Mathieu Biron a vu Alex Ovechkin arriver comme une tonne de briques dans la LNH
L'ancien joueur de la LNH Mathieu Biron a assisté à quelques-uns des moments marquants de la carrière d'Alexander Ovechkin, qui poursuit sa chasse au record de Wayne Gretzky cette saison.
Que ce soit son arrivée dans la ligue, son premier match ou l'un des buts les plus célèbres du hockey, le Québécois a plusieurs savoureuses anecdotes au sujet du grand Russe.
Le défenseur s'est joint aux Caps la même année que la saison recrue d'Ovi, en 2005-2006. Déjà, il remarquait un joueur intense, physique et extrêmement talentueux.
« C'était l'année après le lock-out. J'avais entendu parler de lui, mais il s'était fait un peu oublier en Amérique du Nord auparavant, car c'était aussi l'arrivée de Sidney Crosby. Et en même temps, il y avait plusieurs recrues qui ont beaucoup d'aptitudes individuelles. Sauf que lui, dans les un contre un, je ne comprenais pas comment, quand c'est lui qui lançait, la rondelle se faufilait toujours dans le filet. Et ça fait 19 ans qu'il fait ça », a raconté Biron au 5 à 7.
« Quand il est entré dans la Ligue nationale, il est entré comme une tonne de briques. Pas juste pour sa manière de marquer des buts, mais aussi parce qu'il frappait, il a toujours frappé. Je me souviens de l'avoir vu recevoir une passe en ayant la tête un peu entre les deux jambes, et se faire frapper solidement au milieu de la glace, mais il a juste continué, il a renversé le gars et il a passé par-dessus lui. On riait carrément au banc. Il faisait ça même contre les plus gros joueurs. C'est un joueur tellement explosif et passionné, il en a fait des mises en échec et des buts spectaculaires. »
On pourrait croire qu'un jeune Russe qui débarque dans la meilleure ligue au monde avec une certaine notoriété à un jeune âge pourrait être tenté de faire des folies, mais Biron souligne surtout la gentillesse et l'enthousiasme d'Ovechkin à son arrivée, ainsi que son grand respect pour les gens qui l'entourent
« Il en a fait des folies. Mais comme je l'ai connu, ce n'était pas quelqu'un de prétentieux et de matérialiste, au contraire. C'était quelqu'un de très aimable et attentionné envers le monde. Je me souviens d'un party de fin d'année, dans un restaurant, alors que j'étais avec Olaf Kolzig et Dainius Zubrus. On le voit arriver avec un manteau de jeans, troué, et dans l'arrière du dos il y avait un aigle en brillants. Il est tellement content. On lui demande qu'est-ce que c'est que ça? Il nous répond : "c'est du Dolce&Gabbana et ça m'a coûté 3000 $". On voulait lui dire que ce n'est pas parce que c'est 3000 $ que c'est nécessairement beau. Mais il avait une naïveté et une jovialité rafraîchissantes, et une belle attitude. Avec une belle naïveté comme ça, c'est contagieux pour le monde autour de lui. Kolzig, qui avait 35 ans à l'époque, riait tellement avec nous. »
Biron était en uniforme le 5 octobre 2005 lors du premier match dans la Ligue nationale de l'illustre no 8. Les Caps avaient gagné 3-2 contre les Blue Jackets de Columbus et Ovechkin avait marqué deux buts aux dépens de Pascal Leclaire.
« J'ai eu une passe sur son deuxième but, un lancer de la bleue. Il était déjà une pièce maîtresse quand il a commencé. La rondelle tournait autour de lui et il se plaçait toujours en bonne position de marquer. Quelque chose de très clair avec lui, c'est que chaque fois qu'il y a une chance de marquer, il veut la puck et il veut scorer. »
Biron a également été un témoin privilégié du célèbre but étendu sur la glace d'Ovi le 16 janvier 2006 en Arizona.
« On menait 3-1 à Phoenix, et j'étais sur le blanc lors de cette présence. C'est quelque chose d'inexplicable d'avoir réussi à la mettre dedans. Tout le monde est resté bête. Mais ce qui m'a surpris le plus, c'est qu'à la reprise, les partisans de Phoenix ont applaudi le but aussi. À l'époque, Wayne Gretzky était l'entraîneur et je me souviens encore que quand il a vu le but au tableau indicateur, même lui a applaudi sobrement. Le but était plus gros que la partie de hockey en soi, on venait de voir quelque chose d'exceptionnel et ça valait la peine d'être salué. »
C'est aussi en Arizona qu'avait eu lieu le souper des recrues.
« Il voulait bien faire les choses. Il voulait nous parler même si son anglais n'était pas nécessairement parfait. Il a demandé à Zubrus de traduire ce qu'il voulait nous dire, pour nous remercier de ce qu'il est en train de vivre avec nous, qu'il adore être avec nous et qu'il est reconnaissant de faire partie d'une si belle équipe. On avait un esprit d'équipe comme je n'avais jamais vu dans ma carrière. C'était une belle maturité à 19 ans, de comprendre son rôle et de faire preuve d'humilité, c'était une belle preuve de respect. »
C'était alors la dernière saison dans la LNH de Biron, qui n'a joué qu'une saison avec Ovechkin. Jamais il ne se doutait qu'il allait menacer le record de buts de Gretzky malgré son talent inouï.
« S'il y avait un record il y a 20 ans qui semblait imbattable, c'était le record de Gretzky. C'est 18 ans dans la LNH à marquer 50 buts par année. Je savais par contre qu'on venait de jouer une saison avec un immortel. À la fin de la saison, tous les gars de l'équipe avaient quatre ou cinq chandails officiels de sa saison recrue à faire signer pour les vendre à des œuvres de charité parce qu'on savait que ça allait être un futur membre du Temple de la renommée. »