliqué Luneau avec sa fascinante maturité à 18 ans. 

L’objectif était noble et courageux, sauf que c’était mission impossible de répondre aux attentes des recruteurs sur la patinoire. Considéré comme un joueur très prometteur, Luneau a dû composer avec la réalité parfois douloureuse du sport professionnel. 

« Ça m’a affecté au début de la saison et c’était frustrant. Je sentais que je n’étais pas capable d’aider mon équipe autant que je le voulais. Je ne pouvais pas non plus montrer le style de joueur que je suis, je n’étais pas moi-même », a résumé le défenseur originaire de la belle région de Victoriaville. 

« Durant l’année, j’ai eu des entrevues avec des équipes qui étaient un peu déçues. Elles auraient aimé en voir plus et elles disaient que j’étais meilleur l’an passé. C’était frustrant à entendre, mais je continuais à me développer. C’est un processus revenir d’une blessure », a-t-il mentionné sans se fâcher.  

Luneau a rencontré plus de 25 équipes de la LNH cette saison et celles-ci doivent désormais déterminer s’il parviendra à atteindre le magnifique potentiel qu’il laisse entrevoir quand il est à son meilleur. 

Si ses trois premiers mois de la saison ont été timides offensivement, le droitier a retrouvé une grande partie de son aplomb par la suite. 

Il n’oubliera pas de sitôt le rôle joué par son entraîneur, Louis Robitaille, chez les Olympiques de Gatineau, pour lui remonter le moral. 

« C’est pour ça qu’on fait du hockey junior, c’est pour passer ce temps avec les jeunes et les accompagner dans ce qu’ils traversent. Tristan, tout ce qu’il fait, il le fait à 100%. C’est une qualité, mais ça peut aussi devenir un défaut. Il fallait lui expliquer que le repos et le processus, c’était pour son bien », a réagi Robitaille. 

« Quand ça arrive l’année de ton repêchage, que tu es classé haut et que les observateurs se posent des questions sur ton jeu, c’est facile de regarder le côté négatif », a-t-il ajouté. 

Le pilote des Olympiques établit un parallèle pertinent. 

« Regardez dans la LNH, les gars qui ratent le camp d’entraînement, ils ne sont pas nombreux à connaître d’excellentes saisons ensuite. Ç’a un gros impact. Il a manqué trois à quatre mois dans le gymnase et sur la glace. Ça n’a pas été facile, mais aujourd’hui, il peut se dire qu’on a suivi le bon plan. Chapeau à Tristan », a souligné Robitaille. 

Du côté familial, Luneau a pu s’appuyer sur ses trois frères qui sont plus vieux que lui. 

« Je capotais un peu au début et il m’a dit ‘Tris, les chances que tu te blesses de nouveau sont très élevées, ce n’est pas la fin du monde ni la fin de ta carrière. C’est plus rare qu’un jeune ait besoin d’une opération, mais tu n’es pas le premier athlète à passer par là. Ça fait du bien de parler à mes frères, ils ont vécu des choses avant moi », a confié Luneau qui citait Samuel, un ancien joueur de football. 

Intelligent, mature, réfléchi et professionnel, Luneau a sans doute gagné des points en entrevue. 

« Quand tu as une conversation avec lui, ce n’est pas juste l’entraîneur qui parle et lui dit quoi faire. On peut échanger ensemble parce qu’il est préparé. D’ailleurs, quand tu le rencontres individuellement, il prend des notes », a vanté Robitaille. 

Et on aurait aimé assister à ses rencontres avec les équipes qui demandaient aux joueurs de prédire la suite d’une action stoppée à l’écran puisque son sens élevé du hockey fait l’unanimité. 

« Avec les discussions en entrevue, les équipes ont pu comprendre que je ne suis pas seulement un gars d’instinct sur la glace, je connais la game et je l’étudie », a conclu Luneau qui n’attend qu’à le prouver sur les patinoires du circuit Bettman.