LAS VEGAS – Jonathan Marchessault l’a admis sans la moindre retenue : « C’est un très mauvais feeling. J’ai vécu des déceptions au cours de ma carrière, mais c’est de loin la pire que j’ai vécu de ma vie. »

 

Assis devant son casier, la tête basse, la voix voilée par une émotion évidente, Marchessault ne ressemblait en rien au leader frondeur, confiant et volubile qui a donné le ton toute la saison dans le vestiaire et sur la glace. Et qui l’a fait lors des trois premières rondes des séries également.

 

Un leader qui a toutefois été incapable de maintenir sa production une fois rendu en grande finale. Marchessault n’a pas trouvé le fond du filet en cinq matchs face aux Caps qui l’ont limité à trois mentions d’aide. Rien à voir avec les huit buts – dont quatre en finale de l’Ouest contre Winnipeg – et 18 points qu’il a récoltés en 16 matchs disputés lors des trois premières rondes.

 

Quand j’ai demandé à Marchessault si cette disette en finale était attribuable à la qualité des adversaires où à des ratées personnelles, le Québécois s’est blâmé.

 

« Les Capitals ont été meilleurs que nous autres. Ils ont su trouver une façon d’obtenir un meilleur sort que nous autres. Mais aussi bons soient-ils, nous sommes responsables de nos ennuis », a-t-il d’abord répondu avant de se reprendre.

 

« Je ne vais pas répondre nous autres, je vais répondre pour moi et non pour les autres. Rendu en finale de la coupe Stanley, tu ne veux pas finir avec des regrets. Comme joueur, j’ai plein de regrets ce soir. J’ai eu de la misère à "starter" la machine tout le long de la finale. C’est une grosse leçon. Une grosse leçon qui va nous servir un jour parce qu’on a de belles années devant nous ici. Mais pour le moment, c’est vraiment difficile de voir du positif », a candidement reconnu Jonathan Marchessault qui a récolté une passe sur le but de Nate Schmidt dont le tir de la pointe a ricoché sur le patin du défenseur Matt Niskanen pour ensuite déjouer Braden Holtby.

 

Si le Québécois s’est montré très sévère dans l’analyse de son travail en grande finale, ses compagnons de trio Reilly Smith – auteur du troisième but des Golden Knights en fin de période médiane – et William Karlsson devront également faire un examen de conscience. Car bien que les deux premiers trios des Capitals comptaient sans l’ombre d’un doute sur plus de talent que le premier trio des Knights, ce dernier n’a pas été en mesure d’offrir le même genre d’intensité que lors des trois premières rondes.

 

Dernier match à Vegas pour Perron?

 

Une fois la déception passée, une fois bien reposé, Jonathan Marchessault pourra regarder l’avenir avec optimisme. Après tout, il n’a que 27 ans et la direction des Golden Knights l’a confirmé au sein du groupe de leaders autour de qui elle veut bien ancrer l’équipe dans le désert du Nevada en lui offrant, le 3 janvier dernier, un contrat de six ans d’une valeur de 30 millions $.

 

Il en va tout autrement pour David Perron qui, à 30 ans, alors qu’il sera joueur autonome le 1er juillet prochain, pourrait avoir disputé jeudi son dernier match dans l’uniforme des Golden Knights. Une possibilité qui rendait plus difficile encore à encaisser l’élimination en cinq matchs aux mains des Capitals.

 

« C’est difficile de voir que tout se termine comme ça ce soir. C’est difficile de trouver une consolation avec la saison. On est sorti fort ce soir, on n’a pas lâché même s’ils ont pris les devants deux fois. Mais ils nous ont surpris de la façon dont nous avons surpris bien du monde toute l’année. En travaillant plus fort. Je ne veux pas chercher d’excuses. Ce n’est pas tous les ans que tu as la chance de jouer pour la coupe Stanley et nous n’avons pas été en mesure de tout donner pour gagner. On a fait quelques erreurs ici et là en troisième et elles ont été très coûteuses. Personne ne nous donnait de chances lors des trois premières rondes et nous avons gagné. En finale, il y a du monde qui s’est mis à croire en nous. Peut-être que ça nous a joué un tour. Peut-être qu’on s’est trop mis à y croire nous aussi. C’est la première fois de la saison qu’on perd quatre fois de suite. Oui ils sont bons de l’autre bord, mais des fois, c’est un peu de notre faute aussi. »

 

Visiblement amèrement déçu, Perron se consolait en sachant que des souvenirs heureux referaient surface un moment donné.

 

« C’est de loin ma plus belle année de hockey en carrière. On formait un groupe uni. Il n’y avait pas d’ego. Pas un gars n’était plus gros que l’équipe. On s’est tous mis ensemble pour gagner en saison et encore en séries. Même les gars qui ne jouaient pas se donnaient à fond pour garder l’esprit d’équipe le plus fort possible. On a tout donné pour la cause de cette équipe et pour notre ville qui nous a supportés toute l’année. On aura eu toute une aventure », a conclu David Perron.

 

De retour au sein de la formation après avoir été rayé de l’alignement lors de la quatrième partie de la finale, lundi, à Washington, David Perron a marqué l’un des trois buts des Knights.

 

Un but controversé alors qu’il a clairement nui au travail du gardien Braden Holtby dans sa quête d’effectuer un arrêt aux dépens de Tomas Tatar. Mais l’analyse du but après la contestation de Barry Trotz a démontré que Perron s’est retrouvé dans les « pattes » du gardien des Caps après avoir été poussé dans la zone réservée au gardien et maintenu à cet endroit par le défenseur Christian Djoos.

 

C’était le premier but des séries de David Perron qui aura récolté huit points en 15 matchs éliminatoires après avoir connu une saison de 16 buts et 66 points en 70 rencontres.