Matthew Schaefer : la fierté a un nom

BUFFALO – Dans 3 semaines à Los Angeles, les 90 joueurs invités à la Séance d'évaluation des espoirs de la Ligue nationale de hockey seront sélectionnés par l'une des 32 équipes du circuit Bettman et franchiront une autre étape dans leur rêve d'évoluer un jour dans la LNH.

Mais de tous les athlètes qui ont été invités à cette semaine à Buffalo, une infime poignée seulement aura un impact transcendant sur les organisations qui les repêcheront et ce n'est pas un hasard si ces dernières déploient d'importantes ressources pour dénicher la perle rare dans cet amas de coquillages qui ne se développeront pas tous de la même manière.

Les pratiques des clubs étant largement documentées depuis plusieurs années, tous ces aspirants hockeyeurs professionnels savent précisément à quoi s'attendre. Peu importe le dilemme cornélien qui leur sera présenté, ils sauront exactement quoi répondre. Cela dit, aux yeux des principaux intéressés, il est préférable d'avoir recours à une recette qui n'exige aucune aptitude particulière. Il s'agit d'être authentique et, surtout, montrer son vrai visage.

« C'est vraiment une semaine super cool pendant laquelle nous passons de bons moments. Les choses se passent à un rythme d'enfer et plus nous nous rapprochons de la date du repêchage, plus nous sentons que tout cela devient de plus en plus réel », a d'abord indiqué le défenseur Matthew Schaefer, vendredi, lors d‘une conférence de presse réunissant six des meilleurs espoirs en vue du repêchage qui se tiendra les 27 et 28 juin au Paecock Theater.

« J'aime parler, j'adore rencontrer les gens, a continué celui qui a soupé avec les dirigeants des Islanders de New York lundi soir et ceux des Sharks de San Jose mercredi soir. Il n'y a pas de mauvaises organisations dans la LNH. Elles sont toutes de première classe. J'avais eu la chance de rencontrer [le directeur général des Sharks] Mike Grier plus tôt cette saison et c'était plaisant d'être en contact avec tous les membres de l'organisation. Toutes les discussions coulaient de source. C'était toujours facile d'entrer en contact avec les gens ! »

Il faut dire que Schaefer sait plus que quiconque que la vie est beaucoup trop courte pour porter continuellement un masque et jouer un rôle. Ponctuée par une mononucléose ainsi qu'une fracture d'une clavicule subie alors qu'il représentait le Canada au Championnat mondial de hockey junior, sa saison régulière de seulement 17 rencontres a surtout été marquée par les décès de sa mère et celui de la mère de sa famille d'accueil située à Érié.

Sa mère, Jennifer, est décédée des suites d'un cancer du sein fulgurant en février 2024, environ deux mois après qu'Emilie Matson se soit enlevé la vie se jetant devant un train. Ces deux événements ont évidemment permis à Schaefer de relativiser bien des éléments.

« J'ai vécu beaucoup de choses en peu de temps et j'ai surtout pu réaliser qu'il y a des choses bien pires dans la vie qu'une blessure, a philosophé l'arrière des Otters d'Érié. C'est pourquoi j'ai approché ma rééducation de manière positive. Je suis fier de dire que je me sens bien et que je suis en parfaite santé. Il y a des gens qui veillent sur moi de là-haut... »

Son rang au dernier classement de la Centrale de recrutement de la LNH était donc le dernier de ses soucis, mais il a néanmoins accueilli avec beaucoup de bonheur le fait qu'il était demeuré en première position chez les patineurs nord-américains devant l'attaquant du Spirit de Saginaw Michael Misa et celui des Eagles de Boston College James Hagens.

Rappelons qu'en 17 parties avec les Otters, le défenseur de 6 pieds 2 pouces et 183 livres a inscrit 7 buts et récolté 15 passes. Il s'était également illustré précédemment à la Coupe Hlinka-Greztky en obtenant 2 buts et 4 mentions d'assistance en 5 joutes avec le Canada.

« Je n'ai peut-être joué que 17 matchs, mais j'ai essayé de voir chacun d'eux comme une opportunité de me faire valoir, a conclu celui qui dit beaucoup s'inspirer du jeu de Cale Makar et Chris Tanev. J'ai donné le meilleur de moi-même à chacune de mes présences. »

Au final, l'équipe qui repêchera Schaefer mettra la main sur un athlète, mais surtout un être humain exceptionnel. Malgré un horaire extrêmement chargé et des demandes d'entrevues qui fusaient de partout, il a pris le temps d'aller à la rencontre d'enfants endeuillés de l'ouest de l'État de New York lors de son séjour à Buffalo. Sa mère serait extrêmement fière.