OTTAWA – Les matchs en Ontario ont toujours eu une signification particulière pour Max Pacioretty.

 

L’une des premières choses qu’on apprend, lorsqu’on endosse les couleurs du Canadien de Montréal, c’est que les défaites contre les Maple Leafs de Toronto seront toujours un peu plus difficiles à pardonner. Et Pacioretty a lui-même été au cœur de la rivalité qui s’est embrasée entre le Tricolore et les Sénateurs d’Ottawa au cours de la dernière décennie.

 

Pacioretty est de retour cette semaine sur les lieux de ces batailles mémorables, mais les sentiments qui l’habitent n’ont rien à voir avec ceux qui refont surface à l’évocation de ces souvenirs. Il n’existe aucune animosité particulière entre les Golden Knights de Vegas et les Leafs et un passage à Kanata n’a aucun cachet particulier pour ces visiteurs du désert. Comme pour à peu près n’importe qui, d’ailleurs.  

 

Pour l’ancien capitaine du Canadien, ce voyage au Canada que les Knights ont amorcé lundi n’est qu’un long préambule à de grandes retrouvailles, ce premier match à Montréal depuis qu’il a été échangé à l’aube de son 11e camp d’entraînement.

 

« On a un gros match demain et considérant la position dans laquelle on se trouve, c’est important que j’en fasse ma priorité. Mais ce qu’il y a à la fin de ce voyage n’échappe à personne », a concédé Pacioretty dans le vestiaire des visiteurs du Centre Canadian Tire, mercredi.

 

Pacioretty ne cache pas qu’il a visualisé ses premières enjambées sur la glace du Centre Bell dans un uniforme autre que le Bleu-blanc-rouge qui lui a longtemps collé à la peau. Mais le vétéran de 29 ans ne peut se permettre de grands écarts nostalgiques par les temps qui courent. Sa nouvelle équipe connaît des ratés. Elle a perdu cinq de ses sept derniers matchs, en grande partie parce qu’elle a toutes les misères du monde à marquer des buts. Les Knights représentent la pire attaque de la Ligue nationale. Ils produisent en moyenne un but de moins par match que lors de leur surprenante saison inaugurale.

 

Bref, Pacioretty, qui a justement été acquis pour compenser les départs estivaux de James Neal et David Perron, a d’autres chats à fouetter que de se complaire dans ses souvenirs.

 

« On crée de l’offensive, mais on ne marque pas, précise-t-il. Je ne sais pas si c’est parce qu’on est trop tendus, mais il faudra trouver un moyen de la mettre dedans. On a du travail à faire et ce voyage est une belle occasion de générer des résultats. Il suffit que la chance nous sourie quelques fois pour que les valves s’ouvrent pour de bon. »

 

Lundi, à Toronto, Pacioretty revenait au jeu après une absence de quatre matchs justifiée par une blessure au haut du corps. Il a décoché deux des 37 tirs des Knights sur Frederik Andersen, mais son équipe s’est inclinée 3-1. Elle occupe l’avant-dernier rang de la division Pacifique avec une fiche de 6-8-1.

 

« Je commence à être fatigué de nous voir obtenir plus de lancers que l’adversaire et travailler fort sans obtenir de résultat, a ventilé l’entraîneur-chef Gerard Gallant. Il faut briser la glace et il faut le faire bientôt. En général, on joue assez bien, mais comme à Toronto on ne trouve pas le moyen de gagner. Avoir des chances, ce n’est pas aussi bon que marquer des buts. Mais parfois, ça ne prend qu’un bon match et quelques entraînements de qualité pour renverser la tendance. »

 

Des chiffres à l’image de l’équipe

 

Les chiffres de Pacioretty sont le reflet d’un problème généralisé chez les Golden Knights. En onze matchs, le numéro 67 n’a inscrit que deux buts, soit autant que Pierre-Édouard Bellemare et deux de moins que Ryan Reaves, deux fiers membres du quatrième trio. Mais l’ailier gauche de 29 ans ne veut pas laisser les statistiques définir sa contribution.

 

« J’aime bien l’ensemble de mon jeu, en fait. Avant ma blessure, j’aimais beaucoup ce que notre trio [avec Alex Tuch et Erik Haula] était en train de construire. Et en début de saison, dans le peu de temps que j’ai eu avec [Paul Stastny], on créait un nombre incroyable de chances de marquer. Mais c’est le hockey, c’est impossible de tout contrôler. Je ne m’attendais pas à ce que tout soit parfait après onze matchs et c’est vrai que ça ne l’a pas été, mais le meilleur est à venir. » 

 

« Il a vraiment bien joué [lundi] soir, a défendu Gallant. Il patinait bien et a fait beaucoup de bonnes choses. Je ne m’en fais pas pour Max. C’est un bon joueur et il nous aidera énormément. »

 

Pendant ce temps, à l’extérieur de la patinoire, la vie reprend tranquillement son cours normal. Pacioretty admet que la vie de famille a été considérablement bouleversée par ce changement de décor subit, mais que la tempête était maintenant passée.

 

« Ça a été beaucoup plus simple que je pensais. Déménager avec trois enfants et une femme enceinte, ce n’était pas évident, mais la bonne nouvelle, c’est que tout est réglé maintenant. Les kids vont à l’école et on vient de finaliser l’achat d’une maison. Ça a été beaucoup de travail et je me suis senti mal de laisser ma femme dans ce pétrin, mais on est passé à travers. Tout est stable maintenant. »

« Et maintenant que je me sens plus à l’aise, il est temps d’aider l’équipe à gagner des matchs, conclut Pacioretty. Bien sûr, le match de samedi est dans mes pensées, mais pour moi la victoire passe avant tout et c’est surtout ça qui me trotte dans la tête. »