TAMPA - Ryan McDonagh se retrouve en terrain connu à quelques heures du troisième match de la série opposant le Lightning de Tampa Bay aux Devils du New Jersey. Des Devils qui ont un urgent besoin de victoire pour éviter de se retrouver avec un recul de 0-3 à combler.

 

Bien qu’il soit toujours en terrain ennemi au Prudential Center, McDonagh n’a qu’à lever les yeux vers l’Ouest pour apercevoir les tours de Manhattan. Il n’a qu’à tendre l’oreille pour entendre le concert de klaxon qui n’est qu’un bruit de fond dans le quotidien du «havre de paix» qu’est New York. La seule ville dont il a défendu les couleurs dans la LNH après que le Canadien l’eut échangé aux Rangers dans le cadre d’une grosse transaction dont le principal retour pour Montréal fut : Scott Gomez!

 

S’il est de retour chez lui dans la grande région de New York, Ryan McDonagh apprivoise toujours le rôle qui l’attendait lorsqu’il est passé des Rangers au Lightning le 26 février dernier. Grand leader des BlueShirts dont il était le capitaine, envoyé sur la patinoire pour relever les grands défis défensifs et offensifs, McDonagh est devenu le défenseur de soutien de Victor Hedman qui le devance sur le flanc gauche de la brigade du Lightning.

 

Un rôle pas évident.

 

Même que de nombreux observateurs, sans aller jusqu’à condamner la transaction concoctée par Steve Yzerman, se demandaient si la possible bataille interne opposant McDonagh et Hedman pour obtenir leur temps d’utilisation habituel n’apporterait pas plus de problèmes que de solutions.

 

C’est le contraire qui est arrivé. Tout le contraire comme l’assure l’entraîneur associé Rick Bowness qui se souvient avoir célébré l’annonce de l’arrivée imminente de McDonagh au sein de son groupe de défenseurs.

 

« L’union fait la force et ce ne pourrait pas être plus vrai dans le cas de Victor et de Ryan », a indiqué Bowness croisé dans le vestiaire du Lightning après l’entraînement de vendredi dernier.

 

« Victor demeure le numéro un du club. Il joue un peu plus que Ryan en fait de minutes d’utilisation parce qu’il a la force et l’endurance pour effectuer des présences plus longues. Il joue aussi un peu plus parce que Ryan a perdu ses minutes en avantage numérique. C’est en fait la seule différence avec ce qu’il avait à New York. Le fait d’avoir Victor qui est l’un des meilleurs défenseurs offensifs de la LNH, le fait d’avoir Stamkos à la pointe sur notre premier avantage numérique et le fait que nous ayons autant d’effectifs offensifs capables d’aller en attaque massive m’obligent à retirer ce " bonbon " à Ryan », conviens Bowness qui a toutefois d’autres " bonbons " à offrir à son nouveau défenseur.

 

« Ce que Ryan perd en attaque, il le regagne en défense. Il est notre pilier en désavantage numérique et c’est vers lui que je me tourne pour remplir les plus gros mandats défensifs. Quand je te dis que l’union fait la force, c’est de ça que je veux parler. Ryan est tellement efficace en défense et dans toutes les facettes du jeu que ça libère un peu Victor qui est ensuite en mesure d’avoir plus de punch au niveau offensif. L’acquisition de Ryan a été un très grand coup pour nous. Une très belle prise », a insisté Bowness.

 

Questionnés sur le partage des minutes qu’ils sont maintenant obligés de faire, McDonagh comme Hedman semblent l’apprécier.

 

« Victor est impressionnant. Il est tellement bon que je me concentre bien plus sur les choses que je peux apprendre de lui que sur les minutes que j’ai perdues parce que je joue derrière lui. Nous ne sommes pas en compétition. Nous tentons chacun à notre façon d’aider une équipe solide, qui a déjà connu beaucoup de succès, à en connaître davantage maintenant que nous sommes en séries », a indiqué McDonagh.

 

« C’est formidable de profiter de l’appui d’un gars comme lui. Il fait de notre défense une bien meilleure unité. Il fait de notre équipe une bien meilleure équipe. Il s’est très bien intégré au groupe et il nous oblige tous à être bien meilleurs », a ajouté le grand défenseur suédois qui est au plus fort de la course pour obtenir le trophée Norris cette année.

 

Après les deux premiers duels contre Jersey, McDonagh revendique trois passes. Hedman est toujours en quête d’un premier point. McDonagh mène aussi au chapitre des tirs bloqués (cinq vs trois) et il a effectué une présence de plus (62) que son partenaire (61). Mais Hedman affiche une utilisation moyenne de deux minutes et des poussières plus longues (25 :37 vs 23 :30) que McDonagh.

 

En plus d’offrir au Lightning la présence de deux défenseurs numéro un sur leur flanc gauche, le brio d’Hedman et McDonagh permet à des défenseurs moins flamboyants comme Dan Girardi et Anton Stralman de se tirer d’affaire au sein des premier et deuxième duos, alors que Brayden Coburn et Mikhail Sergachev se tirent très bien d’affaire au sein du troisième.

 

Ryan McDonagh reconnaît qu’il est très heureux de se retrouver en séries. Maintenant que toute l’attention sur le hockey et qu’il se sent dans la meilleure forme qu’il ne l’a été cette saison, il est en mesure de balayer du revers de la main les contrecoups d’une transaction qui n’a pas été facile à encaisser.

 

« La transaction et les jours qui ont mené à mon départ de New York n’ont pas évidents. Surtout qu’en plus d’être mêlé à toutes sortes de rumeurs, j’étais blessé à une main. Je ne pouvais pas jouer. Je suis donc arrivé ici sans être capable de sauter sur la glace et d’y rejoindre les gars pour démontrer que je voulais être un membre à part entière de l’équipe », m’a expliqué McDonagh rencontré à Tampa Bay la semaine dernière.

 

« Les systèmes de jeu sont similaires d’une équipe à une autre. Mais les petits détails qui sont différents dans les habitudes des coachs, dans la manière de jouer de tes nouveaux partenaires nécessitent que tu joues passent du temps sur la glace à l’entraînement, mais aussi lors de partie pour tout apprivoiser. Quand j’ai enfin pu rejoindre les gars sur la glace, j’avais beaucoup de retard à combler. Je te dirais qu’il m’a fallu toute la fin de saison pour vraiment comprendre tout ce que j’avais à comprendre. Je suis maintenant prêt physiquement, mentalement et surtout au chapitre de la confiance à affronter les défis qui nous attendent dans cette série et les autres que viendront ensuite je l’espère. »

 

Lorsque le Lightning a acquis McDonagh et J.T. Miller en retour de Vladislav Namestnikov, deux prospects et du choix de première ronde l’été prochain, le directeur général Steve Yzerman a été couvert d’éloges. Il venait de mettre la main sur un défenseur de premier plan qui allait faire de sa brigade défensive déjà étanche, une brigade pratiquement impénétrable comptant en plus sur l’un des meilleurs gardiens de la LNH cette saison en Andreï Vasilevskiy.

 

Parallèlement à McDonagh, il a mis la main sur un ailier gauche qui s’est trouvé une niche au sein du premier trio, rien de moins, à la gauche de Steven Stamkos et Nikita Kucherov.

 

Auteur de 13 buts et 40 points en 63 matchs de saison régulière avec les Rangers, Miller a marqué 10 buts et ajouté huit passes en 19 rencontres après son arrivée à Tampa. Ce soir au New Jersey, il tentera d’ajouter des points à sa récolte d’une passe en deux rencontres.

 

Il faudra bien sûr des années avant de savoir qui du Lightning ou des Rangers sortiront gagnant de cette transaction. En fait non! Si Tampa soulève la coupe Stanley à sa deuxième présence en grande finale en quatre ans, Yzerman aura immédiatement eu raison de donner ce qu’il a donné pour mettre la main sur McDonagh et Miller.

 

Dans le camp des Rangers, Jeff Gorton a certainement acquis un jeune attaquant de premier plan en Vladislav Nemestnikov. Le centre de 25 ans que le Lightning a repêché en première ronde – 27e sélection – en 2011 affichait 20 buts et 44 points en 62 matchs le jour de la transaction le 26 février dernier. Il a ensuite ajouté deux buts et deux passes en 19 rencontres avec New York.

 

Les Rangers devront attendre le développement de l’attaquant Brett Howden – le choix de première ronde (27e sélection) en 2016 a marqué 24 buts et récolté 75 points à Moose Jaw dans la Ligue de l’Ouest – du défenseur Libor Hajek – le choix de 2e ronde en 2016 a marqué quatre buts et récolté 14 points à Regina dans la Ligue de l’Ouest – et bien sûr du premier choix acquis en plus de Namestnikov avant de conclure s’ils ont, ou non, effectué une bonne transaction. Sans oublier qu’ils ont obtenu un choix conditionnel de deuxième ronde en 2019 qui deviendra un choix de première ronde si le Lightning gagne la coupe Stanley ce printemps ou l’an prochain.